Échec massif au Bac, nombre élevé de lauréats à Siguiri … Mamady Sidiki Camara à Guineematin

Les résultats des examens nationaux, session 2019, ont été jugés catastrophiques par de nombreux observateurs au regard du faible taux d’admis. Une situation qui préoccupe plus d’un en Guinée. Au moment où l’heure est au bilan, un reporter de Guineematin.com s’est entretenu avec Mamady Sidiki Camara, responsable du service Communication et Relations Publiques du Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation (MENA). Il a été question entre autres, de ces résultats catastrophiques, des mesures à prendre pour inverser cette tendance, des résultats du recensement des enseignants…

Guineematin.com : quel bilan peut-on tirer de l’année académique 2018-2019 ?

Mamady Sidiki Camara : pour nous, au ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation, le bilan de l’année scolaire 2018-2019 est positif. Le bilan est positif dans la mesure où toute année scolaire, dans les conditions normales, doit être sanctionnée par des évaluations nationales qui, cette année, nous avons pu organiser dans les conditions régulières en dépit des troubles que l’école a connus au début de l’année. Donc, en dépit des trois mois de grève, pour nous, nous avons pu remettre les choses sur les rails.

Les enseignants ont dispensé les cours, les élèves ont reçu les cours et le département a été capable d’organiser dans les conditions normales les différentes évaluations nationales, notamment l’examen du Certificat de fin d’Etudes Élémentaires (CEE), le Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC) et le Baccalauréat Unique. A ce jour, les résultats sont proclamés. Nous pouvons donc, de notre part, dire que l’année scolaire a eu un bilan positif.

Guineematin.com : pourtant, on sait que les résultats des examens nationaux de cette année ont été jugés catastrophiques. Qu’est-ce qui est à la base de ce faible taux d’admission ?  

Mamady Sidiki Camara : oui, quand je dis bilan positif, je voulais tout de suite expliquer, c’est par rapport au déroulement… Certains pensaient déjà que l’année allait être une année blanche ou alors qu’elle allait être une année incomplète. Mais, du fait encore une fois que nous ayons pu organiser les examens, de ce côté-là, nous nous réjouissons. Mais par rapport aux résultats, je pense que le résultat ne réjouit personne, à commencer par le département. Le résultat, certes, est qualifié de faible. Quand on parle de 24, 38% pour une année scolaire, je pense qu’il y a assez d’efforts à fournir.

Mais, nous voyons toute cette situation sous deux facettes. D’abord, le département est tranquille du fait qu’il ait eu le courage de proclamer les résultats qui ne reflètent que la valeur intrinsèque des candidats. Ça, c’était un devoir qu’il fallait absolument accomplir. Nous avons eu ce courage, nous avons estimé qu’il faut mettre aux yeux de la nation ce qui reflète l’école guinéenne, la valeur des travaux des élèves et des candidats. Donc, de ce côté-là, nous pensons avoir faire notre devoir. Mais de l’autre côté, en voyant le pourcentage par rapport à d’autres années ou par rapport à d’autre pays, nous estimons que c’est résultat qui interpelle.

Nous, ça ne nous fait pas la fierté, parce que nous, notre souhait serait que ce résultat soit fortement amélioré. Mais pour nous, ces résultats doivent être améliorés dans les conditions régulières. Il faut dans ce cas que ce soit des résultats qui reflètent effectivement la valeur des candidats. Et pour cela, je pense qu’à tous les niveaux, nous sommes interpellés : nous département, mais aussi d’autres acteurs qui sont impliqués dans la gestion des examens non seulement, mais de toute l’éducation en général. Chacun de son côté doit pouvoir jouer son rôle, doit pouvoir tirer les leçons de ces résultats pour que les années qui suivront puissent être meilleures par rapports aux années précédentes.

Guineematin.com : en plus du faible taux de réussite, l’autre fait qui a attiré les attentions après la publications des résultats du Bac, c’est la fait qu’un grand nombre de lauréats vient de la préfecture de Siguiri. On a entendu même Aboubacar Soumah du SLECG parler d’un résultat purement politique parce que Siguiri est un bastion du parti au pouvoir. Qu’en dites-vous ?

Mamady Sidiki CAMARA : c’est ridicule. Parce que Siguiri… je n’aurais pas aimé parler politique parce que nous à l’éducation, nous n’avons jamais parlé de politique. Mais, je suis obligé d’en parler à travers cette question, parce qu’effectivement, il l’a dit et je l’ai entendu dans la presse. Mais, je voudrais vous poser la question et ceux-là qui nous suivent dans cet entretien, est-ce que Siguiri est aussi pour le pouvoir puisque Kouroussa, plus que d’autres préfectures de la région ? C’est très dommage qu’on se retrouve sur un terrain de ce genre, je pense que c’est assez faible.

