Procès de manifestants contre un 3ème mandat : 5 mineurs condamnés à Kaloum

Les procès des personnes interpellées lors des manifestations du FNDC se poursuivent à Conakry. Ce vendredi 25 octobre 2019, c’était au tour de huit (8) mineurs de comparaitre devant le tribunal correctionnel pour enfants de Kaloum. Poursuivis pour attroupement interdit non armé, cinq (5) d’entre eux ont été condamnés à cinq (5) mois assortis de sursis, alors que les trois (3) autres ont été libérés pour délit non constitué, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les mineurs poursuivis pour ces faits d’attroupement interdit sont : Abdoul Ghadiri Barry, Alsény Bangoura, Boubacar Diallo, Boubacar Ly, Elhadj Saidou Diallo, Mamadou Baïlo Diallo, Mamadou Aliou Sy et Alpha Oumar Diallo. Leur âge varie entre 14 et 15 ans.

A la barre, les huit prévenus ont nié les faits pour lesquels ils sont poursuivis. Après les débats, s’en sont suivis les réquisitions et les plaidoiries.

Dans ses réquisitions, le ministère public, représenté par le procureur Boubacar 1 Bah, est revenu sur les circonstances dans lesquelles les enfants ont été arrêtés avant de demander leur relaxe pure et simple. « Madame la présidente, suite à l’appel lancé par le Front National pour la Défense de la Communication (FNDC) aux citoyens de manifester dans les rues de Conakry et de l’intérieur du pays contre le projet de changement de la constitution, les agents de maintien d’ordre ont procédé à des arrestations. Des arrestations qui ont été enregistrées tant à Conakry qu’à l’intérieur de la Guinée. C’est ainsi que ces mineurs ont été arrêtés dans leurs différents quartiers au courant des journées du lundi 14 et mardi 15 octobre 2019. Madame la présidente, ces jeunes mineurs, même en les voyant, on se rend compte qu’ils ne peuvent pas troubler l’ordre public. Le ministère public ne retient aucune infraction contre eux. Tout le monde sait, lorsqu’il y a des manifestations, comment les agents se comportent par endroits dans l’exercice de leur profession à travers les rues et dans certaines concessions. Ils arrêtent n’importe qui, n’importe où et n’importe comment. Vous avez vu un de ses enfants, il est bastonné avec des matraques au niveau de ses jambes. Et tous ces enfants qui sont passés devant vous ici, vous-même vous avez constaté qu’ils ne sont même pas arrêtés dans le même quartier. En plus de ça, ils ont été arrêtés séparément, aucun n’a été pris parmi des manifestants et il n’y avait aucune relation entre eux. Un est arrêté à Sonfonia, les autres à Démoudoula, à Koloma, à Concasseur, à Bonfi et à Matam. Vous avez suivi leurs explications, chacun d’eux était seul quand on l’arrêtait. Et pour qu’il y ait attroupement il faut au moins deux personnes. Comme vous le savez, nous poursuivons à charge et à décharge, c’est pourquoi je vous demande qu’il vous plaise d’ordonner leur relaxe pure et simple pour délit non constitué », a requis le procureur Boubacar 1 Bah.

Dans leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont tour à tour remercié le procureur pour sa réquisition avant de plaider la libération de leurs clients.

Maître Mohamed Abou Camara

Pour maître Mohamed Abou Camara, « l’Etat qui est censé assurer la protection et l’éducation des enfants, est au contraire cet Etat qui est en train de les exposer. Madame la présidente, ces enfants sont victimes d’intimidation, d’abus de pouvoir et d’autorité. Je vous prie de regarder les réalités en face et d’appliquer la loi ».

Maître Thierno Souleymane Barry

De son côté, maître Thierno Souleymane Barry a fustigé les comportements des agents de maintien d’ordre et a regretté que des mineurs innocents soient traduits en justice alors que les prédateurs de l’économie du pays sont en liberté. « Madame la présidente, c’est le lieu et le moment de dénoncer ce dont les enfants sont victimes en Guinée. Il y a des milliards qui sont volés dans notre pays, mais les voleurs de ces milliards, on ne les arrête pas. Ce sont ces mineurs qu’on doit protéger et éduquer là qu’on arrête et qu’on traduit en justice. Madame la présidente, les enfants n’ont pas leur place en prison, mais à l’école où ils vont être formés pour pouvoir se prendre en charge demain. Ils doivent être bien traités puisque ce sont eux la relève de demain. Ces innocents que vous voyez ici aujourd’hui, tout leur problème, c’est le fait de naître en Guinée. Ils n’ont pas droit à la liberté, à la protection et à l’éducation ? J’ai honte pour la Guinée, j’ai honte pour la justice guinéenne. Ce tribunal, pour enfants qui est spécial pour ce genre de dossiers spéciaux, a pour avantage d’avoir des juges compétents et des agents compétents pour la bonne gestion des dossiers en matière pénale. Madame la présidente, je vous demande de libérer ces enfants innocents », a plaidé maître Thierno Souleymane Barry.

Dans la délibération, le tribunal a reconnu coupable cinq mineurs : Abdoul Ghadiri Barry, Alsény Bangoura, Boubacar Diallo, Boubacar Ly et Elhadj Saidou Diallo. Pour la répression, ils sont condamnés à 5 mois de prison assortis de sursis et au payement d’une amende de 500 mille FG.

Les 3 autres : Mamadou Baïlo Diallo, Mamadou Aliou Sy et Alpha Oumar Diallo ont été libérés pour délit non constitué.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

Tel : 00224 622919225 / 666919225

Facebook Comments Box