Éboulement mortel à Kankan : la mine était interdite d’accès

Comme annoncé précédemment, un éboulement a coûté la vie à au moins 6 personnes à l’aube de ce vendredi, 06 septembre 2019, à Kankan. Le drame a fait également deux blessés graves. Toutes les victimes sont des femmes. Elles se cachaient pour travailler dans la mine d’or de Kankan-Koura qui était interdite d’accès, rapporte le correspondant de Guineematin.com sur place.

Selon nos informations, ces dames ont quitté leurs maisons à 4 heures du matin pour aller dans cette mine à la recherche de l’or. Pendant qu’elles étaient dans le trou, un éboulement s’est produit. Les secouristes qui sont arrivés sur les lieux ont retrouvé six corps sans vie et deux blessés graves. Mais, selon le maire de la commune urbaine de Kankan, Mory Kolofon Diakité, on ne sait pas encore si ce sont les seules victimes de ce drame.

Mory Kolofon Diakité, maire de la commune urbaine de Kankan

« Nous avons trouvé 16 paires de chaussures sur les lieux du drame, ce n’est pas évident que toutes ces 16 personnes soient mortes. Mais, 6 corps sans vie ont été retrouvés et on les a remis au chef de quartier et à la communauté de Kankan-Koura. On a mis des moyens à leur disposition pour s’occuper des corps. On doit remonter l’information, il ne faudrait pas que les gens viennent transformer une carrière en une mine. Il y a des mesures de sécurité dans les mines, mais ici c’est une carrière, donc il n’y a pas de mesures de sécurité », a dit l’autorité locale.

Si ces dames ont choisi cette heure aussi matinale pour se rendre sur les lieux, c’est parce qu’elles ne veulent pas aperçues par quelqu’un. Car cette mine, découverte il y a un an à Kankan-Koura, est interdite d’exploitation en raison des risques qu’elle représente. Depuis cette interdiction, l’officier de police judiciaire Daniel Faya Kamano et ses collègues conservateurs de la nature mènent des patrouilles régulièrement dans la zone, mais ils n’ont malheureusement pas réussi à éviter ce drame.

Daniel Faya Kamano, conservateur de la nature et officier de la police judiciaire

« C’est une situation très déplorable. Nous avons un personnel suffisant qui roule ici pendant toute la journée pour chasser les femmes. On nous a d’abord fait croire que c’est pour extraire du gravier qu’elles viennent ici, parce que ce sont généralement des femmes qui ont perdu leurs maris. Mais, quand on a su ce qu’elles faisaient ici réellement, on a engagé des patrouilles, mais on n’a jamais pris quelqu’un ici. Parce qu’elles viennent tard la nuit pour creuser », a expliqué l’agent.

Toumay Diallo, président de la jeunesse de Kankan-Koura

Toumay Diallo, président de la jeunesse de Kankan-Koura, lui aussi, dit avoir tenté à plusieurs reprises de dissuader les femmes qui se cachent pour travailler nuitamment dans cette mine, mais en vain. « Moi, je venais souvent ici la nuit. Je venais parfois à 1 heure ou à 2 heures du matin pour dire aux femmes de quitter les lieux, elles me disaient qu’elles n’allaient plus revenir ici. Mais bon, c’est la volonté du Tout Puissant. Les hommes ne venaient pas ici. C’est une seule fois que j’ai vu des hommes ici, et depuis que je leur ai parlé ils ne sont plus revenus », soutient le jeune homme.

Les six victimes de cet éboulement, le premier du genre dans cette mine, ont été inhumées dans l’après-midi de ce vendredi. De leur côté, les deux blessées reçoivent des soins à l’hôpital régional de Kankan.

De Kankan, Abdoulaye N’koya Sylla pour Guineematin.com

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