Quand on parle de l’éducation, on doit faire des efforts pour épargner la politique de l’éducation. Nous avons tout fait, ça a été notre cheval de bataille et ça demeure. Nous n’avons jamais voulu que la politique prime ou alors même soit introduite dans le système éducatif. Le jour où cela se fera, le système sera complètement anéanti. Donc, dire que Siguiri a fait le plus grand nombre de lauréats, parce que Siguiri était le bastion ou Siguiri est favorable au pouvoir alors que Kouroussa a fait 1% et quelques d’admis, c’est incompréhensible. Parce que Kouroussa est, à mon avis, pour le pouvoir plus que Siguiri.

Kouroussa, c’est la ville qui a vu naitre le président de la République. Même si la densité peut être supposée faible en matière de population par rapport à Siguiri, mais la détermination et la hargne, nous l’avons constaté à travers les différentes campagnes. Siguiri et Kouroussa et bien d’autres régions de la Haute Guinée, même de la moyenne Guinée, peuvent se retrouver. Donc, moi je pense que c’est des allégations qui prouvent encore une fois que l’auteur de ces affirmations ne repose pas ces affirmations sur des preuves vraiment responsables.

Quand vous fouillez dans ces mêmes résultats, vous trouverez ailleurs où le pouvoir est censé ne pas être aussi à la une, comme Siguiri, mais le pourcentage est plutôt acceptable. Donc, parler de Siguiri qui a fait le plus grand pourcentage, approchez Kouroussa par exemple à côté de Siguiri qui n’a même pas eu de 2%, moi je pense que cela suffit largement pour répondre à des allégations de ce genre qui ne reposent franchement pas sur des preuves convaincantes.    

Guineematin.com : il y a aujourd’hui des divergences entre Aboubacar Soumah du SLECG et la commission en charge du recensement des enseignants. Est-ce que le département craint une éventuelle grève aujourd’hui en Guinée ?

Mamady Sidiki Camara : pour ce qui concerne le recensement, vous comprendrez que c’est une commission, même si le département, nous sommes la tutelle, c’est une réalité, il y a toute une commission qui avait été constituée pour procéder à ce recensement, y compris les éléments, les partenaires sociaux appartenant à ce SLECG. Moi-même qui vous parle, et mon ministre, c’est un membre du SLECG qui m’a recensé dans mon bureau, qui est venu me trouver avec mes collègues de travail et nous avons été recensés par un membre du SLECG. Donc, je suppose que ce syndicat a pris part entière à ce recensement. Revenir contester le même travail qu’on a fait soi-même, moi je voulais vous laisser le choix, à ceux qui nous suivent et à vous-même, d’en juger.

Ce que je sais, c’est qu’une commission a été mise sur place sous exigence du syndicat dans l’esprit de la paix et la concorde sociale. Le gouvernement a dû accepter toutes les conditions et créer même le maximum de ces conditions pour que ce recensement se passe dans les conditions normales. Si les résultats sortent et que cela fasse encore les disputes entre les membres de la même équipe, je crois je n’ai pas la compétence nécessaire pour en juger. Mais, je laisse l’opinion voir, qu’on puisse faire un travail soi-même et qu’on revienne pour contredire les résultats de ce travail, je laisse tout le monde en juger.

Guineematin.com : c’est pour quand la rentrée scolaire 2019-2020 ?

Mamady Sidiki Camara : pour ce qui est de la rentrée scolaire, vous savez que souvent il y a une commission qui est constituée et qui essaye de travailler là-dessus. Parce que, nous pouvons vouloir institutionnaliser une date, mais il y a que des événements qui interviennent pour la plupart des cas. Je prends l’exemple sur l’année dernière, où nous avons vu certaines contraintes. Cette commission s’est vue dans l’obligation de décider de ramener en octobre alors qu’on avait parlé déjà du 15 septembre. On était obligés de ramener au mois d’octobre. Je pense qu’il faut donner le temps à cette commission.

Du moment où les résultats sont proclamés, nous avons commencé les vacances. Au niveau du département, il y aura effectivement une rencontre et c’est à l’issue de cette rencontre-là qu’une date sera  décidée. Si c’est l’ancienne date qui sera reconduite, ça sera fait. S’il y a d’autres raisons qui pourront expliquer le changement de date, il reviendra à la compétence de cette commission mise en place pour décider et la date ne tardera pas à être mise à la disposition de l’opinion nationale parce que les élèves et les enseignants en ont besoin.

Propos recueillis par Ibrahima Sory Diallo et décryptés par Mohamed DORE pour Guineematin.com

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