Les blocs 1 ; 2 ; 3 et 4 de la Chaine Simandou : une propriété de la Chine ? (Libre Opinion)

Abdoulaye Keita

Le potentiel

Il est d’abord écologique. Le Simandou a également un potentiel agricole pour des milliers de citoyens. Située en région forestière, la Chaîne fait plus de 100km de long sur 300m de hauteur. Elle est riche en minerai de fer de haute teneur.

Le Gisement de minerai de fer du Simandou est de classe mondiale qui devrait tenir plus de quatre (4) décennies d’exploitation pour une production annuelle de 100 millions de tonnes. Sa teneur moyenne selon les études est de l’ordre de 62% soit l’un des gisements les plus riches au monde. Le développement du projet Simandou, selon les études de faisabilité et toutes les estimations y afférentes, ainsi que les exigences imposées par l’Etat au niveau des infrastructures, fait de cette chaine un levier économique prépondérant, impactant directement près de 10 préfectures du pays.

Le Consortium SMB-Winning lève le mystère sur la montagne

Un peu Plus de 20 ans plus tôt, Espoirs perdus, annonces et rendez-vous manqués dans les calendriers de Rio Tinto et des ex propriétaires des blocs 1 et 2, VALE et BSGR tous sur le Simandou, le projet ne restera que sur papier. Des experts évoquent d’éventuels manquements orchestrés par les sociétés minières au détriment d’une véritable volonté de mise en exécution réelle des études de faisabilités pour une exploitation qui était politiquement et économiquement toujours attendue et possible.

Pour l’exploitation du fer, la Guinée n’avait jamais été si près de l’atteinte de ce objectif de production sur les gisements au Sud du pays. ‘’La pauvreté de l’Etat’’ a toujours joué en sa défaveur dans la prise de décision sur les questions d’exploitation du minerai de fer du Simandou. Prise de décision rendue complexe par la difficulté par les multinationales de répondre aux exigences des gouvernements successifs relatives à la nécessité du Transport de minerai à travers le Pays. Le mystère du Simandou ? Le Consortium SMB-Winning comme dans la bauxite pour la région de Boké est venu imposer son modèle d’investissements concret. Brisant tous les tabous de la lenteur procédurale de mise en place d’un projet de développement de mine et les aléas de recherche de financement. La SMB exploite la bauxite de Boké en devenant le premier producteur national en 3 ans. 42 millions de tonnes exportés en 2018 et 50 millions de tonnes en prévision d’expédition en 2019. Inédit. La Société a lancé une offensive dans son investissement sur la bauxite, en misant sur la transformation locale en alumine et son projet de chemin de fer pour la bauxite de 135km, devenant le leader dans le domaine des infrastructures ferroviaires, minières et portuaires ; les ports de Katougouma et Dapilon à son actif.

L’attente aura été très longue, d’annonces et de promesses. Le fer ne sortira jamais des entrailles du mont Simandou malgré sa richesse et le fait d’être dans les mains des plus grands producteurs au monde, Rio Tinto, Vale BSGR. Le gisement situé au Sud de la Guinée est devenu un mystère stratégique d’enrichissement hors du pays. A lui seul, il constitue un patrimoine économique et écologique majeur. Incontestablement l’un des plus riches au monde. Les gisements du Simandou font plus de 2 milliards de tonnes de réserves en fer de haute teneur.

La ligne de chemin de fer de 650km de Kérouané à Forécariah, la construction du port en eau profonde, les routes annexes, les infrastructures d’hébergement et celles de production d’électricité ainsi que l’alimentation en eau pour répondre aux besoins du Simandou, ont rendu plus complexe ce méga projet déjà difficile. C’était sans compter sur l’engagement d’une junior dans la bauxite qui, dans la diversification minière de ses activités, soumet aussi son offre dans la procédure d’acquisition des blocs 1 et 2 du Simandou lancé par le gouvernement le 13 juillet dernier.

Pourquoi la SMB, forte dans la bauxite a remporté le Simandou devant Fortescue Metals Group pourtant spécialisée dans le fer ?

Le dépouillement des offres du 4 octobre a été une étape déterminante dans la vie du Simandou. Sur les trois sociétés à avoir acheté les cahiers de charges, deux ont postulé, la Société Minière de Boké et Fortescue Metals Group. La troisième, Vale n’a plus continué la course du projet.

« L’offre de la SMB que nous avons eue » déclare une source confidentielle mentionnée dans une note confidentielle, le Consortium SMB s’est engagé à construire le chemin de fer le plus attendu pour la Guinée. Il fait selon son étude 670km et à réaliser le port multi-usagers en eau profonde en basse guinée pour l’expédition de minerai. Sur le volume financier, la société australienne Fortescue n’a donné aucun engagement de financement d’infrastructures au-delà de la mine soit son investissement annoncé de 3.5 milliards de dollars contrairement à la SMB qui s’annonce avec 15 milliards de dollars.

