Conduite par les anciens chefs d’Etat Goodluck Jonathan du Nigéria et Nicéphore Soglo du Bénin, la délégation internationale conjointe du National Democratic Institute (DNI) et de la Fondation Koffi Annan a rendu public son rapport de mission en Guinée dans la soirée d’hier vendredi, 13 décembre 2019.
A l’occasion de son assemblée générale de ce samedi 14 décembre, le Mouvement Démocratique Libéral (MoDeL) a commenté cette visite de ces deux icônes de l’alternance démocratique en Afrique de l’Ouest. Aliou Bah a également tiré à boulets rouges sur l’Organe de Gestion des Elections, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
La visite effectuée en Guinée par Goodluck Jonathan et Nicéphore Soglo fait suite à la tenue de la rencontre de Niamey, initiée par le National Démocratique Institute (NDI) pour discuter de la problématique de l’alternance démocratique en Afrique, en particulier dans la sous-région ouest-africaine. Cette visite avait pour objectif de rencontrer les acteurs concernés par le débat sur le projet de nouvelle constitution en Guinée : mouvance présidentielle, opposition et Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC).
S’exprimant sur cette actualité au siège de son parti, Aliou Bah a salué leur visite et le caractère franc de leur discours. « Pour une fois, nous avons des intervenants qui ne tiennent pas un discours ambigu. Il n’y a pas un discours diplomatique voilé. Ils ont souhaité et l’ont exprimé aux différents acteurs qu’ils ont rencontrés que la légalité constitutionnelle soit respectée. Une constitution s’interprète dans sa lettre et dans son esprit. Ça voudrait dire que la Guinée ne doit pas s’engager dans cette direction. Ils sont allés plus loin pour dire de façon claire aux différents acteurs que le constat qui a été fait, c’est que l’Afrique de l’Ouest est la région qui a réalisé les plus grands progrès en matière de démocratie sur tout le contient africain, et particulièrement en matière d’alternance démocratique qui représente l’oxygène de la démocratie, et que les mentalités en Afrique de l’Ouest ne peuvent plus accepter un chef d’Etat quelque soit ses résultats, quelque soit son autorité, quelque soit son charisme, fasse plus de deux mandats. Alors, ceci est ancré aujourd’hui dans la tradition politique de cette région. Nous avons constaté que la plupart de ces pays, pour ne pas dire tous les pays de la sous-région, peut-être à l’exception du Togo, ont réalisé une alternance politique avec des élections acceptables ces dix ou quinze dernières années. Ils ont réitéré au président Alpha Condé, à son Premier ministre et à ceux qui le soutiennent qu’il serait inacceptable que la Guinée s’engage dans une autre direction contraire à celle-là », a fait savoir Aliou Bah.
Par ailleurs, Aliou Bah a rassuré ses militants que les conclusions du rapport produit par Goodluck Jonathan et Nicéphore Soglo seront présentées au président du Niger, Mahamadou Issoufou, président en exercice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), clairement opposé au tripatouillage constitutionnel. « Je suis convaincu qu’ils feront un compte-rendu à qui de droit, c’est-à-dire au président en exercice de la CEDEAO, qui est monsieur Mahamadou Issoufou qui, quand-même a montré le bon exemple de façon très claire dès le début. Certains de ses compatriotes sont aujourd’hui en train même de purger des peines pour avoir incité le président et son entourage à vouloir changer la constitution pour se représenter. Je pense que la promotion de cette forfaiture leur a valu un procès en justice. C’est pourquoi au Niger, il n’y a aucune ambigüité par rapport à cette question. Ce pays aura la chance de connaitre encore un nouveau président pour les prochaines échéances électorales », a-t-il dit.
Sur un autre plan, Aliou Bah s’en est pris à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). « Les élections législatives, d’abord par le fait du fichier électoral, mais nous constatons tous ce qui se passe sur le terrain, c’est une catastrophe. La révision, telle qu’elle a été planifiée par la CENI, doit s’arrêter le 16 décembre. Mais, est-ce qu’il y a eu révision ? Au regard ce qui devait être fait, je pense que la réponse est sans équivoque. Nous avons recrée une nouvelle crise parce que les travaux qui devaient être menés, la CENI a choisi plutôt comme d’habitude, puisqu’elle est domestiquée par l’exécutif, de dérouler un agenda politique au lieu de faire le travail technique qui est le sien. Pendant les dix premiers jours, il n’y a pas eu d’activités. Les quinze autres jours, on a envoyé des machines défectueuses dans les fiefs où le pouvoir n’espère rien et de façon tranquille on a impliqué l’administration, l’appareil d’Etat dans sa globalité dans les régions et les fiefs où ils estiment pouvoir enrôler le maximum de personnes. Ce qui est le plus choquant, c’est l’enrôlement sans gêne des mineurs », a dénoncé Aliou Bah.
Au regard de toutes ces anomalies signalées dans l’enrôlement des électeurs, Aliou Bah a expliqué ce qui est en cours de préparation au niveau des partis politiques de l’opposition. « Nous sommes en train de travailler à une stratégie pour le moment, que je ne vais pas dévoiler ici, mais qui consisterait à faire en sorte que ce processus soit disqualifié parce qu’on ne peut pas conclure aujourd’hui que le fichier est assaini », a laissé entendre le président du directoire provisoire du MoDeL.
Siba Guilavogui pour Guineematin.com
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