Daramagnaki : 3 opposants à CDM Chine détenus à Boké sur « ordre du préfet de Télimélé »

Des jeunes protestataires contre la société CDM Chine, qui exploite la bauxite à Daramagnaki, dans la préfecture de Télimélé, sont incarcérés depuis hier mercredi, à la gendarmerie de Boké. Mamadou Saliou Touré et deux de ses amis accusent le préfet de Télimélé, Amadou Sadio Diallo, d’être l’instigateur de cette arrestation, et disent être prêts à en découdre. Il l’a dit dans un entretien accordé à Guineematin.com, du fond du cachot des gendarmes de Boké, ce jeudi 26 décembre 2019.

Les faits se sont produits dans la journée d’hier mercredi. Selon Mamadou Saliou Touré, leader communautaire du district de Kabara, dans la sous-préfecture de Daramagnaki, à 232 kilomètres de Télimélé, c’est le préfet Amadou Sadio Diallo qui est derrière cette affaire.

« Nous sommes en prison à Boké depuis hier mercredi à 12 heures. Je suis avec deux de mes amis, à savoir Mamadou Yaya Bah et Mamoudou Diallo sur ordre du préfet de Télimélé », a révélé Mamadou Saliou Touré.

A la question de savoir que lui vaut cette incarcération, notre interlocuteur est revenu sur les faits. « Nous avons manifesté récemment, le 20 décembre 2019, contre CDM Chine. C’est une marche pacifique pour réclamer nos droits vis-à-vis de la société. Nous avons réclamé la formation et l’emploi de la jeunesse locale, l’entreprenariat local, la construction d’infrastructures scolaires, sanitaires, routières et le respect des normes environnementales. Ça fait 3 ans que CMD-Chine exploite la bauxite ici, mais si sous y allez, vous aurez les larmes aux yeux », a expliqué monsieur Touré.

Selon lui, cette manifestation a conduit à l’ouverture de négociations et la rédaction d’un protocole d’accord. « Nous sommes allés autour de la table. Ils ont examiné les points de revendication. Ils ont trouvé qu’elles sont toutes fondées sur les textes, tel que le contenu local, l’impact environnemental. Finalement, les 80% des requêtes ont été acceptées par la société. Ce qui avait permis d’aller à la rédaction d’un protocole d’accord entre les protestataires, la société et les autorités. Donc, les parties signataires ont été identifiées. Ça c’est le mardi, 24 décembre. Comme il se faisait tard, on nous a demandé de rentrer et de revenir le mercredi matin. Mais, lors des négociations, ils avaient pris nos téléphones qu’ils ont confisqués. Ils disent qu’on aurait peut-être enregistré le préfet pendant la grève. Ils ont gardé les téléphones pour nous demander de rentrer et de revenir les chercher le lendemain. Quand nous sommes revenus pour voir si les signataires ont signé, pour qu’on ait une copie. C’est ainsi que le préfet a ordonné au sous-préfet, un certain Bangoura, nouvellement muté là, de prendre les téléphones et d’aller avec nous à Boké pour vérifier le contenu de nos téléphones dans les cybercafés ».

C’est ainsi que les trois jeunes gens sont embarqués et déposés par le sous-préfet de Daramagnaki à la résidence du secrétaire général chargé des collectivités décentralisées de Boké. « Quand nous sommes arrivés chez lui, un certain monsieur Béa, il nous a mis à son tour dans son véhicule pour nous déposer à la gendarmerie où nous sommes détenus au moment où je vous parle. On ne nous a pas dit un seul mot. On est là depuis 24 h, on n’est pas auditionné, on ne sait pas pourquoi on nous a mis aux arrêts ».

Mamadou Saliou Touré affirme que « toutes ces manœuvres là », ne les feront pas dérouter de leur trajectoire. « Les intimidations ne passeront pas, ils ne font que nous repositionner et nous encourager, nous ressourcer davantage. C’est le début du commencement », a lancé monsieur Touré.

Alpha Kanso pour Guineematin.com

Tél 628 17 99 17

Facebook Comments Box