Visa pour le Qatar : un cadre des Affaires Étrangères jugé dans une affaire de 400 millions

Le procès de Lamine Camara, fonctionnaire au ministère des Affaires Etrangères, s’est poursuivi ce lundi, 23 décembre 2019, au Tribunal de Première Instance de Mafanco. Monsieur Camara est jugé pour escroquerie au préjudice d’Aboubacar Sidiki Kéita portant sur environ 400 millions de francs guinéens. L’audience de ce jour a été consacrée aux plaidoiries et réquisitions des parties au procès, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Selon nos informations, tout a commencé en février 2018. Lamine Camara s’était engagé à faire voyager le fils d’Aboubacar Sidiki Kéita pour le Qatar où le jeune homme devait poursuivre ses études et trouver du travail.

Après avoir mené plusieurs démarches, Lamine Camara va parvenir à trouver le visa pour le fils d’Aboubacar Sidiki Kéita. Le précieux sésame obtenu, le jeune homme va voyager pour le Qatar où il se fera loger par Ousmane Doré, collaborateur de Lamine Camara, dans une chambre où vivent huit (8) autres personnes. Au bout de six (6) mois, délai d’expiration du visa, le fils de Sidiki Kéita ne trouvant pas d’emploi décide de rentrer en Guinée.

C’est ainsi que l’affaire a été portée en justice. Pour la journée de ce lundi, on en était aux plaidoiries et réquisitions.

Dans ses plaidoiries, l’avocat de Sidiki Kéita a demandé la restitution par Lamine Camara de la somme d’argent versée pour faire voyager le jeune homme et le payement de dommages et intérêts. « Puisque la procédure n’a pas abouti et le petit n’a pas pu trouver d’emploi au Qatar, nous vous prions, monsieur le président, de demander à monsieur Lamine Camara de restituer la somme qui lui a été versée, soit une somme de 400 millions GNF, dont 1000 dollars. Ensuite, de le condamner au payement, au titre de dommages et intérêts, d’une somme de 30 millions de nos francs à monsieur Keita pour le préjudice subi », a plaidé l’avocat de la partie civile.

Dans ses réquisitions, le ministère public a requis la relaxe pure et simple du prévenu pour délit non constitué. « Nous avons la lourde responsabilité de requérir à charge ou à décharge. Et dans cette affaire, nous trouvons que le prévenu a satisfait à ses obligations en faisant sa part de contrat. Dans les clauses du contrat, il incombait à monsieur Camara de faire voyager le fils de monsieur Keita en lui trouvant un visa en bonne et due forme. Ce qui fut fait. Il est même allé au-delà de ses obligations en trouvant pour le jeune un logement dans un pays où il ne connait personne. Conformément aux dispositions de l’article 544 du code pénal, nous sommes dans l’obligation de requérir la relaxe pure et simple pour le prévenu pour délit non constitué », a requis la représentante du ministère public.

Profitant de cette brèche ouverte par le ministère public, l’avocat de la défense va demander la relaxe de son client. « C’est un dossier vide de contenu. Les éléments constitutifs de l’escroquerie ne sont pas réunis. En plus, mon client a rempli sa part de contrat et le jeune a effectivement voyagé sur le Qatar. Je ne vois pas en quoi il sera condamné ici. C’est pourquoi, nous demandons le renvoi de ce dossier pour délit non constitué. Nous demandons également la restitution à monsieur Camara, de la somme de 15 millions de francs guinéens payée au parquet comme caution pour sa liberté ».

L’affaire a été renvoyée au 13 janvier 2020 pour décision être rendue.

Alsény Kaba pour Guineematin.com

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