Fermeture de la route habituelle Kindia-Télimélé : les chauffeurs très préoccupés

Boubacar Sidy Barry, responsable syndical de la ligne de Télimélé-Kindia

Jusque-là pratiquée par les usagers, l’ancienne route nationale Kindia-Télimélé est désormais fermée à la circulation. L’annonce a été faite dans la soirée d’hier, mardi 24 septembre 2019, par le directeur général du projet Souapiti, à travers un communiqué diffusé à la télévision nationale (la RTG). Une décision qui inquiète les chauffeurs qui pratiquent cette route périlleuse et qui se trouve aujourd’hui menacée d’ennoiement sur 50 kilomètres, rapporte l’envoyé spécial de Guineematin.com à Kindia.

Dans la matinée de ce mercredi, à la gare routière de Télimélé à Kindia, les échanges entre chauffeurs sont houleux. Certains veulent encore s’aventurer sur cette route qu’ils ont l’habitude de pratiquer pour rejoindre Télimélé ; alors que d’autres, bien que frustrés, entendent carrément abandonner ce trajet périlleux et emprunter le nouveau tracé.

« C’est faux, le pont n’est pas encore coupé par l’eau. On peut aller jusqu’à Barayah, dévier vers Khatia et continuer sur Kambayah. Moi, je ne vais pas vous suivre. Je vais tenter de passer par la nouvelle route…», entendait-on dans les débats entre conducteurs, sous le regard soucieux des passagers.

Visiblement, ce n’est pas la fermeture de l’ancienne route qui pose problème. Mais, l’état catastrophique dans lequel se trouve la nouvelle voie. Une voie qui serait plus longue et plus éprouvante que l’ancienne.

Thierno Abdoulaye Diallo, chauffeur de taxi

« Je peux vous dire que la route Kindia-Télimélé est en mauvais état. Mais, pour le moment, il n’y a pas une autre voie à emprunter pour aller à Télimélé. Cependant, depuis hier, on nous a dit que désormais c’est par Ségueyah que nous devons passer pour aller à Télimélé. Mais, tous les chauffeurs sont unanimes qu’il est impossible pour nous de pratiquer cette nouvelle route. Donc, on voudrait que les autorités nous viennent en aide en diminuant le niveau d’eau sur le fleuve Konkouré, le temps pour elles de bien réhabiliter la nouvelle route. Sinon, nous serons obligés de garer nos véhicules. C’est vrai que l’ancienne route est en mauvais état ; mais, cette nouvelle voie est impraticable. Si une voiture s’aventure sur cette route, elle sera embourbée pour deux ou trois jours…», a expliqué Thierno Abdoulaye Diallo, chauffeur.

De son côté, le syndicat de la ligne de Télimélé à Kindia peine à se décider sur le coût du transport qui, nous apprend-on, doit être revu à la hausse au cas où les chauffeurs décideraient de rouler sur la nouvelle route.

Boubacar Sidy Barry, responsable syndical de la ligne de Télimélé-Kindia

« On nous a dit que la route de Konkouré est désormais fermée à la circulation. Et, pourtant, la nouvelle route qu’ils nous ont dit d’emprunter n’est pas bonne. Ils disent avoir dégagé cette voie de Sangaréyah à Mourkè. Mais, rien de tout ça n’est bien fait. Si c’est encore possible, nous demandons qu’ils attendent qu’on ait une bonne route avant de fermer celle de Konkouré. Sinon, ça sera une simple souffrance pour les usagers. Actuellement, le transport est à 70 mille. Mais, si les chauffeurs acceptent de passer par la nouvelle route, nous serons obligés de revoir le coût du transport à la hausse. Parce que le trajet est plus long sur cette nouvelle voie. Il faudra donc prendre en compte le coût du carburant, etc. On n’a pas encore décidé du montant à mettre sur le prix habituel ; mais, nous allons quand même augmenter le transport. Certains chauffeurs avaient déjà emprunté cette route ; mais, ils ont vite compris que ça ne peut pas marcher. Les voitures s’embourbaient sur la partie qu’ils disent avoir arrangée. Certains sont restés coincés deux jours, d’autres ont fait trois jours sur cette route. Quand ils se sont tirés d’affaire, ils n’ont plus eu le courage de refaire l’expérience », a indiqué Boubacar Sidy Barry, responsable syndical de la ligne de Télimélé à Kindia.

C’est autant dire que le mal (l’ancienne route) vient d’être remplacé par le pire (la nouvelle route). Car, argumente un jeune rabatteur à la gare routière de Télimélé, « devant la nouvelle route, l’ancienne est une autoroute ».

De Kindia, Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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