Enrôlement des électeurs guinéens au Sénégal : des jets de pierres à l’ambassade de Guinée

L’ambassade de Guinée au Sénégal a enregistré quelques jets de pierres ce mercredi, 04 décembre 2019, à Dakar. Des jeunes guinéens, très en colère contre l’arrêt des opérations d’enrôlement pour l’établissement des listes électorales, ont lancé des pierres sur le bâtiment. Et, selon des témoins à Dakar joint au téléphone par Guineematin.com, ces pierres ont brisé quelques vitres sur les lieux.

« J’étais ce matin à l’ambassade où j’ai trouvé des jeunes. Il était exactement 9 heures. Mais, personne ne pouvait se faire recenser. Hier, on avait commencé le recensement dans des quartiers comme Pikine et Thiaroye. Mais, des ordres sont venus de l’ambassadrice pour nous dire d’arrêter. Elle a dit qu’il y a une lettre qu’on devait remettre au ministère sénégalais des Affaires étrangères et cela n’a pas été fait. En conséquence, ils ont arrêté les opérations de recensement. Ceux qui étaient à Thiaroye avaient recensé jusqu’à 19 personnes et ceux de Pikine avaient eu une vingtaine. Cependant, au niveau de l’ambassade, personne ne s’est fait recenser, alors que l’ambassade couvre plus de six quartiers », a expliqué Néné Gallé Camara, une guinéenne vivant dans la capitale sénégalaise.

Selon les informations, les opérations d’enrôlement devaient commencer le 25 novembre dernier au Sénégal. Mais, les cadres de l’ambassade guinéenne ont toujours trouvé des arguments pour repousser cette date. Ce qui a finalement irrité certains dans la matinée de ce mercredi.

« Nous avons perdu six jours, parce qu’ils trouvent toujours des arguments pour que les gens ne se fassent pas recenser. Ils disent souvent qu’il y a quelque chose qui manque aux machines. Ils disent aussi que ceux qui n’ont pas les cartes consulaires ou les passeports ne seront pas recensés. Ils ont toujours des arguments pour repousser le recensement. Alors, aujourd’hui, les gens en ont eu assez. La tension est montée et les jeunes ont fini par jeter des cailloux sur les lieux. Ils ont bisé quelques vitres. Et, c’est en ce moment qu’ils (les cadres de l’ambassade) ont appelé la police sénégalaise. Mais, il n’y a eu aucune arrestation jusqu’à mon départ (dans l’après-midi). On a dit à tout le monde de rentrer dans l’ambassade, parce que là-bas, nous sommes sur notre territoire. On savait que c’est dehors que les policiers pouvaient nous arrêter parce que nous serions sur le territoire sénégalais. Certains sages sont montés voir l’ambassadrice pour qu’elle nous dise ce qu’on doit faire. Il n’y a rien eu », a confié Madame Néné Gallé Camara.

Aux dernières nouvelles, on apprend que l’ambassadrice de Guinée au Sénégal était allée (dans l’après-midi) au ministère sénégalais des Affaires étrangères pour finaliser les dossiers. « Après, ils (les cadres de l’ambassade) nous feront signe pour le recensement. Mais, comme ils ont dit que ce recensement se fera seulement avec les cartes consulaires et les passeports, les sages ont demandé de revoir cela. Parce qu’il y a certaines personnes qui sont détentrices de leurs cartes d’identités. L’ambassadrice a aussi dit qu’elle fera en sorte que les six jours de retard soient rattrapés », indiqué Madame Néné Gallé Camara.

A rappeler que depuis le lancement (le 21 novembre dernier) des opérations de recensement des électeurs en Guinée, l’opposition agite le chiffon rouge et dénonce de « nombreuses irrégularités » sur le déroulement de ces opérations. Certains opposants qualifient ce recensement de « calamité », alors que d’autres accusent clairement la CENI (commission électorale nationale indépendante) de manœuvrer pour empêcher les guinéens (se trouvant dans les zones jugées favorables à l’opposition) de s’enrôler.

A suivre !

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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