Conakry : sevrées de moyens financiers, les mairies s’unissent pour ne pas périr

Mamadou Samba Diallo, maire de la commune de Dixinn

Devant l’absence de moyens financiers à laquelle ils sont confrontés, les maires des cinq communes de Conakry décident d’unir leurs forces. C’est dans cette dynamique qu’ils se sont retrouvés ce jeudi 5 septembre 2019, à la mairie de Kaloum pour se pencher sur leur situation et envisager une série de rencontres avec les autorités.

Après un huit clos de plusieurs heures, c’est Mamadou Samba Diallo, maire de la commune de Dixinn, qui a fait le compte-rendu de la rencontre aux médias.

Vous venez de sortir d’une réunion avec vos autres collègues maires de Conakry. De quoi a-t-il été question ?

Mamadou Samba Diallo : il a été question d’une rencontre de concertation entre les maires de la ville de Conakry. Nous avons échangé par rapport aux préoccupations communes. Nous nous sommes tracés une ligne de conduite pour aller vers les autorités, avec une correspondance, de plaidoyer bien-sûr, pour leur rappeler ce qu’ils doivent faire. Nous voulons harmoniser nos efforts de revendication. Nous sommes en train de faire les correspondances. Nous allons commencer par le gouvernorat à partir de lundi, ensuite remonter vers les départements ministériels. Nous aurons le département chargé de l’administration, ensuite le département du budget, nous aurons la Primature. Si toute fois nous n’avons pas une solution, nous demanderons une audience devant le Chef de l’Etat.

Quelles sont ces préoccupations que vous avez soulevées ?

Mamadou Samba Diallo : les préoccupations que nous avons, c’est que nous avons pris des engagements vis-à-vis des populations, que nous devons honorer. Mais, un engagement ne peut pas être honoré sans moyens. Comme vous le savez, la décentralisation s’arrache, elle ne se donne pas. Donc, il faut pouvoir te lever, réclamer ce qui te reviens en matière de collectivité. C’est de ça qu’on a parlé. Et, nous allons harmoniser nos efforts et aller vers qui de droit.

Pourquoi c’est maintenant que vous décidez enfin d’harmoniser vos efforts ?

Mamadou Samba Diallo : nous avons attendu dans l’espoir que l’autorité de tutelle ou les autorités supérieures allaient rapidement se rappeler de nous. Parce qu’elles nous avaient promis, nous n’avons pas voulu nous lever et aller les déranger. C’est parce que ça risque de prendre un retard que nous avons décidé d’aller.

Il y avait une mésentente entre vous et l’ancienne direction de l’Office Guinéen de Publicité (OGP) qui portait sur les taxes publicitaires. Quels sont à ce jour vos rapports avec la nouvelle direction de l’OGP ? Et comment vous gérez les taxes publicitaires ?

Mamadou Samba Diallo : bon, nous avons envisagé d’organiser une offensive vers tous ceux-là, que ça soit un département ou une direction nationale, de tous ceux qui restent devoir aux communes. D’abord avec l’OGP, je vous apporte une précision. L’OGP ne nous paie pas les taxes publicitaires, elle paie les taxes d’occupation. Mais, nous devons remonter les discussions avec eux, cela en partant des taxes. Il faut qu’ils nous payent tout ce qu’ils nous doivent. Donc, nous avons envisagé une offensive vers tous ceux qui nous doivent, ce n’est pas seulement l’OGP. Il y en a beaucoup d’autres.

L’OGP vous doit combien ?

Mamadou Samba Diallo : nous n’avons même pas la fourchette. Donc, tout est géré à leur niveau. Le recensement se fait par- là, mais comment ils paient ? Nous ne savons pas. Et maintenant, nous sommes obligés d’aller vers eux pour savoir qu’est-ce qui nous revient, quel est le partage, quel est le contenu de l’assiette fiscale.

Récemment, le gouverneur de la ville de Conakry a décidé de rétrocéder la gestion des marchés aux différentes communes. Ça a suscité le tollé au marché de Sonfonia, suite à la destitution de l’administratrice de ce marché. Dites-nous, au niveau de la commune de Dixinn, comment ça se passe ? Quels sont vos rapports avec les différents administrateurs des marchés ?

Mamadou Samba Diallo : je vous dirai que la commune de Dixinn est la plus pauvre en matière de ressources. Elle n’a qu’un seul marché. Et ça aussi, c’est un marché en miniature, c’est un marché de femmes. C’est-à-dire le marché de Kénien, là où les femmes partent s’approvisionner en poissons. Donc, la commune de Dixinn est l’une des plus pauvres de la région de Conakry. Donc, nous n’avons pratiquement pas de problèmes avec l’administrateur. Dès notre sortie de rencontre avec le gouverneur, je lui ai fait appel, il est venu. Je lui ai dit que j’ai tracé une ligne de conduite, je ne viens pas pour chasser quelqu’un, chacun se fera maintenir ou se fera partir. Dans le sens d’améliorer les recettes et d’accompagner la commune dans son projet de développement, tu deviens un partenaire privilégié. Mais, quand tu fais le contraire, tu verras ça aussi devant toi. Et, il a pris l’engagement qu’il va travailler de façon honorable. Bon, peu importe pour moi de changer ou de maintenir, si tu travailles dans l’intérêt de la commune, je n’ai pas besoin de savoir de quel bord tu es. J’ai besoin de savoir qu’est-ce que tu fais en matière de rentabilité.

Nous vous savons très ingénieux pour avoir été président de la délégation spéciale de Dixinn. Aujourd’hui, comment vous faites pour procéder à la mobilisation des différentes recettes à Dixinn ?

Mamadou Samba Diallo : pratiquement, quand j’étais président de la délégation spéciale, j’ai eu à faire des réalisations. Mais, depuis que nous sommes revenus, nous ne nous contentons que de faire des sensibilisations au niveau des populations notamment en matière de ramassage des ordures. Parce que nous n’avons rien à notre porté. Mais, les petites réalisations que vous avez vues quand j’étais président de délégation spéciale, en ce moment, il y avait de petites rétrocessions qui venaient. Ces rétrocessions qui tombaient étaient automatiquement orientées vers la réalisation de certains besoins de la population, notamment en matière de forages, etc. Mais, pour cette fois-ci, on n’a rien reçu. Voilà pourquoi nous nous sommes dit qu’on doit se lever. On doit se lever parce que demain la population nous demandera des comptes.

Propos recueillis par Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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