Selon le document de synthèse aussi confidentiel de sélection et sur la base des résultats de la commission interministérielle (Mines, Transport, Budget, Economie et Finances) et sur la base d’une évaluation indépendante d’une firme américaine d’audit basée à Londres, la SMB a obtenue 75.57 point sur 100 contre 42.71/100 pour l’Australienne. En plus, la SMB se serait engagée aussi à financer d’autres infrastructures comme l’aéroport de Kérouané et le corridor agricole le long du chemin de fer.

Dans une publication sur les réseaux sociaux, Fadi Wazni, le Président du Conseil d’Administration du Consortium SMB Winning, UMS s’est félicité de « l’excellent travail réalisé par ses équipes pour la conquête du Simandou » se réjouissant que son projet soit le premier employeur direct en Guinée, 9000 emplois crées depuis avec 50.000 emplois indirects. Sur le plan économique, le Consortium SMB-Winning-UMS est selon lui, le premier contribuable avec 2.000 milliards de GNF d’impôts directs par an.

Les blocs 1 ; 2 ; 3 et 4 de la Chaîne Simandou, une propriété de la Chine ?
Les blocs 1 et 2 sont par une procédure transparente, non contestée par la partie perdante, la société Fortescue Metals Group, été octroyés à la SMB. La société est un conglomérat d’investissements : Le singapourien Winning Shipping Ltd, armateur asiatique de premier plan ; UMS, une société de transport et de logistique française présente en Guinée depuis plus de 20 ans ; Shandong Weiqiao, une société chinoise leader dans la production d’aluminium, forte de 160 000 employés et le Groupe Yantai Port. La République de Guinée, partenaire du projet, est actionnaire à hauteur de 10%. Le Consortium SMB-Winning est le fournisseur potentiel de la bauxite guinéenne pour la Chine. Dès lors, le besoin en métaux toujours croissant de la chine, dénote l’intérêt de la SMB à avoir mis la barre haute sur la proposition de l’investissement sur le simandou.

Or, l’on sait aussi que les autres blocs ‘3 et 4’ sont détenus par Rio Tinto et Chinalco comme actionnaire.

En octobre 2016, Rio Tinto avait décidé de geler le Simandou. Le Géant minier anglo-australien a signé un protocole d’accord avec le chinois Chinalco pour lui céder la totalité de ses parts du capital dans le gisement de fer de Simandou. La Société n’a pas réussi à réunir les financements nécessaires pour la construction des infrastructures indispensables au développement de cette mine. Rio Tinto, de son côté, devrait recevoir de Chinalco un paiement compris entre 1,1 et 1,3 milliard de dollars, une somme légèrement inférieure au montant de son investissement (1,4 des 3,5 milliards de dollars investis par les partenaires dans le projet). La Société financière internationale, véhicule de l’investissement privé de la Banque mondiale, avait elle aussi à cette époque annoncé sa sortie de Simandou.

En 2018, pendant que le Ministère des Mines de Guinée avait haussé le ton face à Rio Tinto, laissant entendre que l’Etat guinéen exige le respect des engagement de développement de ce projet de fer, et le cas échant toutes les options seraient ouvertes, Rio Tinto annonce que l’accord non contraignant conclu avec le groupe chinois Chinalco, portant sur l’acquisition de la participation de Rio Tinto dans la grande mine de fer de Simandou, en Guinée, était devenu caduc.

Rio Tinto a suivi avec attention la procédure de récupération des blocs 1 et 2 et leur réattribution à de nouveaux investisseurs « chinois ». Le Géant s’agiterait au tour du Ministère des Mines et de la Géologie selon nos informations pour annoncer son intention de revenir sur le développement du Simandou avec des options d’une possible participation au financement des infrastructures notamment le chemin de fer. Le ridicule ne tue pas. Et si, l’Etat Guinéen n’a aucune volonté de coopération véritable avec le Géant Rio Tinto, toute chose normale après les décennies de refus de Rio Tinto à promouvoir sérieusement le Simandou au détriment de la Guinée, la Société n’aurait plus d’option que de liquider ses actifs à Chinalco et l’ensemble du Simandou reviendrait à toute pompe aux investissements chinois.

La Guerre Chine-Amérique en terrain Simandou est-elle ouverte ?

Le Plus important pour l’heure est le fait que ce gigantesque projet de Trans guinéen soit lancé, un véritable boom économique le long du corridor. Dans l’espoir que l’Etat se donnera tous les moyens pour le contrôle et suivi de la future convention à signer avec le Consortium SMB-Winning.

Par Abdoulaye KEITA

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