Un prévenu accuse des policiers au tribunal : « ils ont retiré mon téléphone plus mon argent »

Quatre jeunes arrêtés lors de la marche du FNDC du 14 novembre 2019, et qui avait été dispersée par les forces de l’ordre, ont comparu ce jeudi, 05 décembre, devant le tribunal de première instance de Mafanco. Poursuivis pour destruction de biens publics et violence par voie de fait, tous les prévenus ont nié les faits mis à leur charge.

Thierno Yakhouba Sylla, élève ; Abdoulaye Diallo, tailleur ; Mamadou Aliou Bah, portefaix ; et Mamadou Alpha Keïta, également portefaix, ont assuré qu’ils ont été arrêtés en dehors du périmètre de la manifestation, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

Devant le juge Mohamed Lamine Camara, Thierno Yakhouba Sylla a expliqué les circonstances dans lesquelles il a été interpellé. « Le jeudi, 14 novembre 2019, je quittais l’Inspection Régionale de l’Education où je devais récupérer mon diplôme d’admission au Brevet d’Etudes du Premier Cycle. J’ai emprunté un taxi qui m’a laissé au niveau du marché de Dabondy parce que la circulation était paralysée. Quand je suis descendu du taxi, j’ai décidé de marcher pour rentrer chez moi le plus vite possible. Mais quand je suis arrivé au rond-point de l’aéroport, j’ai été interpellé par un policier. J’ai cherché à savoir ce que j’ai fait, mais il m’a dit de me taire et de monter dans leur pick-up. Ils ont retiré mon téléphone plus mon argent. Je n’ai rien brûlé », a narré le prévenu.

Après les débats, le procureur a présenté ses réquisitions. Alsény Bah a d’abord requalifié les faits de destruction de biens publics et violence par voie de fait en participation délictueuse à un attroupement. Ensuite, il a indiqué que les prévenus ont été arrêtés à l’aéroport de Conakry-Gbessia. « Vous allez constater que c’est après la dispersion de la manifestation que le bus a été incendié. Un autre groupe a pris de force l’itinéraire non autorisé de la marche. Ils ont été arrêtés à l’aéroport non loin du lieu où le bus a été incendié. Monsieur le président, je vous demande de les retenir dans les liens de la prévention en les condamnant à 6 mois d’emprisonnement et une amende de 500 mille francs guinéens chacun. Comme ce sont les délinquants primaires, vous allez leur accorder le sursis pour les six mois », a-t-il requis.

De son côté, la défense, par la voix de maître Salifou Béavogui, a plaidé pour la libération pure et simple des prévenus. « Monsieur le président, monsieur le procureur vient de vous demander de requalifier les faits, la défense n’est pas d’accord. Il n’y a pas de destruction de biens publics, ni attroupement. Conformément à l’article 544 du Code Pénal, je vous demande de renvoyer tous mes clients ici présents des faits de la poursuite pour délit non constitué. Et, je vous prie de faire application de l’article 533 du Code de Procédure Pénale en statuant sur siège pour pendre la décision », a plaidé Me Salifou Béavogui.

Mais, le juge a décidé de renvoyer l’affaire au mardi, 10 décembre 2019, pour rendre la décision du tribunal. Ce renvoi a entraîné des pleurs chez les prévenus qui ont dû retourner à la maison centrale, où ils sont détenus depuis le 15 novembre 2019.

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tél. : 620 21 39 77/ 662 73 05 31

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