Refus de libérer les corps pour les funérailles : Me Bamba dénonce le ministère de la Santé

Me Kpana Emmanuel Bamba, président de la Ligue Guinéenne des Droits de l’Homme (LIGUIDHO)
Me Kpana Emmanuel Bamba, président de la LIGUIDHO

Le ministère guinéen de la Santé s’est illustré négativement en publiant un communiqué mardi soir, 29 octobre 2019, sur la situation des corps des jeunes tués lors des manifestations appelées par le FNDC les 14, 15 et 16 octobre dernier.

Le département dirigé par Edouard Niankoye Lamah a laissé entendre que les autopsies ne sont pas terminées et que les familles ne pouvaient pas récupérer les corps ce mercredi pour les enterrer comme c’était prévu. Me Kpana Emmanuel Bamba, le président de la Ligue Guinéenne des Droits de l’Homme (LIGUIDHO) voit dans cette démarche, une atteinte grave à l’indépendance de la justice.

« A notre avis, le ministère de santé n’a pas la compétence de prendre une telle décision dans la mesure où après la commission d’une infraction, c’est le procureur de la République et éventuellement s’il y a un juge d’instruction qui est saisi, ce sont les deux qui sont compétents pour pouvoir gérer les conséquences immédiates de cette crise. Donc, dès lors qu’à la suite des manifestations il y a commission d’infractions, il y a eu des cas de morts, le procureur est le seul compétent avec un juge d’instruction de gérer la situation des cas de morts.

C’est le juge d’instruction qui commet, à la suite d’une ordonnance, un expert c’est-à-dire un médecin légiste, et les résultats de l’examen, de l’autopsie sont communiqués au dossier de la procédure, donc au juge d’instruction. Donc pour nous, dès lors que la suite de la crise est gérée par la justice, il ne revient qu’à la justice de donner des informations relatives à la suite de cette procédure. Donc, si le ministère de la santé s’immisce ainsi dans cette affaire, nous pensons qu’il y a une atteinte grave au principe de l’indépendance de la justice », a-t-il réagi.

L’activiste des droits de l’Homme rappelle que le parquet de Dixinn a ouvert une information judiciaire suite à ces différents meurtres. Selon lui, il revenait donc à celui-ci de communiquer sur ce dossier. « Nous, organisations de défense des droits de l’Homme, nous avions exigé l’ouverture d’une information. Et certainement vous avez appris que le parquet d’instance, par exemple le tribunal de Dixinn, a informé qu’il y a eu l’ouverture d’une information et que les enquêtes étaient en cours. Donc pour nous, c’est seulement ce parquet ou le juge d’instruction qui a été saisi, qui doit se prononcer normalement sur la suite de la procédure », souligne Me Kpana Emmanuel Bamba.

A rappeler que suite au refus du gouvernement de leur rendre les corps des 11 jeunes tués lors des manifestations contre un troisième mandat pour le président Alpha Condé des 14, 15 et 16 octobre dernier, les parents des victimes et le FNDC ont dû reporter les obsèques qui devaient avoir lieu ce mercredi, 30 octobre 2019. Les funérailles sont programmées encore pour demain, jeudi. Reste à savoir si les autorités accepteront cette fois de rendre les corps.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

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