Changement de constitution : les deux raisons pour dire non, selon Lansana Kouyaté

Lansana Kouyaté, président du PEDN
Lansana Kouyaté, président du PEDN

Invité de l’émission « Les Grandes Gueules » de la radio Espace, l’opposant guinéen Lansana Kouyaté s’est exprimé ce lundi, 09 septembre 2019, sur le débat autour du changement de l’actuelle constitution voulu par le pouvoir. Le président du Parti de l’Espoir pour le Développement National (PEDN) a donné les raisons pour lesquelles il est opposé à ce projet d’Alpha Condé et son gouvernement, a appris Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Lansana Kouyaté a tout d’abord, reconnu que l’amendement d’une constitution n’est pas mauvais en soit. Mais pour lui, cela n’est pas opportun et n’est même pas possible aujourd’hui en Guinée. Et cela, dit-il, pour deux raisons : « la première raison, c’est qu’en prenant l’historique de la constitution en place, ce sont les forces vives : partis politiques, syndicats, société civile et autres, qui avaient décidé de ne pas aller aux élections de 2010 avant d’installer un conseil national de transition. Ce conseil a été installé, les forces vives ont demandé à ce qu’il adopte une nouvelle constitution, et cette constitution a été effectivement adoptée.

Le point de départ a été les négociations de Ouagadougou, mais ça a continué sur le terrain. On s’est réunis au siège du FUDEC, je me rappelle que ce jour-là tout le monde était présent, parce qu’on n’était pas encore allé au premier tour de l’élection présidentielle. Après l’adoption de la constitution, il a été dit que quiconque est élu président parmi nous, avait pour charge, 6 mois au plus tard après son installation, de soumettre cette constitution adoptée par le CNT au verdict du peuple. Cela n’a pas été fait. Et c’est à une année et quelques mois de la fin du second mandat du président qu’on fait ça ? Excusez-moi de l’expression mais je trouve cette démarche opportuniste, dangereusement opportuniste. Ça, c’est la première raison.

La deuxième raison est tout aussi simple. Une constitution peut être amendée, mais nous nous sommes dans une période critique. On est rentré d’abord dans la démocratie par effraction. Les premiers pas du président élu, ça a été de dissoudre les conseils communaux pour les remplacer par des délégations spéciales. Et, la loi qui indique la procédure d’enclenchement des délégations spéciales n’a pas été respectée. Donc, il ne faut pas qu’on continue à aller de l’inutile à l’inutile. Ce qu’on est en train de faire n’est pas sérieux par rapport aux engagements d’un peuple et surtout d’une élite par rapport à son progrès non seulement institutionnel mais économique, culturel et social », a dit l’opposant.

En ce qui concerne les consultations sur ce sujet annoncées par le président Alpha Condé lors de sa dernière adresse à la national, le président du PEDN a laissé entendre qu’il partage la position du FNDC dont son parti est membre. C’est-à-dire qu’il ne prendra part à ce débat que le Premier ministre est chargé de conduire. Et, si le pouvoir s’entête à vouloir faire passer par quelque moyen que ce soit son projet de nouvelle constitution, Lansana Kouya redoute les conséquences que cela pourrait engendrer.

« Tout guinéen aurait souhaité que ce pays reste en paix. A côté de nous, partout les pays ont été troublés, il y a même des pays qui ont perdu une partie de leur territoire. Ce qui a amené à des guerres sanglantes et fratricides, on ne souhaite pas que cela arrive à notre pays. Mais, quand le viol des lois s’installe, quand on ne respecte plus les paroles données et surtout on n’accepte plus ce que la loi prévoit, alors on ouvre la porte ces menaces-là », a dit l’ancien Premier ministre guinéen.

Alpha Fafaya Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628124362

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