Sécurité à l’aéroport de Conakry : entre interrogations et inquiétudes…

La découverte du corps sans vie d’une personne « d’origine sub-saharienne » le 30 septembre 2019 sur la trappe de l’atterrissage d’un avion de la compagnie Royal Air Maroc (RAM) à Casablanca, en provenance de Conakry, a créé l’émoi dans l’opinion publique. Au-delà de l’émotion, cette découverte relance le débat sur les conditions de sécurité de l’aéroport international de Conakry Gbessia à un moment où des menaces de toutes sortes pèsent sur la sous-région ouest africaine.

Les autorités guinéennes ont beau rassuré que la lumière sera faite sur ce drame, mais l’inquiétude demeure quant aux conditions de sécurité à l’aéroport de Conakry Gbessia. « Trois experts guinéens ont été dépêchés au Maroc pour se joindre à l’équipe d’enquête… les enquêtes seront diligentées aux fins de faire toute la lumière sur l’identité de la victime, les causes et les circonstances réelles de ce drame », tentait de rassurer le ministère des transports au lendemain du drame.

Pourtant, une source proche du dossier a confié à Guineematin que les demandes de relevés des cameras de surveillance faites par la partie marocaine n’ont pas reçu de suite favorable. Selon nos informations, l’aéroport de Conakry ne dispose pas de suffisamment de cameras de surveillance pour couvrir tout le périmètre, qui s’étend sur 10 kilomètres. « Les responsables de la RAM ont sollicité auprès des autorités aéroportuaires les relevés des cameras de surveillance. Mais on leur a signifié qu’il n’y en avait pas, et qu’il y avait un projet dans ce sens. On leur a fait savoir que ce sera fait l’année prochaine. C’est dans le budget prévisionnel », apprend-on d’une source très introduite dans le milieu.

Toujours est-il que l’on se demande comment ce passager a pu se retrouver là. Défaillance du système de surveillance ? Négligence ? Complicité ? Cette énigme sera-t-elle résolue ? Combien d’enquêtes ont été ouvertes dans ce pays sans jamais se refermer ?

Au-delà de ce souci, l’aéroport de Conakry est confronté à d’autres défis qui inquiètent à plus d’un titre. « Certaines habitations du côté de Gbessia Port sont aujourd’hui collées au mur de l’aéroport. Un vrai danger pour une structure qui veut ouvrir une ligne Conakry-New York. Il y a des ordures qui sont amassées à l’intérieur de l’aéroport, charriées par les eaux de ruissellement. Des canaux d’évacuation des eaux usées traversent les lieux de part en part et sont obstruées. Malgré l’existence d’agents de sécurité et d’une brigade canine, les gens peuvent s’introduire quelques fois dans l’enceinte sans qu’on ne s’en rende compte », poursuit notre interlocuteur, sous le sceau de l’anonymat.

Cette situation met en lumière les nombreux dysfonctionnements au sein de l’aéroport de Conakry, miné à un moment par un scandale de détournement portant sur 4 milliards de francs guinéens. L’ancien Directeur Général de la Société de Gestion de l’Aéroport de Conakry (SOGEAC), Oulaba Kabassan Kéita, avait été épinglé dans ce dossier par un rapport d’audit qui faisait état de « non-conformité entre certaines dépenses effectuées et les autorisations budgétaires validées par le Conseil d’Administration de la SOGEAC ».

Limogé de ce poste et nommé conseiller à la présidence de la République, Kabassan Oulaba Kéita aurait été sommé de rembourser les montants présumés détournés. Un huissier avait été mis à ses trousses, muni d’une sommation interpellative de payement, pour rendre à César son dû… L’on s’interroge d’ailleurs aujourd’hui sur ce qu’il en a été.

Pendant ce temps, malgré la nomination d’une nouvelle équipe dirigeante à la SOGEAC, les conditions de sécurité à l’aéroport de Conakry ne rassurent pas à un moment où la sous-région ouest-africaine est sous la menace du terrorisme, du trafic de drogue et des êtres humains, de la circulation des armes légères et de petit calibre….

Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628 17 99 17

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