Projet Souapiti : l’union des sinistrés dénonce un désastre et interpelle Alpha Condé

L’Union pour la Défense des Sinistrés de Souapiti (UDSS) était une nouvelle fois devant la presse ce lundi, 21 septembre 2019, à Conakry. C’était pour parler des conséquences de la fermeture de la vanne du barrage hydroélectrique de Souapiti sur les populations riveraines. Cette association regroupant des personnes impactées par le projet a dépeint une situation désastreuse et interpellé l’attention du président Alpha Condé, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Me Oumar Aïssata Camara, huissier de justice et porte-parole l’UDSS

« La population riveraine du barrage hydroélectrique de Souapiti est aujourd’hui une population toujours désœuvrée, c’est une population en état de désespoir, dans la mesure où les autorités du barrage hydroélectrique ont préféré fermer la vanne alors qu’il y a une partie de cette population qui n’a non seulement pas été recensée, mais il y a d’autres qui ont été recensés, mais pas encore réinstallés sur les nouveaux sites. Aujourd’hui, les villages qui ont été recensés mais qui n’ont pas été installés encore sont en train d’être inondés à tel point que personne ne veut rester dans ces villages.

Maintenant, les gens ont pris leurs colis, tout le monde a quitté les villages, quelques-uns seulement y restent jusqu’à présent. Et, ces gens sont sans abris aujourd’hui. Il n’y a aucune maison construite pour eux pour qu’ils puissent aller y rester. Il n’y a non plus pas eu d’indemnisation, ni de dédommagement. Et, on a tout fait, mais les autorités refusent d’entendre ce qui se passe dans ces localités. Ils ont tout simplement préféré faire fermer la vanne du barrage quelles que soient les conséquences », a dénoncé Me Oumar Aïssata Camara, huissier de justice et porte-parole l’UDSS.

Ce membre l’Union pour la Défense des Sinistrés de Souapiti (UDSS) rappelle que le projet avait prévu de prendre en charge toutes les personnes impactées par la construction du barrage hydroélectrique de Souapiti. Mais, dit-il, au regard de ce qui se passe sur le terrain, les autorités guinéennes semblent fouler au sol tout ce qui est prévu par le projet en termes de prise en charge des sinistrés. « Il est prévu que pour déplacer une population d’un point A à un point B pour une cause d’utilité publique, c’est normal, c’est logique ; mais, qu’on réinstalle l’intéressé sur de nouveaux sites qui vont être construits conformément aux règles de l’art ou d’ailleurs plus que ce qu’il avait précédemment.

Malheureusement, rien n’est fait. Quand on prend un cultivateur, on l’envoie à un endroit où il n’a absolument rien à faire, il n’y a plus d’espaces agricoles pour l’intéressé, ça devient compliqué. On pouvait comprendre pour des sites qui ont des maisons, mais aujourd’hui ils ne veulent même plus construire. On ne peut pas comprendre qu’un projet de la carrure de Souapiti soit fait sans que les populations impactées ne soient réinstallées. Et, même ceux qui ont été réinstallés se lamentent, les gens traversent des situations inhumaines. 12 355 personnes ont été déplacées, le projet a préféré leur envoyer des sacs de riz (un sac de riz par trois mois et par ménage) au lieu de leur créer des conditions pouvant leur permettre de se prendre elles-mêmes en charge », a-t-il fustigé, précisant que sur les 16 sites déguerpis, il n’y a que 5 seulement qui ont été réinstallés, les autres sont abandonnés à eux-mêmes.

Ces citoyens impactés par le projet Souapiti disent ne plus avoir confiance au ministre de l’énergie, Cheick Taliby Sylla, qu’ils accusent de fermer les yeux sur la triste situation des sinistrés. C’est pourquoi, ils interpellent personnellement le président de la République. « L’appel que nous avons à lancer, c’est à l’endroit de toutes autorités nationales, voire internationales, de venir en aide à nos parents qui sont en train de sombrer. Les gens ont tellement souffert qu’ils sont aux abois. Que les gens nous viennent en aide.

On attire l’attention du président de la République sur ce qui est en train de nous arriver. Il faut que le président de la République prenne ses responsabilités. Le ministre Cheick Taliby, lui, connait pertinemment la situation. Le lundi dernier, il était sur le terrain, il a préféré visiter une partie du terrain abandonnant l’autre partie. Alors qu’il sait pertinemment que plusieurs villages sont concernés. Donc, on ne peut pas compter sur un ministre comme lui », a dit le porte-parole l’UDSS, Me Oumar Aïssata Camara.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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