Fièvre aphteuse, manque d’eau, vol de bétail : le secteur de l’élevage menacé à Koumbia

Idrissa Diallo, membre de l’Union des jeunes éleveurs de Koumbia et membre de la coordination des éleveurs de la préfecture de Gaoual
Idrissa Diallo, membre de l’Union des jeunes éleveurs de Koumbia et membre de la coordination des éleveurs de la préfecture de Gaoual

La commune rurale de Koumbia, située dans la préfecture de Gaoual, est une zone agropastorale par excellence. Berceau de la race Ndama, elle dispose du 8ème du cheptel national, se classant ainsi en tête des communes réputées favorables à la pratique de l’élevage en Guinée. Mais depuis quelques années, ce secteur est confronté à plusieurs problèmes qui le menacent sérieusement. L’un des acteurs du secteur a expliqué ces difficultés à un journaliste de Guineematin.com qui s’est rendu sur place.

Idrissa Diallo, membre de l’Union des jeunes éleveurs de Koumbia et membre de la coordination des éleveurs de la préfecture de Gaoual
Idrissa Diallo, membre de l’Union des jeunes éleveurs de Koumbia et membre de la coordination des éleveurs de la préfecture de Gaoual

Idrissa Diallo, un des responsables de l’union des jeunes éleveurs de Koumbia et membre de la coordination des éleveurs de la préfecture de Gaoual, connaît bien ce secteur. Rencontré au milieu de son troupeau, campé à quelques 5 km du chef-lieu de la sous-préfecture, le jeune éleveur explique que les problèmes entre agriculteurs et éleveurs persistent dans la localité. Et cela, malgré les dispositions prises pour y mettre fin.

« Cette zone (le campement des éleveurs) est la 2ème du genre à Koumbia. Elle s’étend sur un périmètre estimé à près de 10 mille hectares. Nous nous sommes entendus : agriculteurs et éleveurs, appuyés par les autorités locales, que cette zone est réservée à l’élevage et ne doit pas être occupé par les planteurs. Mais malgré tout cela, certains agriculteurs s’entêtent et mettent en pleine prairie des champs isolés non clôturés. D’autres encore essaient de revendre les domaines. Certains encore tentent de faire des plantations. Ce qui occasionne souvent des accros puisque facilement les troupeaux peuvent passer par là sans la volonté du bouvier », soutient-il.

Mais, ce problème entre agriculteurs et éleveurs est moins complexe par rapport à d’autres que rencontrent les acteurs du secteur de l’élevage à Koumbia. « Cette année, nous avons enregistré une maladie qui a fatigué notre bétail. Tu peux voir un taureau de 5 ans, 6 ans, voire plus tomber banalement et mourir de la fièvre aphteuse. Nous avons perdu assez de têtes cette année à cause de cette maladie. D’autres vaches en état n’ont pas pu arriver à terme. Heureusement, vers la fin de la saison, nous avons obtenu des produits pour lutter contre cette dangereuse fièvre », explique Idrissa Diallo.

Il ajoute que « l’un des problèmes les plus graves que nous avons ici c’est le manque d’eau. Ici sur cette zone, il y a plus de 2000 têtes de bœufs. Nous sommes au moins 15 à 20 éleveurs à camper dans la zone depuis plusieurs dizaines d’années. Il y a beaucoup de cours d’eau et de sources d’eau. Mais ces 5 dernières années, les points d’eau sont devenus rares. Pendant la saison sèche, entre mars et juin, nos bœufs, à la recherche d’eau, meurent parfois de soif. D’autres, toujours à la recherche d’eau, tombent et meurent isolés sur les anciens sites où ils avaient l’habitude de trouver de l’eau ».

Autre souci évoqué par le jeune éleveur, c’est le sempiternel problème vol de bétail. « Les gens nous fatiguent ici. Je veux dire les voleurs. Les voleurs ont souvent des complices masqués. S’ils volent, il est difficile de les dénicher, si tu réussis à le faire, ils passent par les mailles de la justice. Nous voulons que cela cesse. Que les éleveurs et leur bétail soient bien sécurisés. Cela va dans l’intérêt de chacun de nous. D’ailleurs à cause des nombreux problèmes que je viens de citer ici, surtout le manque d’eau et le vol de bétail, beaucoup de nos parents ont traversé la frontière du côté de la Guinée Bissau.

Nous aimons bien notre pays, c’est pourquoi nous lançons ce cri d’alarme afin que l’Etat nous vienne en aide en solutionnant ces différentes difficultés auxquelles nous sommes confrontés au quotidien ici. Je précise que notre secteur contribue énormément au développement du pays », a dit monsieur Diallo.

La preuve, dit-il, grâce à cette activité, au moins 5 à 6 camions remorques, remplis de bœufs, quittent cette localité chaque lundi en direction de Conakry. Sans compter le lait et ses produits dérivés qui sont également vendus dans la capitale guinéenne.

« C’est grâce à cette activité que nous parvenons à faire vivre nos familles, nous envoyons nos enfants à l’école, et en cas de maladie, nous les soignons. Nous contribuons efficacement au progrès économique du pays, à travers l’élevage. Nous voulons que ce secteur soit protégé et développé par l’Etat pour le bien de tout le monde », a conclu notre interlocuteur.

De retour de Koumbia, Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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