Hon. Dembo Sylla sur l’enrôlement des électeurs : « le travail est très mal fait »

Honorable Dembo Sylla, vice-président de l'UDG
Honorable Dembo Sylla, vice-président de l’UDG

A moins d’une semaine de la fin de l’opération d’enrôlement des électeurs et de révision des listes électorales, les partis politiques d’opposition sont loin d’être satisfaits du déroulement des travaux sur le terrain. C’est le cas de l’Union Démocratique de Guinée (UDG), parti dirigé par le riche homme d’affaires Mamadou Sylla. Dans une interview qu’il a accordée à un journaliste de Guineematin.com ce lundi, 09 décembre 2019, l’honorable Dembo Sylla, premier vice-président de cette formation politique, a fustigé les problèmes qui entourent cette opération sur le terrain. L’opposant a abordé aussi les préparatifs des élections législatives par son parti et le combat en cours contre un éventuel troisième mandat pour le président Alpha Condé.

Décryptage !

Guineematin.com : lancée officiellement le 21 novembre dernier, l’opération d’enrôlement des électeurs et de révision des listes électorales devrait en principe s’achever le 16 décembre prochain. Mais depuis le début des travaux, beaucoup de voix se sont élevées pour dénoncer des problèmes constatés sur le terrain. Vous à l’UDG, comment appréciez-vous le déroulement de cette opération ?

Elhadj Dembo Sylla : en ce qui concerne la globalité du processus, ce n’est pas satisfaisant à mon humble avis, du côté des dispositions prises par la CENI. Vous savez, nous, nous avons toujours eu à dénoncer les dispositions de la CENI en ce qui concerne le processus électoral d’autant plus que ça ne coïncidait pas du tout avec les différents délais qui sont non seulement constitutionnels, mais qui ont été donnés sur la base des activités opérationnelles prévues dans le résumé du rapport d’audit. Dans tous les cas, aujourd’hui si vous remarquez sur le terrain c’est que les gens ne sont pas satisfaits, parce que le matériel pour la révision n’est pas suffisant sur l’étendue du territoire national : il y a beaucoup de lieux où ça n’existe même pas, et là où ça existe franchement le travail est très mal fait.

Et quand c’est relativement bien, c’est très lent et de telle sorte que les gens sont aujourd’hui préoccupés pour le quotidien, ils n’ont pas souvent la patience de rester des heures et des heures à attendre la saisie pour deux, trois personnes. Donc, il y a tout cela, alors que le président de la CENI et tout son staff technique avaient annoncé que tout le matériel serait mis à la disposition des CAERLE et des opérateurs pour que le recensement se fasse très bien. Nous ne sommes pas satisfaits donc d’autant plus aussi que réellement, un tel recensement ne peut pas se faire dans le délai qu’eux ils ont déjà prévue. D’autant plus qu’on a beaucoup de personnes depuis des années qui n’ont pas été recensées, on a beaucoup de gens qui sont décédés et qui n’ont pas été retirés. Franchement, il y a beaucoup d’anomalies à corriger.

Guineematin.com : vous n’êtes pas satisfaits du déroulement de l’opération, mais y participez quand même.

Elhadj Dembo Sylla : oui, vous savez, c’est un droit d’abord pour le citoyen d’être recensé. Il y a au moins trois ou quatre années qu’ils (les gouvernants, ndlr) n’ont pas fait le recensement. Ça, ils ont manqué à leur devoir. Donc, c’est un droit pour le citoyen qui est arrivé en âgé de voter d’avoir sa carte d’électeur, cela pour participer aux différentes élections qui vont être organisés dans son pays. Donc, le fait que nous invitions nos militants, nos sympathisants ou la population à aller se faire recenser est tout à fait normal. Cela ne présage pas que nous allons cautionner un quelconque processus électoral qui ne nous convaincra pas sur le plan de l’organisation. Mais quoi qu’il en soit, il faut que les citoyens aient leurs cartes.

Guineematin.com : ce recensement des électeurs est organisé en prélude aux élections législatives prévues le 16 février prochain. Comment l’UDG prépare ces échéances électorales ?

Elhadj Dembo Sylla : on peut dire que nous avons une longueur d’avance sur beaucoup de partis parce que nous, nous anticipons. On le fait comme nous l’avions déjà fait lors des dernières élections communales. On a aujourd’hui beaucoup de préfectures où nous avons le nom du candidat uninominal et son suppléant. En Basse Guinée, aujourd’hui, on a notre liste de candidature uninominale et son suppléant qui a été amenée. Nous sommes très avancés aussi sur la constitution de la liste nationale. Ce matin, on nous a communiqué la liste de trois préfectures de la Guinée Forestière ainsi que de deux préfectures de la Haute Guinée qui ont terminé ce que nous, nous appelons ici les primaires.

