Guinée : « la biodiversité ne se porte pas bien »

Mamdou DIAWARA Directeur Exécutif Guinée Ecologie
Mamdou DIAWARA

La Guinée a été dotée par dame nature d’immenses ressources naturelles parmi lesquelles, un vaste et riche patrimoine forestier et des espèces fauniques parfois uniques au monde. Mais la triste réalité aujourd’hui est que cette biodiversité subit des agressions de toute part, ce qui n’est pas sans conséquences sur la vie des espèces et leur habitat naturel.

Qu’est-ce que la biodiversité ? Quel est le cadre conventionnel et législatif ? Pourquoi protéger la biodiversité ? Comment se porte-t-elle en Guinée et quel est le rôle que doit jouer l’ensemble des acteurs ? Autant de questions que nous avons posées au Directeur Exécutif de « Guinée Ecologie » M. Mamadou DIAWARA.

Un entretien à bâtons rompus que nous vous invitons à suivre.

M.Mamadou DIAWARA dites-nous pour commencer c’’est quoi la biodiversité ?

Merci pour cette opportunité alors, la biodiversité pour qu’on comprenne, c’est la diversité des formes de vie qui existent sur terre. Bio c’est la vie et diversité c’est la multitude des espèces sur terre.

La biodiversité est ainsi constituée de plantes, de micro organismes, c’est tout cela qui forme la diversité génétique au sein des espèces et leurs habitats, qui forment les écosystèmes. Lorsque vous prenez la chaine trophique, ce sont des maillons interdépendants. Il y’a les producteurs, transformateurs, les prédateurs, et les consommateurs. Chaque espèce je dois préciser dépend de l’autre, et sans l’un les autres ne peuvent pas survivre. Un exemple concret, lorsque vous détruisez la forêt, cela va s’en dire que les espèces fauniques ne survivront pas.

Pourquoi protéger la biodiversité ? Puisqu’apparemment vous en parlez beaucoup avec préoccupation ?

Vous avez raison, avec tout ce qui passe en termes d’agressions, je pense fermement qu’il est i impératif de protéger la biodiversité, car notre survie et surtout celles des générations futures en dépend.

Nous devons protéger la biodiversité, car les océans, les forets, (les médicaments, la viande, la pluviométrie, et surtout le fait que les forêts séquestrent le CO2 responsable en grade partie du réchauffement climatique, qui sévit dans le monde en général et dans les pays en développement en particulier, sont autant de raisons qui doivent nous pousser à cette responsabilité citoyenne et aussi, historique, je veux parler de ce que nous aurons à léguer à nos enfants et petits enfants.

Si on vous demandait comment se porte la biodiversité en Guinée, que répondriez-vous ?

Il faut être honnête de le dire, la biodiversité en Guinée ne se porte pas bien, mais il ne faut pas s’alarmer car on peut encore agir pour préserver ce que nous avons.

Vous savez les espèces disparaissent, dans le monde, il faut donc agir. Il s’agit de prendre ses responsabilités, ne pas se contenter de dénoncer ou de tenir des rencontres pour enfin ne rien faire sur le terrain. La situation est urgente, il faut agir sans attendre. Le couvert végétal, les eaux sont polluées, la pollution de l’air, les espèces fauniques également donc, nous sommes dans une situation où l’heure ne doit plus être à la discussion, mais aux actions sur le terrain.

Récemment M le Directeur Exécutif, vous étiez au Mozambique pour une rencontre sur la biodiversité, de quoi il s’agissait et quelles sont les retombées pour la République de Guinée qui a une riche biodiversité ?

Effectivement, nous étions récemment au Mozambique dans le cadre d’un projet appelé COMBO. Il est financé par l’AFD l’agence française de développement, la fondation MAVA et d’autres partenaires. Il était question en fait, d’évaluer le parcours du projet qui concerne le Mozambique, la Guinée, l’Ouganda et Madagascar. Au cours de cet atelier, de voir comment faire allier le développement à l’environnement, pour ne pas que l’un soit détruit au profit de l’autre.

En un mot, ne pas se développer en oubliant ou en l’agressant continuellement l’environnement. La preuve, de nombreux projets évoluent de nos jours, sans la prise en compte effective de la dimension environnementale, par le non respect des études d’impact social et environnemental préalables et cela, n’est pas sans conséquences, tant sur l’environnement que sur le plan économique et social.

Que faut-il faire aujourd’hui pour sauver notre biodiversité ?

Je l’ai dit tantôt l’heure ne doit plus être aux discours mais aux actions sur le terrain, sinon je crains que la situation ne soit plus sous contrôle dans les prochaines années, alors qu’il est temps d’agir.

Aux communautés, de prendre conscience, par exemple la coupe abusive du bois, la déforestation ne sont pas des bonnes pratiques. Il faut cependant, qu’on les trouve des activités de rechange, des activités génératrices de revenus pour qu’elles trouvent ailleurs de quoi se nourrir et assurer la survie de leurs familles.

Pour protéger la biodiversité ou l’environnement en général, il faut des accords des conventions mais aussi des textes juridiques au plan national, qu’en –est –il pour notre pays ?

Notre pays a signé de nombreux accords et conventions sur l’environnement, mais aussi au plan national. Parmi eux, on peut citer la convention d’Abidjan sur le milieu marin, la convention sur la diversité biologique signée en 1992 à Rio de Janeiro au Brésil. On peut citer également les objectifs d’Aichi qui ont du mal à être atteints à cause des problèmes financiers notamment.

Au niveau national, on peut citer le code de l’eau, de l’environnement en révision, la loi du littoral aussi, le code forestier, le code la faune etc. Nous avons vraiment un cadre juridique et conventionnel approprié, mais la mise en œuvre n’est pas toujours évidente pour plusieurs facteurs.

Au niveau de Guinée Ecologie, nous faisons beaucoup de choses en termes d’appui des associations. Nous organisons des sessions de formation pour les acteurs de la société civile. Avec la mangrove par exemple, au niveau des iles Tristao nous avons reboisé plusieurs hectares de mangrove. Nous comptons atteindre 200 hectares d’ici la fin du projet déjà en cours.

Avec quels acteurs, les cibles avec les quels vous compter vous mettre pour atteindre vos objectifs ?

Avec l’ensemble des acteurs car comme vous le savez la lutte doit être inclusive et participative. On ne peut pas individuellement gagner le combat de la préservation de l’environnement. Donc, il y’a les institutions, l’assemblée nationale, les bureaux de stratégies dans les départements, les départements techniques comme l’Agriculture, les mines, l’environnement, la société civile notamment, les communautés à la base, qui sont à la fois auteurs et victimes de la dégradation de notre environnement.

Vous n’avez pas cité les médias ! Cela veut dire qu’ils n’ont pas de rôle à jouer ?

Rire… Si si, les médias sont incontournables dans tout ce que nous faisons. Les messages n’arriveront aux cibles que si les médias, notamment en langues nationales sont pas associés. Donc le rôle des médias est crucial dans tout ce que nous faisons.

Entretien réalisé par Idiatou CAMARA pour guineematin.com et radioenvironementguinee.org

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