Photographie et smartphones : une révolution qui fait mal à certains

Tamba Millimono du studio ABD Photos numériques de Matoto

L’évolution de la technologie entraîne un changement de comportements. Et cela n’a pas que des conséquences positives. Les photographes évoluant à Conakry le savent très bien. Le développement du secteur de la téléphonie mobile avec l’arrivée des smartphones impacte négativement leur travail. C’est en tout cas ce que certains professionnels de la photographie ont expliqué à un reporter de Guineematin.com qui est allé à leur rencontre.

Tamba Millimono du studio ABD Photos numériques de Matoto

C’est le cas de Tamba Millimono, en service au studio ABD Photos numériques de Matoto. Selon lui, les smartphones ont révolutionné le secteur de la photographie, au grand dam des professionnels du métier. « Avant, nous étions très respectés dans les cérémonies. Mais de nos jours, nous sommes trop minimisés en raison de l’influence des smartphones. Même ceux qui nous invitent à leur cérémonie ne nous accordent pas une grande importance. Quand nous les photographions, il y a souvent des gens qui viennent avec leurs téléphones portables pour nous empêcher de travailler. On valorise plus les téléphones que les appareils photographiques maintenant. C’est pourquoi d’ailleurs, notre clientèle a beaucoup baissé. Au lieu d’aller chez un photographe, beaucoup préfèrent désormais prendre les photos avec leurs téléphones et après s’ils veulent, ils vont les faire laver. Cela ne nous arrange pas du tout », soutient-il.

Momo Bangoura du studio Photos Tondon de Matoto

Une position largement partagée par Momo Bangoura, en service au studio Photos Tondon de Matoto. Ce dernier estime que le métier de photographe est sérieusement menacé aujourd’hui par les smartphones. « Depuis l’arrivée des smartphones, nous avons constaté une baisse de notre clientèle en ce qui concerne la prise de photos. Les gens préfèrent prendre les photos dans leurs téléphones et les regarder là-bas quand ils veulent.

C’est seulement les photos qu’ils veulent agrandir qu’ils envoient dans les labos pour les agrandir. Avant l’arrivée des smartphones, un photographe pouvait finir 3, 4 à 5 bobines qui peuvent faire entre 200 et 300 photos dans une cérémonie de mariage. Mais aujourd’hui, c’est seulement quelques dizaines de photos qu’on peut faire dans une cérémonie. Donc la clientèle est rare et notre intérêt est menacé », a-t-il laissé entendre.

Face à cette menace, certains professionnels de la photographie ont su s’adapter à la situation. C’est le cas d’Abdoulaye Baldé, communément appelé Number one, photographe-caméraman au studio Tudor photos de Cosa. Au lieu que les smartphones ne soient un obstacle pour lui, il en fait aujourd’hui un atout.

Abdoulaye Bald, alias Number One, photographe-cameraman au studio Tudor photos de Cosa

« En réalité, les clients sont moins nombreux maintenant qu’avant. Mais, on parvient tout de même à nous en sortir. Parce qu’il y a certaines personnes qui prennent des photos en Europe, ils nous les envoient par mail pour qu’on les traite et on les donne aux destinataires. Et même ici, les gens prennent des photos avec leurs téléphones, ils me les envoient. Je traite les images et je les lave pour eux et ils me payent. Donc moi, la prise de photos par les téléphones ne me dérange pas, au contraire ça m’arrange parce que ça me permet de me déplacer moins. Les gens peuvent prendre eux-mêmes les photos qu’ils veulent, ils me les envoient et moi je me charge de les traiter et les laver », explique notre interlocuteur.

Fatoumata Djouldé Diallo pour Guineematin.com

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