Alpha Condé imposera-t-il son référendum en Guinée ? Dr. Ousmane Kaba (PADES) craint « une déstabilisation »

Lors de son récent séjour aux Etats Unis d’Amérique, le président Alpha Condé a invité ses partisans à se tenir prêts pour les élections législatives et le référendum pour un changement constitutionnel en Guinée. Cette perspective inquiète Dr Ousmane Kaba, président du Parti des Démocrates pour l’Espoir (PADES) qui craint une déstabilisation de notre pays. L’annonce en a été faite hier, samedi 28 septembre 2019, à l’occasion de l’assemblée générale de la formation politique, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

De nombreux observateurs redoutent des soubresauts sociopolitiques en Guinée relatifs à la volonté du président Alpha Condé de s’accrocher au pouvoir au-delà de son mandat constitutionnel. Dr Ousmane Kaba du PADES fait partie de ce groupe qui craint pour l’avenir immédiat de notre pays. « Vous savez très bien que le parti au pouvoir a franchi le cap haut et que, selon leur agenda, nous allons vers les élections, non seulement les élections législatives, mais aussi le référendum, comme l’a dit le chef de l’Etat l’autre jour aux Etats-Unis. J’ai peur que nous n’allions vers une déstabilisation de notre pays, puisque la majorité s’est prononcée déjà de différentes manières contre un 3ème mandat. Il semble que l’agenda du pouvoir est déjà tracé et malheureusement la Guinée va vers la déstabilisation. Nous déplorons la situation qui se présente aujourd’hui. Donc, nous avons une situation politique qui se détériore sur un fond de crise économique, sur un fond de désespoir des guinéens quant à leurs infrastructures, quant à l’emploi des jeunes, quant à la pauvreté dans notre pays. Voilà pourquoi je suis assez pessimiste », a-t-il laissé entendre.

Dr. Ousmane Kaba, président du PADES

Parlant des consultations en cours entre le Premier ministre et certaines composantes de la vie nationale, Dr Ousmane Kaba n’a pas condamné l’attitude de certains membres du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) qui ont rencontré Kassory Fofana. « J’ai estimé, tout comme le FNDC, que c’est des consultations qui sont inutiles, dans la mesure où lui-même, le Premier ministre, s’état prononcé pour le référendum. Et comme il y a quelques jours, le chef de l’Etat lui-même a fait avancer le calendrier du référendum, ce qu’il est complètement inutile d’aller à ces consultations. Voilà notre position. Pour au tant, nous ne jetons pas la pierre à ceux qui ont répondu à l’invitation du premier ministre et qui sont allés exprimer leur point de vue ».

Par ailleurs, le président du PADES a dénoncé la cacophonie qui mine la Commission Electorale Nationale des Indépendantes (CENI) avant de fustiger les recensements clandestins dont on accuse le parti au pouvoir. « …Nous avons des difficultés aujourd’hui, puisque la moitié de la CENI a démissionné pratiquement. Donc, c’est une CENI qui est amputée de sept (7) commissaires, si j’ai bien compris. Ça pose déjà problème. Et nous souhaitons que ces élections se passent en toute transparence. Mais aujourd’hui, je ne peux pas être optimiste, dans la mesure où nous avons déjà des recensements ça et là dans le pays, des recensements qui sont clandestins. Ça veut dire que les problèmes commencent déjà ».

En outre, Dr Ousmane Kaba est revenu sur la date historique du 28 septembre, qui a condit la Guinée à l’indépendance en 1958 et qui est aussi marquée par le massacre du stade en 2009. « Le 28 septembre, il ne faut pas l’oublier. C’est la date du référendum en Guinée, qui a conduit au 02 octobre 1958. Donc pour tous les guinéens, c’est une grande date. Mais malheureusement, il y a dix ans, le 28 septembre nous avions eu une grande manifestation pour aussi la liberté et la démocratie dans notre pays. Il y a eu beaucoup de morts sans qu’aujourd’hui encore on ne situe les responsabilités de ces pertes de vies humaines. Ce qui est très douloureux encore pour le peuple de Guinée. Depuis dix ans, on n’a pas pu faire le procès pour situer les responsabilités des uns et des autres dans ce massacre. Je pense que c’est une situation qui est à déplorer… Un pays doit affronter ses propres vérités. Tant que le pays n’affronte pas ses propres vérités, il sera difficile pour la Guinée d’aller de l’avant », a-t-il laissé entendre.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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