Parce que c’est à eux qu’on laisse le soin de se réunir là-bas et de choisir démocratiquement le candidat uninominal et d’être en tout cas de manière consensuelle avec son suppléant. Chaque fois que c’est terminé dans une préfecture, on communique la liste au secrétaire général du parti le nom du candidat uninominal et son suppléant. Et là, nous nous occupons, en collaboration avec les fédérations en tenant compte de l’implication de chaque responsable et citoyen du parti, à composer la liste nationale. Et pour ça, nous sommes très avancés.

Guineematin.com : ça veut dire que l’UDG va présenter des candidats sur l’ensemble du territoire national ?

Elhadj Dembo Sylla : oui, sur l’étendue du territoire national. Nous n’allons pas forcer dans une préfecture où nos représentants pensent qu’ils ne peuvent pas se présenter à l’uninominal, c’est pourquoi nous leur laissons le choix de le faire. Nous sommes prêts à soutenir franchement dans les 38 circonscriptions. Dans les 5 communes de Conakry, c’est déjà réglé, nous avons nos candidats et leurs suppléants. Mais, nous avons demandé aux fédérations de l’intérieur du pays de se décider de façon démocratique, mais le parti est quand même décidé à mettre les moyens qu’il faut pour soutenir les candidats en question.

Guineematin.com : personnellement, on apprend que vous allez vous représenter. Quel bilan vous pouvez-vous présenter à vos militants pour qu’ils acceptent de vous accorder une nouvelle fois leurs voix ?

Honorable Dembo Sylla, vice-président de l’UDG

Elhadj Dembo Sylla : bien sûr, je vais me représenter à la prochaine législature. Donc ça, c’est sans équivoque. S’il plait à Dieu, on se battra pour que notre parti puisse avoir un groupe parlementaire. Parlant du bilan à notre actif au niveau de l’Assemblée nationale, je vais d’abord rappeler que nous, nous sommes du côté de l’opposition républicaine à l’Assemblée nationale. Le bilan, ce n’est pas à nous qu’il appartient puisque vous connaissez bien la fonction du député. En ce qui concerne des lois, nous avons fait ce qui était notre droit : soit discuter, étudier ces lois. Pendant les 5 années de législature, il y a eu assez de conventions, assez de lois. Pour les unes, quand on n’est pas d’accord, on s’est opposés ; pour les autres fois, le RPG Arc-en-ciel a fait passer en raison de sa petite majorité.

Alors, nous n’avons pas pu faire assez de travaux par exemple concernant le contrôle de l’action gouvernementale. Parce que ça, c’est soumis à l’approbation du président de l’Assemblée nationale pour que les missions puissent partir. Nous avons commandité assez de missions mais malheureusement beaucoup d’entre elles n’ont pas été acceptées par le président de l’Assemblée nationale. De toutes les façons, nous avons fait notre travail en tant qu’opposition, et nous nous sommes opposés à tout ce qu’on pensait être moins prolifique pour le pays. Certaines ne sont pas passées en tant que lois, d’autres ils les ont fait passer en dépit de notre opposition. Nous regrettons cela et nous pensons qu’il sera donné la prochaine fois à nos partis respectifs d’avoir la majorité. Nous essayerons de démontrer effectivement qu’est-ce que c’est que le travail du député en ce qui concerne le contrôle de l’action gouvernementale.

Guineematin.com : le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) prévoit une nouvelle manifestation ce mardi, 10 décembre, à Conakry notamment. Cela pour protester toujours contre le projet de nouvelle constitution qui permettrait au président Alpha Condé de s’octroyer un troisième mandat. En tant que membre du FNDC, est-ce que vous comptez participer à cette marche ?

Elhadj Dembo Sylla : moi, j’ai participé à toutes les manifestations du Front National pour la Défense de la Constitution. A mon fort intérieur, je suis foncièrement opposé à cette velléité du président de la République et je me battrai dans toutes les organisations, je me battrai à mon niveau personnel pour que le peuple de Guinée réussisse à bloquer cette velléité-là. Donc demain, je serai avec le front et la population et nous nous opposerons à toute idée de 3ème mandat en Guinée. Nous allons nous battre pour qu’il respecte les deux mandats constitutionnels prévus dans notre texte (Constitution).

Interview réalisée par Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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