Contrôle judiciaire de Diallo Souleymane et Aboubacr : la mesure levée

C’est une victoire des médias privés guinéens face à une tentative de musellement de la presse en République de Guinée. Après la protestation organisée hier, lundi 26 août 2019, à la HAC (Haute Autorité de la Communication), le régime Alpha Condé vient de se rétracter en levant la mesure du contrôle judiciaire des dirigeants du groupe Lynx-lance, a appris Guineematin.com de bonne source.

Ainsi, les deux dirigeants du groupe de presse n’ont plus à défiler chez le juge d’instruction pour pointer leur présence période. Mais, les poursuites judiciaires à leur encontre ont-elles également été abandonnées ? C’est la grosse question du moment…

Le régime Condé poursuivait le doyen Diallo Souleymane, patron du groupe de presse Lynx-Lance, et Abou Bakr, Directeur Général de la radio Lynx Fm, à cause du passage de madame Sano Doussou Condé, ancienne militante du RPG et qui s’oppose ouvertement à la gouvernance Alpha Condé. Ces derniers temps, cette militante de première heure du RPG, qui vit aux Etats-Unis, ne cesse de dénoncer les innombrables détournements des deniers publics par les nouveaux maîtres de la Guinée.

Dans un premier temps, il se disait que c’est à cause d’une des dernières sorties de cette ancienne proche du professeur Alpha Condé que la justice a été saisie par le ministre de la Défense qui se serait senti attaqué. Mais, aussi paradoxal que cela puisse paraître, on apprend que le Docteur Mohamed Diané n’est pas du tout le plaignant dans cette affaire.

Ainsi, au moment où le contrôle judiciaire est en train d’être levé, les dirigeants du Groupe Lynx-Lance et Lynx Fm ignorent encore qui est réellement derrière la plainte à la base de leur privation de liberté de mouvement et de travail…

A rappeler que le doyen et pionnier de la liberté de la presse en Guinée, Elhadj Diallo Souleymane, a été auditionné, inculpé et mis sous contrôle judiciaire le 19 août, tandis que que le Directeur Général de sa radio (Lynx Fm), Abou Bakr, a été placé sous contrôle judiciaire le mercredi qui a suivi, 21 août 2019. C’est à partir de cette date que le co-animateur de l’émission Œil de Lynx (l’émission phare de la radio co-animée avec Azoca Bah) a également été interdit d’exercer son travail et de sortir de la ville de Conakry !

Comme on le sait, dans sa volonté de s’accrocher au pouvoir après la fin de son deuxième et dernier mandat légal, le président Alpha Condé veut changer la Constitution guinéenne. Ayant déjà réussi à réduire au silence les partis politiques et la société civile avec le refus systématique de toute manifestation de protestation et surtout la mise en place des PA militaires dans certains quartiers de la capitale, le régime Condé cherche aujourd’hui à faire taire les médias privés qui restent pour le moment le dernier rempart de cette démocratie chancelante, qu’on croyait définitivement acquise après de rudes épreuves sous le règne des militaires. Pour ce faire, le régime utilise des magistrats qui refusent de juger les délits de presse sous le régime de la Loi spécialement adoptée à cet effet (la Loi L002 portant Liberté de la presse et qui dépénalise les délits de presse) au profit d’une autre qui est censée gérer le cyber espace (Loi ordinaire 037), votée mécaniquement le 02 juin 2016 par des députés (de toutes les obédiences politiques) qui n’ont pas tenu compte des observations des journalistes et des ONG nationales et internationales sur les pièges qu’elle comportait. L’une des incongruités de cette loi est le fait de mentionner qu’elle est applicable à TOUS ! Ce qui permet à certains magistrats de faire l’amalgame, en écartant la Loi Organique spéciale L002 quand ils sont saisis d’un délit de presse…

A suivre !

Nouhou Baldé pour Guineematin.com

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