Manque de peaux, d’une tannerie et d’un centre artisanal… la galère des cordonniers de Conakry

La cordonnerie est une activité pratiquée par de nombreux guinéens qui cherchent à joindre les deux bouts dans une conjoncture de plus en plus compliquée. Les cordonniers de Conakry, regroupés au sein de l’Union Nationale des Professionnels des Peaux de Cuir de Guinée, se disent aujourd’hui confrontés à d’énormes difficultés, notamment le manque de peaux pour la fabrication des articles et celui d’un centre artisanal.

L’annonce en a été faite par Mamadou Alpha Tounkara, secrétaire administratif de l’Union, dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com hier mardi, 10 septembre 2019.

La cordonnerie est pratiquée par nombre de compatriotes qui proposent divers objets aux citoyens. Selon Mamadou Alpha Tounkara, cordonnier et tanneur, qui exerce ce métier depuis son enfance, de nombreux matériaux rentrent dans la fabrication des chaussures et sacs en cuir. « Pour la fabrication de chaussures en cuir ou sacs, nous utilisons trois types de peaux d’animaux : les peaux de bœufs, de moutons et de chèvres.

Pour la confection des chaussures ou sacs en cuir, les matériels utilisés sont les cartons, les caoutchoucs, des petites pointes, des colorants que nous mettons sur la peau de cuir pour la rendre encore plus jolie. Mais avant cela, c’est ici que nous achetons les peaux à l’abattoir. Quand nous achetons ces peaux qui sont fraîches, nous les transportons à la Labé pour le tannage. Parce qu’il n’y a pas de tannerie à Conakry », a révélé monsieur Tounkara.

Pour ce qui est du prix de ces matériaux, notre interlocuteur apporte des précisions. « Le caoutchouc, nous achetons le mètre à 35.000 ou 40.000 GNF, voire au-delà. Le prix varie en fonction du temps. La peau de cuir non tannée, nous pouvons l’avoir à 7000 ou 10 000 GNF. Pour le colorant, il y a de ces boîtes qui coûtent 50.000 FG ou 25.000 GNF », dit Mamadou Alpha Tounkara.

Quant aux produits finis, leurs prix varient selon leur nature, a fait savoir le secrétaire administratif de l’Union Nationale des Professionnels des Peaux de Cuir. « Nous revendons les chaussures à 35.000 FG, 40.000 G et jusqu’au-delà, selon les qualités des chaussures. Les sacs à bureau pour homme coûtent 300.000 GNF, 400.000 GNF et 800.000 GNF. Les sacs pour femmes, c’est à 150 000 GNF et au-delà. Ça dépend de la qualité et du genre de sacs ».

En outre, Mamadou Alpha Tounkara est revenu sur les difficultés rencontrées dans l’exercice de ce métier. « Nous sommes en manque de matière première, telles que les peaux de cuir, car il y a de ces périodes, comme pendant la saison sèche, il y a le manque de cuir. C’est pendant la saison pluvieuse qu’on peut faire beaucoup de tannage de peaux pour les conserver afin de prévenir la crise.

Mais pour le faire, nous avons besoin d’un budget suffisant. Nous avons aussi besoin d’un centre artisanal où nous pouvons garder ces stocks de peaux de cuirs tanné. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Nous n’avons pas d’équipements. Tout ce que nous faisons, nous le fabriquons, nous le faisons avec la main », a-t-il laissé entendre.

Pour terminer, monsieur Tounkara demande le soutien du gouvernement pour valoriser le métier de la cordonnerie, source de revenu de nombreux compatriotes et qui participe à la réduction du chômage dans notre pays. « Nous demandons au gouvernement de nous venir en aide pour que nous ayons des fonds, pour que ce métier puisse être valorisé en Guinée et dans le reste du monde. Nous voulons qu’on construise un centre d’artisanat des cordonniers. Parce que c’est un métier qui rapporte, qui participe également au développement du pays et diminue le chômage », soutient-il.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

Facebook Comments Box