Décès du jeune Wahid Diallo : sa famille réclame justice

Comme annoncé précédemment, un jeune avait été atteint d’une balle à la tête, dans la journée du 15 octobre à Wanindara, un quartier de la haute banlieue de Conakry. C’était en marge des manifestations appelées la semaine dernière par le front national pour la défense de la constitution.

La victime, Abdoul Wahid Diallo, a finalement succombé à ses blessures dans la soirée du mercredi 23 octobre 2019, au centre hospitalo-universitaire de Donka. Aujourd’hui, sa famille pleure un enfant courageux, dynamique, respectueux et obéissant, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui est allé à la trace de ce jeune de 17 ans.

Né d’un couple guinéen en 2002 à Korhogo (la quatrième ville de la Côte d’Ivoire en termes de population et d’économie), Abdoul Wahid Diallo fera ses premiers pas dans cette partie Nord du pays de Felix Houphouët Boigny (le père de l’indépendance de la Côte d’Ivoire), située à plus de 600 kilomètres d’Abidjan. Il est le deuxième enfant, mais le premier fils (son ainée étant une fille) de ce couple Diallo, originaire de la préfecture de Dalaba, dans la région administrative de Mamou, dans le contrefort montagneux du Foutah Djallon.

Six (6) ans après sa naissance (en 2008), ses parents reviennent définitivement en Guinée. Et, dans leurs bagages, ce jeune garçon qui foule le pied, pour sa première fois, sur la terre de ses ancêtres. Ils s’établiront à Wanindara, dans la haute banlieue de Conakry. Et, Abdoul Wahid Diallo, du haut de ses 6 ans, aura la chance d’être scolarisé. Au fil des ans, avec courage et détermination, ce petit garçon ira d’une classe à une autre. Il décrochera le ticket pour le collège (après son admission à l’examen d’entrée en 7ème année). Cette année scolaire 2019-2020 en Guinée, il devait faire la 8ème année au collège ‘’Nouroul d’Afrique’’. Mais, par la faute d’un agent des forces de l’ordre, ce jeune n’est plus de ce monde. A la faveur d’une manifestation violemment réprimée le 15 octobre dernier, un agent de sécurité lui a tiré une balle dans la tête.

« Une balle dans la tête » peut facilement conduire les passionnés de cinéma au film hongkongais de John Woo, sorti en 1990. Mais, la violence dont Abdoul Wahid Diallo a été victime s’est déroulée dans la haute banlieue de Conakry, après une « reforme » des forces de défense et de sécurité.
Rencontré ce vendredi, 25 octobre 2019, Amadou Diallo, un des oncles paternels de Wahid, nous plonge dans l’effroyable scène qui a coûté la vie à son neveu.

« Abdoul Wahid ne se portait pas bien depuis quelques. Il passait toute la journée à la maison. Et, le mardi 25 octobre, un de ses amis est venu lui rendre visite. Quand son ami a voulu rentrer, Abdoul Wahid s’est levé pour le raccompagner. Ensemble, ils ont parcouru quelques mètres. Et, d’un coup, Abdoul Wahid a commencé à vomir. Inquiet de le voir dans cet état, son ami a rebroussé chemin pour le ramener à la maison. C’est pendant ce retour qu’un agent qui avait monté une embuscade a ouvert le feu sur lui. Cet agent de sécurité était caché quelque part. Et, il y avait un vieux entre les deux jeunes (Abdoul Wahid et son ami) et l’agent qui détenait l’arme. L’agent a dit au vieux de quitter. Ce dernier a obéit. Et, dès que les jeunes se sont présentés, il a ouvert le feu. Abdoul Wahid a été atteint à la tête. Il est tombé sur le sol », a expliqué monsieur Amadou Diallo, citant comme témoin le vieux qui a été épargné par l’assassin du jeune Abdoul Wahid.

Transporté au Centre de Santé qui se trouve non loin de son domicile familial, Abdoul Wahid sera finalement évacué par la Croix Rouge à l’hôpital Donka où il a été admis au centre de réanimation. Et, c’est dans ce centre hospitalo-universitaire de Conakry que Wahid Diallo, après plus d’une semaine de lutte contre la mort, rendra l’âme sous le regard impuissant de sa famille.

« Il est resté huit jours en réanimation. Il est décédé le neuvième jour (Mercredi 23 octobre) aux environs de 20 heures. Son corps a été transporté à la morgue de l’hôpital Ignace Deen, à côté des autres victimes qui ont été tuées la semaine dernière lors de la manifestation du FNDC », a précisé monsieur Amadou Diallo.

Depuis son décès, les gens se succèdent dans sa famille pour présenter les condoléances à ses parents, visiblement très attristés par cette perte tragique d’un enfant courageux, respectueux, dynamique et obéissant.

« Mon jeune frère (Abdoul Wahid) était intelligent, courageux et respectueux. Malgré son âge et sa taille, il ne m’a jamais manqué de respect. On s’aimait beaucoup. Et, j’avais de l’estime pour lui », nous dit sa sœur aînée, dont nous nous réservons de publier la photo dans ce texte.
Assis sous une tente érigée dans sa cour, le père de Wahid accueille les visiteurs. Pas un mot à notre micro, les gens ne cessent de lui serrer la main et le consoler de son chagrin. « C’est affreux ce qui s’est passé. Mais, nous sommes des croyants. Et, les croyants se remettent toujours à la volonté de Dieu », ne cesse-t-on de dire au père qui a le cœur meurtri.

Abdoul Wahid Diallo n’était pas simplement un élève. Ce jeune apprenait aussi la vitrerie et se dévouait à la lecture du Saint Coran. Sa mère est encore inconsolable. Elle a du mal à contenir ses larmes et à ce résoudre à cette mort tragique de son enfant. La gorge nouée, sa voix est à peine audible…

Parti à jamais dans le royaume du silence, Abdoul Wahid Diallo (comme une centaine de jeunes tombés sous les balles des agents de sécurité, sous la gouvernance du Pr Alpha Condé) laisse derrière lui des êtres chers qui souhaitaient partager beaucoup de choses avec lui. Des êtres qui réclament aujourd’hui justice, sans trop d’espoir, malheureusement…

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Facebook Comments Box