Alpha Saké Barry de Montréal aux Guinéens : « réveillons-nous »

Bonjour mes chers compatriotes,

Alpha Saké Barry, Doyen des Guinéens au Canada

Ces quelques mots pour tendre la main à toute la communauté de la République de Guinée.

En effet, je suis très inquiet de la situation de notre très chère Guinée. La haine et les divisions ethniques s’emparent de tout le pays. Au lieu de parler d’une seule voix et d’agir au nom d’une entité unique ou d’une nation, nous sommes divisés par ethnie, voire même par région. Une telle situation est déplorable et aucune personne de notre communauté n’en tirera profit. En d’autres termes, cette division n’engendrera davantage que la haine et la discorde entre nous. Elle continuera de retarder ou de freiner le développement de notre cher pays.

En réalité, toutes ces histoires d’ethnies, de divisions régionalistes et d’autres procédés machiavéliques, ne datent pas d’aujourd’hui. Elles remontent depuis le temps où les colons blancs, particulièrement les français, les anglais et les portugais ont mis pied en Afrique.

La France qui nous a colonisé et divisés en multitude de petit pays, est elle-même composée de plusieurs ethnies qui sont entre autres, les bretons, les alsaciens, les corses, les basques … et j’en passe. Mais, la France s’est toujours gardée de raisonner et d’agir en différents petits groupes qui la composent. Ces groupes ethniques sont et demeurent tous français d’abord.

La France a divisé les peuples africains afin d’assouvir ses besoins. Pour illustrer cette réalité, j’invite chacun de nous à lire les écrits du premier gouverneur de l’A.O.F, Monsieur Faidherbe, dans lesquels il dit, je cite : « qu’il fallait maîtriser les peulhs si la France veut gagner l’Afrique… et au besoin en les opposant aux autres groupes ethniques…». La raison était que la structure sociale et politique du Foutah d’alors n’avait rien à envier à celle de la France ou d’autres pays à cette époque. Le mandat des chefs de cantons des Diwés était de quatre ans non renouvelables. Le Collège électoral qui rassemblait le Conseil des Sages du Foutah avait son siège à Fougoumba, ville située à 17 km la capitale fédérale Timbo.

Pour rappel, la conquête du Foutah par les français a eu lieu lors de la guerre de Pettel Djiga. C’est à l’issue de cette âpre guerre que la France et le Foutah ont signé un pacte de Protectorat pour une durée de soixante ans. Malheureusement, ce pacte n’a pu être respecté par la France qui emportera avec elle l’unique original de l’Accord du traité. La France s’est ainsi implantée pendant soixante ans en Guinée qui fut dénommée Guinée Française.

Sous la loi cadre française qui préconisait une collaboration entre la France et ses différentes colonies (rester avec la France ou être autonome), la Guinée s’est démarquée grâce à ces étudiants guinéens en vacances à Conakry, qui s’étaient réunis en Août 1957 pour l’option de l’indépendance.

Parmi ces étudiants, je cite de mémoire Pr Alpha Ibrahima Sow, Pr Ibrahima Baba Kaké, Dr. Charles Diané, Sory Serindé Diallo, Baldé Saliou Tangali et tant d’autres. Ces jeunes intellectuels guinéens de l’époque ont fait la campagne pour le NON à l’intérieur de la Guinée en collaboration avec certains instituteurs tels Kéita Koumandian (assassiné par Sékou Touré au début des années 60).

De ce qui précède, ce sont plutôt les étudiants et instituteurs de la Guinée des années 50 qui ont été les pionniers et promoteurs de ce mouvement historique. Convaincu d’avance que le NON l’emporterait lors du référendum, par opportunisme Monsieur Sékou Touré a récupéré cette détermination du vaillant peuple de Guinée pour revendiquer l’indépendance immédiate de la Guinée. L’histoire de notre pays doit donc être restituée de manière juste et véridique.

La déstabilisation de l’Afrique par la France s’est accentuée à la fin des années 50 au moment où Houphouet Boigny avait proposé à tous les députés africains francophones de l’Assemblée Nationale française la création d’un marché commun africain. Jacques Foccart et le Général De Gaulle se sont opposés à cette noble démarche, soi-disant qu’il y avait déjà un marché commun entre la France et ses colonies d’Afrique. Il n’était donc pas question qu’il y ait un autre marché commun. Suite à cela, le Général De Gaulle a sauté sur cette idée pour la proposer aux européens. Ce qui engendra la création du marché commun européen (cette déclaration n’engage que moi).

Après les années des indépendances, le même Jacques Foccart a organisé la guerre du Biafra au Nigéria, pour que la France ait la mainmise sur le pétrole nigérian. Lors de cette guerre, Foccart a fait montrer dans les médias des enfants biafrais affamés et en piteux état à travers des photos d’affiche et des images de télévision, demandant aux populations françaises de faire des dons pour les sauver. J’ai personnellement contribué auxdits dons en ce moment, pensant que j’agissais pour la bonne cause.

