Cautions législatives de 2020 : un privilège accordé aux magnas, au détriment du peuple travailleur

Me Amadou Salif Kébé, président de la CENI
Me Amadou Salif Kébé, président de la CENI

La décision de la commission électorale nationale indépendante (CENI) fixant les cautions à verser pour participer aux prochaines élections législatives du 16 février 2020, vise, au dire d’une certaine opinion, à éliminer une grande majorité de compétences intellectuelles et culturelles gagnant honnêtement leur vie au profit des opérateurs économiques et des commis de l’Etat dont le niveau de vie ne reflète rarement leurs salaires mensuels, parce que n’ayant jamais eu à justifier l’origine de leurs ressources.

Le coût élevé des cautions de candidatures fixées à 200 millions de francs guinéens pour la liste nationale et 50 millions pour le scrutin uninominal à un tour, ne donne pas à plusieurs jeunes cadres guinéens pouvant valablement représenter le peuple à l’Assemblée Nationale en raison de leurs formations académiques, expériences et dynamismes politiques de participer aux prochaines élections législatives du 16 février 2020.

Si l’idéal voudrait que chaque candidat à l’uninominal prenne en charge sa caution et que chaque prétendant inscrit sur la liste nationale participe à la mobilisation de la caution de son parti, rares sont les honnêtes citoyens guinéens qui peuvent supporter ces frais fixés par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).

Le pays risque fort alors de se retrouver avec une nouvelle Assemblée Nationale moins loties sur le plan intellectuel et culturel, parce que les listes des partis peuvent banalement être prises en otage par les opérateurs économiques « dévoués » à la cause de leurs formations politiques ou à ceux qui, d’une manière ou une autre, ont accumulé des fortunes, sans pour autant le plus souvent pouvoir justifier l’origine de leurs ressources, proportionnellement à l’ordre d’inscription. Les autres compétences vivant honnêtement de la sueur de leurs propres efforts sont d’office exclus des élections en Guinée. Comme pour dire qu’avec l’avènement du président Alpha Condé à la magistrature suprême et l’installation d’un ancien premier ministre de la République, Elhadj Cellou Dalein Diallo, au poste de chef de file de l’opposition, l’exercice des droits démocratiques en général et le droit de se faire élire en particulier est désormais exclusivement réservés aux complices du régime en place.

Complicité habituelle ! Selon le directeur de la communication de la CENI, c’est en accord avec les représentants des partis politiques, de l’administration du territoire et de l’organe en charge des élections que la décision a été prise.

« Je suis d’accord avec ceux qui sont en train de dire que c’est trop. Mais être député n’est pas fait pour n’importe qui », a indiqué Aly Bocar Samoura.

Le patron de la communication de la CENI affirme que « nous avons fixé ces cautions en connaissance de cause. Parce que si tu fais en sorte que les gens qui ne doivent pas se présenter, arrivent à avoir les moyens de le faire, tu vas avoir une liste pléthorique de candidats. Et pour gérer ça, c’est un autre problème. » Pouvait-il avoir ce raisonnement 20 ans avant aujourd’hui ? Pas évident.

Depuis Labé, Idrissa Sampiring DIALLO pour Guineematin.com

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