Manifestations anti 3ème mandat : ce qu’en disent certains guinéens

Ces derniers temps, les opposants au projet de changement de l’actuelle constitution qui permettrait au président Alpha Condé de s’octroyer un troisième mandat se font de plus en plus menaçants. Après Cellou Dalein Diallo, le chef de file de l’opposition guinéenne, qui a appelé ses partisans à s’apprêter à descendre dans la rue, la coordination nationale du FNDC a annoncé aussi le début imminent des manifestations contre le projet de nouvelle constitution.

Ces menaces interviennent alors que toutes les manifestations de rues sont interdites dans notre pays depuis plus d’une année. Faut-il craindre alors de nouvelles violences dans les jours ou semaines à venir en Guinée ? Qu’en disent les citoyens de ce regain de tensions ? Un reporter de Guineematin.com a interrogé quelques habitants de Conakry.

Ousmane Diallo, sociologue

Ousmane Diallo, sociologue : tout bon guinéen doit s’opposer à tout acte qui mettra en jeu les lois de ce pays. Cela veut dire quoi ? Même si je ne suis pas membre direct du FNDC, mais je partage complètement leur position et je leur donne vraiment raison. Quiconque essaye vraiment de barrer la route au progrès, de développement de la démocratie, je ferai partie de l’équipe qui s’opposera à lui. Donc, je donne parfaitement raison à ceux qui veulent appeler à des manifestations contre un troisième mandat en Guinée. Car nous avons en face un pouvoir boucher qui ne veut pas comprendre.

La seule façon qui les amènera à comprendre, c’est la rue. La malchance de la Guinée est que dans l’opposition nous avons des intellectuels, des cadres et des gens qui veulent aider le pays à se développer. Par contre, ceux qui sont au pouvoir, c’est des semi-guinéens qui n’ont vraiment pas l’amour du pays. La seule façon de leur faire comprendre, c’est quand on fait recours aux manifestations de rues. L’actuel président, c’est la rue qui l’a envoyé au pouvoir. Et le peu de réalisations qu’il a eu à faire, c’est parce que les gens ont manifesté qu’il les a faites. Je lance un appel aux forces de l’ordre qui tuent les manifestants, pour leur dire que ces gens se battent pour le respect de la loi, ils se battent pour l’intérêt de tous les Guinéens.

Sékou Bangoura, ouvrier

Sékou Bangoura, ouvrier : chacun a son choix, c’est ça la démocratie. Mais moi personnellement, ma préoccupation actuelle, c’est de sortir le matin, aller chercher mon quotidien pour nourrir ma famille. L’ouverture des classes a eu lieu hier, beaucoup de parents n’ont pas encore trouvé les fournitures scolaires de leurs enfants. Donc moi, ce qui me préoccupe, c’est comment éduquer mes enfants pour leur permettre d’avoir un niveau comme les autres enfants. Maintenant, ceux qui veulent manifester, ils peuvent le faire sans déranger les autres qui sortent pour chercher leur quotidien.

Alhassane Touré, conducteur de taxi moto

Alhassane Touré, conducteur de taxi moto : si on change la constitution, forcément il y aura une quatrième République. Ce qui va permettre au président actuel de se présenter encore pour un nouveau mandat. Et moi, je ne suis pas d’avis avec ça. C’est pourquoi, je partage l’idée des manifestations de rues pour empêcher le changement de la constitution. Mais, que ces manifestations se fassent dans les règles de l’art et dans la paix. Car d’habitude, on enregistre beaucoup de pertes des vies humaines à l’occasion des mouvements politiques.

Harouna Bah, commerçant

Harouna Bah, commerçant : pour les manifestations, si c’est le seul moyen dont les opposants au troisième mandat dispose pour exprimer leur mécontentement, leur opposition à ce projet du pouvoir, moi je pense que c’est très bon de manifester. Mais, on sait qu’il y a eu beaucoup de manifestations qui sont soldées par des morts d’hommes dans notre pays. Donc, il serait préférable pour moi qu’ils trouvent une autre solution qui ne soit pas les manifestations de rues.

Parce qu’on a constaté qu’avec ces manifestations, ce sont les citoyens qui meurent ou qui sont blessés. Et, ce sont eux et leurs familles qui perdent. Lorsque vous prenez le cimetière de Bambeto, plus de 100 jeunes tués dans des manifestations de l’opposition sont enterrés là-bas, il n’y pas eu d’enquêtes sérieuses pour identifier et sanctionner les auteurs de ces crimes. Donc, j’appelle les jeunes à prendre conscience, car la politique c’est de la politique.

Propos recueillis par Aïssatou Sow pour Guineematin.com

Tel : 628 50 73 80

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