Contre un 3ème mandat en Guinée : Abdoulaye Oumou (FNDC) sur la marche de ce jeudi

Abdoulaye Oumou Sow, coordinateur de la communication du FNDC
Abdoulaye Oumou Sow, coordinateur de la communication du FNDC

Initialement prévue sur l’autoroute Fidel Castro, la marche du front national pour la défense de la constitution se tiendra finalement demain, jeudi, du rond-point de la Tannerie à l’esplanade du stade du 28 septembre. L’annonce a été faite à Guineematin.com ce mercredi, 06 novembre 2019, par Abdoulaye Oumou Sow, coordinateur de la communication du FNDC.

Selon ce journaliste-blogueur et membre du FNDC, la marche aura bien lieu ce jeudi. Et, l’itinéraire est le même que celui du 24 octobre dernier. Les marcheurs devraient partir du rond-point de la Tannerie (dans la commune de Matoto) pour l’esplanade du stade du 28 septembre (dans la commune de Dixinn), en passant par le rond-point de Hamdallaye (dans la commune de Ratoma).

« La marche est maintenue. Et, nos équipes sont en route comme ça pour le gouvernorat où elles vont avoir une réunion avec le conseil de sécurité de la ville de Conakry et le gouverneur, pour discuter de la sécurisation de la marche. L’itinéraire que nous avons demandé, du rond-point de la Tannerie à l’esplanade du stade du 28 septembre est obtenu. Nous avons reçu les lettres réponses hier (lundi). Et, nous pensons que cet acte III du FNDC sera une mobilisation sans précédent. Nous avons maintenue l’itinéraire du 24 octobre dernier. Cet itinéraire sur lequel on a déjà marché sans qu’il n’y ait aucune violence », a indiqué Abdoulaye Oumou Sow.

Au préalable, cette marche contre le projet de nouvelle constitution et un troisième mandat pour le président Alpha Condé était prévue sur l’autoroute Fidel Castro. Mais, pour le coordinateur de la communication du FNDC, quelque chose a pesé dans la balance pour qu’il y ait ce changement d’itinéraire.

Abdoulaye Oumou Sow, coordinateur de la communication du FNDC

« Nous avons renoncé à la marche de lundi pour rendre un hommage aux jeunes martyrs qui ont été lâchement assassinés par le gouvernement. Et, la marche de lundi était prévue sur l’autoroute. Et, nous avons souhaité ce jeudi, revenir à l’itinéraire initial que les autorités ont voulu nous proposer. Et, nous-mêmes on a réfléchi par rapport à la distance… A la marche du 24 octobre, beaucoup de personnes sont sorties. Il y a eu des vieilles personnes qui voulaient marcher avec nous de la Tannerie à l’esplanade… Donc, on a pris en compte de l’âge des personnes qui sortent. C’est pourquoi on a réduit l’itinéraire au stade du 28 septembre. Et, nous espérons qu’il y aura une foule compacte sur toute l’itinéraire », a expliqué Abdoulaye Oumou Sow.

Des véhicules de la police fonçant sur le cortège funèbre, le lundi dernier, à Bambéto

Réagissant au communiqué du gouvernement qui laisse entendre que les personnes tuées lundi dernier, n’étaient pas dans le périmètre de la marche funèbre organisée par le FNDC et les familles des victimes des violences enregistrées lors de l’acte I des manifestations du FNDC, le coordinateur de la communication du FNDC a exprimé son indignation. « C’est à la limite insultant que le gouvernement puisse se prononcer comme ça… Donc, ça veut dire que le gouvernement sait où ils ont été tués et comment ils ont été tués. Ça veut dire qu’ils sont responsables de ces morts. C’est eux qui ont assassiné ces jeunes, parce qu’ils ont ciblé là où les tuer pour pouvoir, peut-être, le justifier. Mais, je vous rappelle justement que vous étiez, vous ou vos collègues de la rédaction, sur le terrain. Vous avez vu quand le cortège funèbre a été attaqué. La première fois, c’était à Kipé, juste après les rails. On a réussi à calmer les jeunes et dépasser cet obstacle. Ensuite, nous sommes venus jusqu’au niveau de l’ARPT, en remontant la pente, c’est là qu’on a vu un pick-up de la police foncer sur la foule en tirant des coups de sommation. Et, après ils ont tiré dans la foule. Nous avons eu cinq jeunes qui sont tombés sur le champ. Certains ont été atteints par balle à l’épaule, d’autres sur le bras et les jambes. Nous les avons envoyés dans les cliniques les plus proches. Et, le cas le plus grave, a immédiatement été envoyé à l’hôpital Ignace Deen. Et, finalement il a succombé à cette blessure… il y a un journaliste de Gangan qui était arrêté auprès de l’une des victimes qui est tombée sous les balles à Bambéto… Au-delà des répressions qui se sont suivies à la mosquée, ils ont suivi le cortège funèbre au cimetière où ils ont tiré du gaz lacrymogènes. Heureusement, les gens avaient mis les corps sous terre. Parce qu’ils ont fait irruption dans le cimetière, ils ont pris les caisses vides, ils ont emporté certaines et cassé d’autres… Et, nous voyons le gouvernement sortir pour justifier la mort des gens pour dire oui des gens ont été assassinés, mais ils n’ont pas été assassinés dans le cortège funèbre. L’Etat tue, il empêche que les personnes tuées soient enterrées, les familles essayent de forcer la situation et l’Etat vient encore tuer d’autres personnes. Dans quel Etat on est ? Où est l’humanisme dans ce pays ? Je pense qu’on a violé tous les droits de l’homme dans notre pays. Les limites ont été atteintes, la ligne rouge a été franchie. Mais, il va falloir résister à cette oppression. C’est la seule alternative qui reste aujourd’hui au peuple. Nous sommes assassinés par l’Etat. Et, je le disais plutôt, ce ne sont pas les forces de sécurité qui se comportent de la sorte. Nous considérons aujourd’hui qu’il y a une milice autour d’Alpha Condé, qu’il y a un escadron de la mort avec le pouvoir qui tue les citoyens », s’est indigné Abdoulaye Oumou Sow.

Face aux répressions meurtrières dont les guinéens sont victimes lors des manifestations politiques et sociales dans le pays, le coordinateur de la communication du FNDC prévient que ce mouvement anti-3ème mandat ne va pas tomber dans le piège de la violence. « Nous allons continuer à sensibiliser la population à sortir et marcher dans la discipline. Mais, nous allons leur dire également de résister à l’oppression. C’est maintenant ou jamais qu’il faille résister. Nous appelons à une forte mobilisation du peuple de Guinée pour passer un message fort à Alpha Condé. Nous estimons que c’est le moment de lui dire que les Guinées, dans leur majorité, sont opposés à ce projet satanique de troisième mandat. Nous appelons tous les citoyens qui ont l’âge de voter à sortir pour marquer leur désapprobation à cette manière de répression de l’Etat…», a indiqué Abdoulaye Oumou Sow.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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