Guinée : un collectif d’avocats pour défendre tout journaliste

Dans l’exercice de leur métier, les journalistes guinéens sont souvent victimes de tracasseries et de poursuites judiciaires. Un collectif d’éminents avocats s’est constitué pour désormais défendre tout homme de médias qui ferait l’objet d’une poursuite judiciaire. La présentation dudit collectif a été faite au cours d’une conférence organisée à la maison de la presse à Kipé ce vendredi, 1er novembre 2019, a constaté un reporter que Guineematin.com a dépêché sur place.

En Guinée, plusieurs journalistes ont fait l’objet de poursuites judiciaires et certains d’entre eux ont même été incarcérés à la maison centrale de Coronthie. Face à cette situation, un collectif d’avocats a été officiellement constitué pour prendre la défense des journalistes.

D’entrée de jeu, Maître Frédéric Foromo Loua, l’un des conférenciers, a dévoilé la composition du collectif des avocats pour la défense des journalistes : « il s’agit de maîtres Mohamed Traoré, ancien bâtonnier ; Salifou Béavogui, Pépé Antoine Lama, Thierno Souleymane Barry et moi-même, maître Frédéric Foromo Loua », a-t-il dit.

Par ailleurs, maître Loua est revenu plus en détails sur les raisons de création de cette structure. « Le collectif a pour mandat de gérer d’éventuelles poursuites qui seraient engagées contre les journalistes dans l’exercice de leur profession. C’est aussi l’occasion de rappeler que les journalistes, dans l’exercice de leur profession, ne sont soumis qu’à l’autorité de la loi L02 du 22 juin 2010 qui a dépénalisé les délits de presse dans notre pays. Cette loi constitue une avancée majeure dans le processus de la construction démocratique de notre pays. Cette loi couvre et protège les journalistes dans l’exercice de leur profession et c’est celle là qui doit être invoquée lorsqu’on doit lancer une poursuite contre un journaliste dans le cadre de son travail. En raison de ce que je viens de dire, invoquer une autre loi pour poursuivre un journaliste constitue une tentative d’intimidation, de musellement et de mise au pas de la presse, qui constitue un pilier essentiel dans toute construction démocratique. Nous avons la ferme détermination et nous avons décidé, eu égard aux circonstances sociopolitiques actuelles en terme de violation des droits de l’homme, en terme de violation de procédures, de mettre en place ce collectif pour accompagner, assister les journalistes lorsqu’ils sont amenés à être inquiétés, poursuivis dans le cadre de leur travail », a fait savoir le président de l’ONG Mêmes Droits pour Tous (MDT).

En ce qui concerne le dossier de notre confrère Lansana Camara, poursuivi par le ministre des Affaires Etrangères pour délit de diffamation par voie de presse, Me Frédéric Foromo Loua a apporté des précisons sur ce qui avait été fait. « Nous avions introduit une demande de mise en liberté provisoire. Une première demande, qui avait été refusée, et par la suite la seconde demande, le juge a bien voulu accepter de prendre une ordonnance de mise en liberté assortie d’un contrôle judiciaire. Donc depuis un bon moment, c’est la procédure qui continue et nous voulons véritablement finir avec cette procédure qui n’a que trop duré. Parce que depuis l’ordonnance de mise en liberté provisoire, le dossier n’a pas évolué autrement. Nous voulons voir la fin de cette procédure pour que monsieur Camara puisse vraiment dormir en paix et qu’il n’ait pas ce souci par rapport à la gestion de cette procédure », a-t-il laissé entendre.

L’autre dossier concernant des journalistes est celui relatif à la plainte contre des gendarmes qui avaient maltraité physiquement des journalistes à l’Eco 3 de Matam. En l’absence de Me Salifou Béavogui et de Me Mohamed Traoré qui ont suivi le dossier, c’est Sidi Diallo, secrétaire général du Syndicat de la Presse Privée de Guinée (SPPG) qui a tenu à rassurer ses confrères. « Nous allons poursuivre le travail. Soyez sûrs que Me Salifou Béavogui et Me Mohamed Traoré sont en train de faire un bon travail. Au nom du syndicat de la presse privée, je ne peux que me réjouir de cette belle opportunité. Parce qu’hier, on pouvait arrêter des journalistes, car il y avait un manque de solidarité, il y avait aussi un manque d’avocats parce que ça demande beaucoup de moyens. Dieu merci, nous avons non seulement des avocats qui nous accompagnent, mais aussi l’arrivée d’un partenaire comme OSIWA Guinée », s’est félicité Sidi Diallo.

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tél. : 620 21 39 77/ 662 73 05 31

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