La colère de Frédéric Loua : « les Droits de l’Homme présentent un visage triste dans notre pays »

Me Foromo Fréderic Loua, président de l'ONG Les Mêmes Droits pour Tous
Me Foromo Fréderic Loua, président de l’ONG Les Mêmes Droits pour Tous

L’année 2019 a été émaillée de manifestations violentes en Guinée, avec une vingtaine de morts enregistrés suite à l’intervention des forces de l’ordre. Les Droits de l’Homme en ont pris un sérieux coup. Pour maitre Foromo Frédéric Loua, président de l’ONG Les Mêmes Droits pour Tous (MDT), l’année 2019 a été une année sombre en termes de respect des Droits de l’Homme dans notre pays.

Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com dans la journée d’hier lundi 30 décembre 2019, cet avocat dénonce les nombreux cas de meurtre enregistrés en marge des manifestations contre le changement de la constitution.

Selon Me Foromo Frédéric Loua, la situation des Droit de l’Homme a été chaotique en 2019 en Guinée. « Les Droits de l’Homme présentent un visage triste dans notre pays. Depuis le début de cette année, nous avons assisté à des cas graves des violations des droits de l’homme, des dénis de justice et de mépris de la vie humaine. Nous avons assisté à la confiscation des libertés existentielles dans ce pays, notamment la liberté de manifester, la liberté d’opinion, la liberté d’association, la liberté de réunion. La situation est vraiment difficile. Nous ne cessions de faire le décompte macabre des cas de tueries dans notre pays. Le nombre ne fait qu’augmenter. Même avant-hier, à l’occasion de l’enterrement d’une victime, il y a aussi un jeune qui a reçu une balle et qui est actuellement alité à l’hôpital Sino-guinéen de Kipé », a-t-il fustigé.

Par ailleurs, le président de l’ONG Les Mêmes Droits pour Tous a fait savoir qu’il n’y a pas que les droits civils et politiques qui sont bafoués dans notre pays. A l’en croire, la situation des droits socio-économique et culturels est encore plus grave. « Le Guinéen a du mal à se loger, à se déplacer à Conakry, le Guinéen vit dans un environnement sale, poussiéreux, nauséabond. Il est important que cela change aussi. Il y a aussi la question des droits environnementaux. Il y a la destruction de l’environnement. Quand vous partez à Boké, vous êtes attristé, le cœur meurtri. Quand on regarde les dégâts causés par les sociétés minières, alors que les revenus miniers sont encore absents du pays, avec cette destruction, avec ce crime à ciel ouvert, il est malheureusement constaté que les recettes minières trouvent une autre destination qui n’est pas celle des caisses de l’Etat », a-t-il dénoncé.

Me Foromo Fréderic Loua, président de l’ONG Les Mêmes Droits pour Tous

Dans la bataille engagée contre le 3ème mandat pour Alpha Condé, maitre Loua a rappelé que des dispositions sont prises pour documenter toutes les violations et autres bavures dont se rend coupable le pouvoir en place. « Dans le cadre de nos activités, nous avons mis en place le centre de monitoring de tous les cas de violation des droits de l’homme. Donc, nous documentons depuis un moment les cas de violation des droits de l’homme, les victimes et potentiellement les présumés responsables et nous envoyons les rapports aux ONG internationales spécialisées dans la défense des droits de l’homme. Parce que la justice dans l’état actuel n’est pas libre ; la justice comme on le sait, elle est inféodée à l’exécutif. Donc, elle est forte quand elle doit s’attaquer aux faibles, notamment des manifestants ; mais est inexistante lorsqu’elle fait face à certains éléments des forces de défense et de sécurité qui tuent à bout portant certains citoyens ».

Pour éviter plus de soucis aux guinéens, maître Foromo Frédéric Loua, demande au président Alpha Condé de renoncer à son contesté projet de nouvelle constitution pour éviter à la Guinée le pire. « La Guinée n’est la chasse gardée de personne, la Guinée appartient à tous les guinéens. Donc, il est important que les lois prévalent. Il est important que les droits reconnus aux citoyens soient affirmés. Les manifestations sont consubstantielles à la démocratie. On ne peut pas interdire aux citoyens d’affirmer leur opposition lorsque la politique nationale est en train de prendre un détour inquiétant. La démocratie doit être garantie dans ce pays. Et l’alternance est un corolaire de la démocratie. Parce que personne n’est assez bon pour continuer à gouverner tout le monde tout le temps. Donc, l’alternance doit pouvoir être garantie à ce pays en 2020. Il est important de dire aux autorités de ce pays de faire attention et de rebrousser chemin par rapport à la tentation actuelle qui consiste à vouloir coûte que coûte doter le pays d’une nouvelle constitution alors que le besoin ne se fait aucunement sentir sinon que celui de confisquer encore une fois le pouvoir ».

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

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