Cette campagne de publicité et de levée de fonds était dirigée par Bernard Kouchner qui venait tout juste de terminer ses études universitaires et de créer l’ONG Médecins Sans Frontières. Voir donc ce même Bernard Kouchner dire qu’il est l’ami de l’Afrique m’écœure et me rend malade.

Le président Alpha Condé qui dit que Kouchner est son frère jumeau, doit faire attention et se rappeler de la guerre du Biafra. L’Afrique doit comprendre que la France n’est pas son amie. Elle ne se bat que pour ses intérêts, peu importent les conséquences.

Réveillons-nous donc !

Alpha Saké Barry, Doyen des Guinéens au Canada

La France continue de nous sucer et de nous exploiter. Elle nous divise pour mieux nous dominer et piller nos richesses.

Tout récemment, l’actuel premier ministre français a fait le reproche à Cellou Dalein Diallo en lui disant qu’il retardait le développement de la Guinée à cause des grèves tournantes qui se passaient en Guinée. Dès lors, on est en droit de se demander ce que ce premier ministre français fait avec les gilets jaunes de son pays qui ne cessent de perturber l’ordre public français en brûlant même le restaurant Fouquet qui fait partie du patrimoine historique de la France.

Je me rappelle d’un ouvrage écrit par un Centre-africain dans lequel on lit je cite : « La France sans l’Afrique, c’est la destruction de l’économie française », fin de citation.

En vérité, une bonne partie des richesses métropolitaines provient d’anciennes colonies d’Afrique ou d’ailleurs. Il en va de même des richesses des gouvernants de ces anciennes métropoles. Ainsi, on pourrait à juste raison se demander que sont devenus le 5 kg de diamants que Jean Bedel Bokassa avait offerts à Valéry Giscard d’Estain (ancien Président français) ?

Aussi, François Mitterrand fut financé par certains états africains francophones tels que le Gabon, la Côte-d’Ivoire, le Sénégal … pour ses campagnes présidentielles alors qu’il était opposé au Général De Gaulle. Et dès son accession au pouvoir, il a refusé de payer les arriérés exacts de primes des anciens combattants africains dits tirailleurs sénégalais. Pendant ce temps, les anciens compagnons de guerre français jouissaient d’un traitement substantiel. À propos, Mitterrand avait dit que si la France devait payer les milliards de francs CFA qu’elle devait aux tirailleurs, elle aurait fait faillite.

Je ne vous apprends rien en rappelant que le même Mitterrand a organisé, financé et supervisé le génocide rwandais en 1994 qui a fait un million de morts en 3 mois au motif qu’un ami de la France (le président Juvénal Habiyarimana) a perdu la vie dans l’avion abattu par des supposés tutsis (voir le livre du sociologue Suisse Jean Zigler L’Empire de la Honte).

Quant au président Sarkozy, il a combattu le libyen Mouammar Kadafi à cause de l’esprit panafricaniste que défendait ce dernier. Nul n’ignore que Kadafi a donné des millions de dollars à Sarkozy pour ses campagnes présidentielles en France. Une fois élu, il s’est acharné contre celui-ci au mépris de toutes les Conventions et les déclarations internationales relatives au droit de l’homme. Il a fait monter un front anti-Kadafi au niveau international pour l’assassiner : ce fut une grande perte pour l’Afrique. Kadafi avait de grands projets tels que : création d’une banque de développement à l’échelle du continent, mise en place d’un fonds d’investissements pour l’Afrique à l’image du FMI, d’une compagnie aérienne africaine, lancement de satellites de télécommunications alimentant les réseaux de téléphonie cellulaire et de télévision gratuitement pour l’ensemble des pays africains, création d’une monnaie unique pour toute l’Afrique et j’en passe.

Pourquoi avoir fait assassiner ce grand panafricaniste ? C’est tout simplement parce qu’il voulait mettre les grandes richesses de son pays au service du développement de l’Afrique. Il en avait les moyens et les capacités. Il faisait peur à l’occident, il fallait donc l’éliminer.

Pour la France, l’Afrique doit toujours rester pauvre ou alors il y aura guerres et famine. Le cas du Mali en est un exemple. La France a été appelée à venir secourir et préserver l’intégrité du pays. En fait, elle s’y est installée avec son armée partout dans le pays. Comble d’ironie, il y a aujourd’hui des zones où l’armée malienne ne peut pas accéder sans l’autorisation préalable de la France. Il y là-bas les faux problèmes entre peuls et dogons ou peuls et bambaras. Faux problèmes, parce que durant des siècles ces communautés ont vécu paisiblement, ont eu des alliances millénaires, ont réglé pacifiquement leurs différends. Aujourd’hui, pendant que l’armée française est sur le terrain (pour soit disant sécuriser les lieux) les problèmes inter communautaires éclatent, des villages entiers sont brûlés et leurs habitants assassinés. Bizarre non ?

La Centrafrique est victime du même stratagème parce que son sous-sol regorge de matières premières indispensables au bon fonctionnement de l’industrie française. Insécurité et combats sont au quotidien entre les différentes communautés ethniques et religieuses. La France et d’autres pays sous la bannière de l’ONU sont présents, juste pour attiser le feu. Bizarre non ?

