Conakry ville propre : les ordures s’amoncellent au dépotoir de Nongo

Entreprise il y a de quelques mois, la pompeuse campagne d’assainissement de la ville de Conakry semble avoir du plomb dans l’aile. Les derniers samedis des mois d’octobre et novembre n’ont pas respecté la tradition qui consistait à fermer la circulation de 6 à 11 heures pour se consacrer à ladite campagne.

Une situation qui a pour conséquences un engorgement de certains dépôts d’ordures de la capitale guinéenne, à l’image de celui de Nongo, dans la commune de Ratoma, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

L’arrêt de la campagne d’assainissement pendant les deux derniers mois a provoqué en engorgement des ordures dans les lieux de collecte. Au dépotoir de Nongo, tous les conteneurs sont remplis depuis quelques temps avec à la clé une odeur nauséabonde qui colle au nez.

Michel Sagno, directeur d’une PME de ramassage d’ordures de dépotoir de Nongo

Interrogé par le reporter de Guineematin.com, Michel Sagno, directeur d’une PME de ramassage d’ordures de dépotoir de Nongo, a expliqué les multiples difficultés rencontrées sur le terrain. « On a un problème de dépôt, surtout au niveau des conteneurs. C’est insuffisant. On nous envoi un conteneur chaque matin, mais entre 07 heures et 09 heures, il est déjà rempli. Donc, ceux qui viennent après sont obligés d’attendre ou de déposer les ordures par terre et c’est ça qui n’est pas normal. Si la fréquence d’enlèvement était bonne, les PME n’auraient pas eu de difficultés à faire leur travail parce que nous sommes engagés à faire le travail. Mais, on a un problème de dépôt et nous savons aussi que l’État de son côté fait de son mieux », a dit monsieur Sagno.

L’autre difficulté concerne spécifiquement les tricycles qui viennent avec des quantités d’ordures. « Les motos viennent trois fois par jour. Elles trouvent quelques fois que le conteneur est déjà rempli. Ce qui fait qu’ils sont obligés d’aller vers Concasseur et nos motos ne sont pas adaptées pour le terrain de Concasseur, ça cause des patinages et grille les disques. Donc, si la PME ne travaille pas, ça devient de plus en plus sale et les ordures, c’est de l’acide, parce que si ça passe deux à trois jours dans la moto, ça ronge nos motos aussi », a révélé notre interlocuteur.

D’ailleurs, Michel Sagno pense qu’assainir Conakry le dernier samedi de chaque mois ne peut pas résoudre le problème. Selon lui, il faut aller au-delà. « L’assainissement, c’est l’État qui doit s’en occuper. Mais, l’assainissement est un travail quotidien. Déjà, les guinéens ne savent pas comment gérer les ordures. Quand on boit un sachet d’eau, on le jette à terre et ça devient une ordure qu’on pouvait bien jeter dans une poubelle. Au lieu d’assainir chaque dernier samedi de la semaine et retrouver des tonnes d’ordures le lendemain sur les routes, il faudrait plutôt essayer de gérer les ordures en créant des poubelles publiques. Si vous regardez sur l’Autoroute, c’est plus propre que la route Le Prince. C’est parce que là-bas, il y a des poubelles publiques. Donc, l’initiative de l’État est bonne, mais c’est minime. Assainir une fois dans le mois ne rend pas notre capitale propre et ça risque toujours d’entasser des tonnes d’ordures dans les dépotoirs ».

Pour finir, Michel Sagno s’adresse au ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Papa Koly Kourouma. « J’apprécie bien son boulot parce qu’il vient chaque fois sur le terrain faire des constats et compatir à ce que nous subissons. Au dépôt de Yattayah par exemple, il y avait une montagne d’ordures qu’il est venu enlever. Chez nous ici, notre problème est qu’on n’a qu’un seul conteneur et s’il est rempli, nous serons obligés de faire ce que nous ne sommes pas autorisés, parce qu’il y aura des montagnes d’ordures ici. Je demande au ministre Papa Koly de nous aider à avoir des conteneurs et de revoir le programme d’assainissement le plus vite possible pour aider la population ».

Morlaye Sylla, ramasseur d’ordures au dépotoir de Nongo

Pour sa part, Morlaye Sylla, ramasseur d’ordures au dépotoir de Nongo, demande que l’Etat y dispose des conteneurs pour faire face à la forte demande. « Nous, on travaille par plaisir et pour rendre le quartier Nongo propre, on n’a pas de primes ni de salaires. A propos du dépotoir, les ordures nous fatiguent ici parce qu’il y a des poubelles qui peuvent rester ici pendant un mois sans être déplacées. Depuis que l’assainissement a été arrêté, ça a impacté sur plusieurs dépôts. Mais chez nous ici, ça devient vraiment compliqué pour nous. Par rapport aux conteneurs, l’État doit revoir la stratégie, sinon les gens vont bientôt se plaindre et voire même manifester parce que les ordures dégagent une mauvaise odeur ».

Amadou Mouctar Baldé pour Guineematin.com

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