Interpellations d’individus « suspects » en Guinée : les inquiétudes de Me Foromo

Maitre Foromo Frédéric Loua, président de l’ONG Mêmes Droits pour Tous,
Maitre Foromo Frédéric Loua, président de l’ONG Mêmes Droits pour Tous
Maitre Foromo Frédéric Loua, président de l’ONG Mêmes Droits pour Tous,
Maitre Foromo Frédéric Loua, président de l’ONG Mêmes Droits pour Tous

Comme annoncé dans nos articles précédents, une vague d’interpellations de personnes jugées suspectes par les autorités est en cours depuis quelques jours en Guinée. Des centaines d’individus dont des guinéens et des étrangers ont été arrêtés et mis en détention dans plusieurs villes du pays. Et, cette situation ne laisse pas indifférent Me Frédéric Foromo Loua, président de l’ONG « Les Mêmes Droits pour Tous ». Dans un entretien avec un journaliste de Guineematin.com ce lundi, 28 octobre 2019, l’activiste des droits de l’Homme exprime des inquiétudes par rapport à ces opérations menées par les forces de défense et de sécurité.

« Je pense que l’Etat a le droit d’assurer la sécurité du territoire national et aussi celle des personnes vivant sur le territoire. Nous sommes avec des forces de défense et de sécurité pour arrêter les éléments incontrôlés et non-identifiés qui foisonnent sur le territoire national. C’est normal, c’est le travail de l’Etat. Mais, ce que nous déplorons, c’est la coïncidence avec les événements troubles dans le pays relatifs à cette question absurde, illégale et anachronique de révision constitutionnelle, de 3ème mandat. Donc, nous sommes d’accord que l’Etat assure la sécurité des personnes ainsi que de leurs biens sur l’ensemble du territoire national.

Mais, nous sommes aussi contre le fait pour l’Etat de trouver des alibis, des stratagèmes pour justifier une intervention tous azimuts de nature à intimider les citoyens, de nature à détourner l’attention des citoyens sur l’essentiel. Donc il est important d’assurer la sécurité sur le territoire national, mais aussi il est important que les citoyens puissent avoir la possibilité, le droit d’exprimer leur point de vue, d’exprimer leur désaccord sur cette question encore une fois anachronique, absurde et illégale de remise en cause de l’ordre constitutionnel », a réagi l’avocat.

Poursuivant, cet activiste des droits humains a fait savoir qu’il a du mal à comprendre que « pendant que le peuple est en train de se soulever, de s’élever contre la révision constitutionnel, qu’au même moment on annonce une vague d’arrestations de personnes qui seraient infiltrées sur le territoire national. J’ai envie de comprendre pourquoi tout cet argent octroyé aux forces de défense et de sécurité pour assurer la sécurité encore une fois du territoire national des personnes qui y vivent ainsi que de leurs biens.

Donc, c’est cette coïncidence qui me dérange et que je n’arrive pas à comprendre. D’un côté le peuple se lève pour dénoncer l’accaparement du pouvoir, pour dénoncer l’imposture, pour dénoncer la mauvaise gouvernance, pour dénoncer la confiscation du pouvoir, pour dénoncer l’illégalité du projet de révision constitutionnelle, et au même moment, on annonce une vague d’arrestation de personnes qui seraient infiltrées et qui vivraient sur le territoire national ».

En attendant d’en savoir plus sur cette affaire, Me Frédéric Foromo Loua interpelle l’Etat sur le respect des droits des personnes arrêtées. « Quelle que soit la faute qu’on reproche à un citoyen, son droit à un procès, son droit à être traité de façon digne et légale doit être garantie. Si on estime que ces personnes ont séjourné illégalement ou représenteraient une menace pour la paix publique, il est important de les arrêter, en même temps et il faut leur appliquer la loi. On dit que la garde à vue dure 48 heures renouvelables une seule fois. Donc si c’est le cas, il faut que ces personnes soient entendues dans les délais légaux ou qu’elles soient déférées devant le procureur de la République.

Quitte à lui de décider de la marche à suivre : soit d’ouvrir une information ou de prendre la situation en flagrant délit. Encore une fois, on ne peut pas détenir des personnes, même si c’est des étrangers qui représenteraient une menace pour la paix publique, on ne peut pas les détenir au-delà du délai légal. Il faut que la justice fasse son travail, il faut que nos forces de défense et de sécurité notamment les officiers de police judiciaire puissent jouer leur rôle pour que ces personnes soient déférées dans les délais légaux et dans les formes requises devant l’autorité judicaire pour la suite. Mais on ne peut pas détenir des personnes en violation notoire du droit pénal guinéen », rappelle le président des MDT.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

Facebook Comments Box