Au Burkina Faso, depuis que Blaise Compaoré, marionnette de l’Occident a été chassé du pouvoir par le peuple burkinabé, rien ne va plus. L’insécurité a été cultivée à dessein dans le pays : tueries par-ci, attaques terroristes par-là jusque dans la capitale Ouagadougou. Bizarre non ? Vraiment bizarre !

Il y a aussi le cas d’attaques terroristes et autres formes de tueries de groupe et de kidnapping au Niger, au nord Bénin, au Nigéria (avec Boko Haram). Encore une fois bizarre ! Très très bizarre.

À mes frères et sœurs guinéens, toutes ethnies confondues, je demande qu’on se rappelle des deux jeunes morts dans le compartiment de train d’atterrissage d’un avion de Sabena. Ces deux jeunes ont laissé un message fort à tous les guinéens de l’intérieur comme de l’extérieur : s’ils ont tenté l’impossible, c’est parce qu’ils ne pouvaient pas s’instruire et réussir en Guinée (terre de leurs ancêtres) car ils n’avaient pas de parents riches ou membres de la haute classe politique.

M. Kassory Fofana, actuel premier ministre, devrait se rappeler ces propos quand il était avec le président CONTÉ « tout soussou qui voterait pour Alpha Condé est un BATARD…». Avec ces propos et un tel opportunisme, sans compter son passé récent que nul n’ignore, il fait partie de ceux qui empêchent le progrès et le développement économique, social et culturel de la République de Guinée. Au lieu de s’occuper des vrais problèmes du pays qui sont éducation, santé, sécurité (des citoyens et de leurs biens) y compris la sécurité alimentaire, la salubrité, le transport, l’emploi (pays où le taux de chômage des diplômés et des jeunes est l’un des plus élevés au monde), l’eau, l’électricité, la justice etc. … Kassory fait ce qui est appelé communément de la mamaya. Pendant que lui et les membres de son gouvernement circulent en voitures 4×4 climatisées et escortées, Conakry, la capitale, devient de jour en jour une poubelle à ciel ouvert et une capitale mondiale de l’insécurité (plus que dans les favélas de Rio au Brésil).

Au regard de ce qui précède, je lance un appel à l’esprit citoyen et patriotique des agents de sécurité à savoir les policiers, gendarmes et militaires guinéens : arrêtez de massacrer la population désarmée qui ne fait qu’exprimer son ras-le-bol face à la mal gouvernance et aux détournements des deniers publics (les membres du gouvernement anciens et actifs sont plus riches que l’État). Vous membres des forces de sécurité, vous êtes aussi les enfants de ce pays, les fils et filles de la Guinée sans aucune distinction : tirer sur les paisibles et pauvres populations, c’est massacrer vos épouses, maris, mères, pères, sœurs, frères, tantes, oncles et amis (es).

Rappelez-vous que tous les anciens officiers et sous-officiers, mis à la retraite parfois anticipée par le Président Alpha Condé, sont tous aujourd’hui dans l’oubli et la pauvreté et ce, après de longues années de loyaux services rendus à la nation. Faites attention à vous et n’ayez pas de trous de mémoire.

Récemment, le 25 juillet 2019, le cortège présidentiel a écrasé un piéton de 70 ans. Pourquoi cela ? Parce qu’il n’y a pas de routes.

S’il y avait des routes et des trottoirs comme il faut dans la capitale, on n’aurait pas tué du monde comme des mouches.

Encore une fois, je fais appel à tous mes compatriotes : réveillons- nous !!! Rappelons-nous quand certains avaient soutenu sans réserve Sékou Touré notamment Momo Jo et Mafory Bangoura. À titre d’exemple, Mafory Bangoura avait dit à Sékou Touré à propos de Mme Kamara Loffo, militante de première heure pour l’indépendance du pays je cite : wa fara mou kha kessin. Fin de citation.

Peu de temps après quand la situation devenait insupportable, la vie devenait chère, les gens disaient : A Bakhi ! A Bakhi ! c’est-à- dire : c’est dur ! c’est dur !. Sékou Touré répondait dans un mauvais soussou : A Bakhi ! A Bakhi ! Wa falama mounsé Baki. Et quiconque disait que c’était dur, se faisait arrêter. Ce qui a permis à Sékou Touré de tuer sans regret des innocents. D’ailleurs aucune famille guinéenne n’a été épargnée sauf celles de Sékou et de son épouse Andrée.

Mes chers compatriotes, voilà le message que j’ai voulu vous livrer très sincèrement avec l’espoir qu’il contribuera à renforcer les liens de solidarité, d’entente et de coopération entre tous les guinéens. En tout cas mon intention n’était pas de heurter la dignité ou la sensibilité de qui que ce soit.

Merci de votre compréhension.

Longueuil, le 17 septembre 2019

Alpha Saké Barry, Doyen des Guinéens au Canada

Tél. : 450 646 2085

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