Inondation, insécurité, apparition des serpents… SOS pour les populations de Konkouré

Alpha Oumar Diallo, victime du projet Souapiti

Depuis la mise en eau du barrage hydroélectrique de Souapiti, les populations de Konkouré, dans la sous-préfecture de Kollet (préfecture de Télimélé) sont dans le désarroi. Et, ces derniers jours, en plus de la montée des eaux du fleuve Konkouré, des insectes et des reptiles mettent à rude épreuve l’existence des populations encore présentes dans ce district, a constaté l’envoyé spécial de Guineematin.com à Konkouré.

Comme on pouvait s’y attendre, la fermeture des vannes du barrage hydroélectrique de Souapiti a entrainé une augmentation du volume d’eau au niveau du fleuve Konkouré. Et, depuis quelques semaines, les populations impactées par le projet de construction de ce gigantesque barrage craignent d’être noyer par les eaux de ce fleuve. Et, les populations du district de Konkouré sont visiblement au premier plan.

Dans cette localité, située dans la sous-préfecture de Kollet, une grande partie des habitants ont été déplacés et réinstallés sur le site de recasement de Kondombof. Mais, certaines familles qui réclament une indemnisation (dont certaines en numéraire) vivent encore dans ce district.

Avec la crue qui a englouti certaines maisons (dont une boulangerie) et des cases sur les lieux, ces familles ont déjà les pieds dans l’eau. Mais, elles disent préférer être noyées que de quitter leurs concessions sans être indemnisées par le projet Souapiti. Un projet qui, ces derniers jours, semble avoir adopté une stratégie qui consiste à « diviser pour régner ».

Trouvé dans ce village où l’eau encercle déjà certaines maisons encore habitées, Alpha Oumar Diallo a confié que le projet Souapiti est en train de noyer les biens des gens dans le but de se dérober les indemnisations.

« Je demande au gouvernement de ne pas nous laisser avec les gens-là (les représentants du projet Souapiti). Ils iront dire au président de la République qu’ils ont tout satisfait ici ; mais, je demande au président d’envoyer une mission à Konkouré pour contrôler ce que les gens-là sont en train de faire ici. Parce qu’ils sont en train de noyer nos biens pour éviter les indemnisations. Il y a des maisons entières qui sont en train d’être englouties de l’autre côté, en brousse là-bas. On ne peut plus y accéder à cause de la montée des eaux. C’est comme ça qu’ils sont en train de faire disparaitre les biens des gens pour ne pas que le gouvernement sache qu’ils ont refusé d’indemniser les gens… Ils ont tué nos activités. Mais, le peu de biens que nous avons, nous demandons qu’ils nous remboursent. Qu’ils ne nous augmentent rien ; mais, qu’ils nous indemnisent pour qu’on puisse quitter ce lieu », a indiqué Alpha Oumar Diallo.

Toujours assis devant sa boutique, Mamadou Dian Diallo a essuyé, en début de cette semaine, une petite inondation dans sa concession. Une inondation qui n’a ébranlé en rien la détermination de ce vieil homme de 67 ans.

Mamadou Dian Diallo, victime du projet Souapiti

« L’autre fois, c’est le ministre de l’Energie qui est venu nous voir. Il a dit qu’il va envoyer une équipe chez nous… Cette équipe est venue nous voir en fin de semaine dernière. Dès que l’équipe est rentrée, ils ont libéré l’eau sur nous. L’eau est entrée dans toute ma maison. Mais, ils n’ont qu’à garder une chose en tête, à moins qu’ils me tuent, je ne sortirai pas d’ici avant d’être indemnisé. C’est eux qui nous ont dit de partir. Nous, on ne pensait même pas à ça. Et, si avec ça ils ne veulent pas nous rembourser, ils vont nous tuer ici. Mais, nous ne bougerons pas d’ici », a réitéré à Guineematin.com le doyen Mamadou Dian Diallo.

Pendant qu’on s’entretenait avec monsieur Diallo, un serpent est sorti de l’étendue d’eau qui était devant nous. Ce reptile qui a suscité les cris d’affolement de quelques femmes et des enfants qui se trouvaient sur les lieux, s’est dirigé dans un bâtiment inhabité. Et, c’est dans ce bâtiment complètement décoiffé qu’il sera tué par les jeunes.

Selon les habitants, ce reptile n’est pas le premier à apparaître dans ce lieu qui se fait avaler petit à petit par les eaux du fleuve Konkouré. « Depuis que l’eau a commencé à monter, nous assistons tous les jours à des apparitions de serpent ici. Même les animaux ont peur d’être noyés », lance une femme qui détenait un bâton en main.

« Si un serpent comme celui-ci te trouve en train de dormir, tu ne te réveilleras jamais », ajoute un jeune, faisant remuer ses lances pierres. Il fait partie du groupe qui vient de triompher du serpent qui a mis un terme à notre entretien avec monsieur Diallo.

Dans ce district où les habitants ont du mal à dormir, la concession de madame Haoulatou Diallo est quasiment encerclée par les eaux. Actuellement, c’est une seule route qui mène à cette concession occupée par une famille de douze membres. Il nous a fallu contourner pour y accéder, la route du marché et celle qui passe derrière cette concession étant désormais complètement bloquée par les eaux.

Seulement, en plus de la montée sans cesse des eaux et l’apparition inattendue des serpents, les habitants de Konkouré font face à des insectes piquants qu’on leur dit être des moustiques. « Depuis que l’eau a commencé à monter, on constate une présence massive de moustiques. Voyez les petites plaies sur mes pieds et les boutons sur mes bras. C’est l’œuvre de ces moustiques-là », a confié Abdoulaye Diallo, un des fils de madame Haoulatou Diallo.

Avec des bleus sur les pieds et les bras, ce jeune craint aussi l’insécurité dans ce village où ils n’ont plus de voisin direct. « On a des biens, de la marchandise… et, on a peur d’être attaqué par des bandits. Car, si on est attaqué, il n’y a personne pour nous secourir. On est vraiment inquiet ici. C’est pourquoi, on demande aux gens-là (du projet Souapiti) de nous indemniser afin qu’on puisse quitter ce lieu qui est devenu un danger pour nous », a plaidé Abdoulaye Diallo.

Abdoulaye Diallo, victime du projet Souapiti

Nous y reviendrons !

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tél. : 622 97 27 22

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