Consultations nationales : les révélations des députés de l’opposition

Les députés issus de l’opposition guinéenne ont animé un point de presse juste après le passage de la délégation du Premier ministre à l’Assemblée nationale ce jeudi, 12 septembre 2019. Ibrahima Kassory Fofana est allé rencontrer le bureau du parlement dans le cadre des consultations que le président de la République lui a demandé de mener sur le projet de changement de l’actuelle constitution. Les députés membres du groupe parlementaire Libéral Démocrate (UFDG) et ceux du groupe parlementaire Alliance républicaine (UFR) ont expliqué les raisons pour lesquelles ils ont boudé la rencontre, faisant quelques révélations, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

Dr Fodé Oussou Fofana, président du groupe parlementaire Libéral Démocrate

C’est l’honorable Dr Fodé Oussou Fofana, président du groupe parlementaire Libéral Démocrate qui a ouvert le bal. Selon lui, la réunion de ce jeudi était déjà biaisée sur la forme. « Chacun de nous a été appelé par le protocole de l’Assemblée national au téléphone. Je voudrais préciser qu’aucun groupe parlementaire n’a reçu un courrier du président de l’Assemblée nationale nous invitant à une rencontre avec le Premier ministre, chef du gouvernement. C’est le protocole qui a appelé individuellement tous les membres du bureau de l’Assemblée nationale.

Evidemment, cette forme est un mépris que le président lui-même a pour ses propres collaborateurs. Dans un parlement qui fonctionne normalement, le minimum c’était de nous adresser un courrier en tant que groupe parlementaire pour nous informer officiellement qu’il y a une rencontre qui est prévue. Ça n’a pas été fait », a-t-il déploré.

Parlant du fond de la discussion, c’est-à-dire la raison principale de la réunion, le vice-président de l’UFDG a indiqué que son camp ne pouvait pas participer à une telle rencontre qui, selon, n’en vaut pas la peine. « Sur la question de la constitution, l’avis des uns et des autres est connu. Nous nous sommes suffisamment exprimés, on a même crée le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC). Le Premier ministre aussi, au nom de son gouvernement, s’est exprimé, il a dit qu’il est doublement d’accord : il est d’accord en tant que Premier ministre, mais il est aussi d’accord en tant que citoyen, et il a parlé au nom de son gouvernement.

Il faut aussi se poser la question dans le fond : est-ce que nous sommes dans une République ou bien nous sommes dans la jungle ? Parce qu’on n’est quand même gouverné par la loi fondamentale. Est-ce que c’est parce qu’on est président de la République qu’on peut se lever un beau matin pour dire : moi, je ne veux pas de cette constitution, il faut la changer parce que cette constitution-là n’a pas été adoptée par le peuple ? Une constitution sur laquelle le président a juré en 2010, il a encore juré en 2015. Quand il dit que cette constitution n’est pas légitime, c’est comme depuis en 2010 on n’a eu un président illégitime », a- laissé entendre Fodé Oussou Fofana.

Bakary Goyo Zoumanigui, vice-président de l’Union des Forces Républicaine

Abondant dans le même sens, l’honorable Bakary Goyo Zoumanigui, vice-président de l’Union des Forces Républicaine (UFR) et membre du groupe parlementaire Alliance républicaine, a déploré le fait que le président Alpha Condé ne se soit pas encore prononcé sur le projet de nouvelle constitution, au centre de tout ce débat. « Le président de la République lui-même, depuis 2010, n’a pas dit publiquement je souhaite une nouvelle constitution, ou je souhaite un 3ème mandat. On a dressé des personnes tierces pour dire que voilà, nous voulons d’un 3ème mandat. Mais, comme l’a dit Dr Fodé Oussou Fofana, ça ne marchera pas. Parce qu’autant en 1958 on a dit non à la France, autant en 2019 nous disons non à la constitution que le pouvoir veut changer ; non à la nouvelle constitution que le pouvoir veut imposer ; non à un 3ème mandat ».

Ce responsable du parti dirigé par Sidya Touré en a profité pour dénoncer des recensements clandestins en cours actuellement à l’intérieur du pays. Nous savons qu’actuellement, le gouvernement a des structures qui soutiennent cette affaire de 3ème mandat. Ils sont en train de faire des recensements clandestins. Il y a deux jours, les travailleurs de la santé à Kouankan ont reçu un monsieur avec une fiche, qui dit : tu t’appelles Goyo Zoumanigui, tu es pour ou tu es contre ? Tout le monde sait comment les fonctionnaires guinéens travaillent. C’est certainement les résultats de ces recensement qu’on viendra présenter à Kassory pour dire oui les gens sont pour la constitution », a-t-il révélé.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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