2020 : l’année de toutes les violences à Kankan

La bande à Moussadjan Condé qui terrorise la ville, le Mouvement Citoyen pour l’Électrification de la Haute Guinée qui occupe la rue pour réclamer une meilleure desserte du courant électrique, l’opposant Cellou Dalein Diallo qui se voit refusé l’accès à la ville de Kankan, des partisans ou supposés proches de l’UFDG qui sont attaqués et violentés, l’actualité aura été bouillonnante en 2020, dans la ville de l’érudit Cheick Fanta Mady Chérif.

L’année 2020 a démarré très mal pour certains commerçants du grand marché de Kankan. En effet, le 6 janvier 2020, un groupe de jeunes armés de gourdins, machettes et de fouets a investi les rues de la ville pour empêcher une manifestation appelée par le Front National pour la Défense de Constitution (FNDC). Une coalition composée de partis d’opposition et d’organisations de la société civile qui protestaient contre la modification de la constitution guinéenne qui était en vue, et dont l’objectif était de permettre au président Alpha Condé de briguer un 3ème mandat.

Ces contre-manifestants, favorables au pouvoir, ont vandalisé le siège local de l’UFDG (le principal parti d’opposition du pays) situé au quartier Missiran, avant d’attaquer et piller plusieurs boutiques dont les propriétaires sont supposés être des militants de cette formation politique. Après ces violences, dont Moussadjan Condé, secrétaire général du syndicat des transporteurs de Kankan, est accusé d’être l’instigateur, le bureau du procureur de la République près le tribunal de première de Kankan avait annoncé l’ouverture d’une enquête. Mais les résultats de cette enquête n’ont jamais été révélés, et aucune interpellation n’a eu lieu dans ce cadre.

Le 22 juin 2020, le Mouvement Citoyen pour l’Electrification de Haute Guinée voit le jour à Kankan. Composée de nombreux jeunes, cette structure engage une série de manifestations contre la faible desserte du courant électrique dans la ville. Cette protestation, qui a duré trois mois, a été émaillée parfois de scènes de violences ayant fait plusieurs blessés, des interpellations, mais aussi des dégâts matériels.

Le siège local du RPG Arc-en-ciel et le groupe Dabo Médias (appartenant à l’un des responsables du parti au pouvoir à Kankan) ont notamment été attaqués par des jeunes en colère. Il a fallu plusieurs négociations menées par des acteurs locaux mais aussi des émissaires venus de Conakry pour que le mouvement accepte de mettre fin à leur mouvement de protestation, perçu comme un désaveu pour le régime Alpha Condé dans son fief traditionnel.

A la veille de l’élection présidentielle du 18 octobre, les violences refont surface dans la ville. Tout d’abord, ce sont les affiches de campagne de l’UFDG qui sont arrachées et déchirées par des groupes de jeunes se réclamant être des partisans du pouvoir. Ensuite, c’est le leader de cette formation politique, Cellou Dalein Diallo, qui est empêché d’arriver à Kankan pour battre campagne dans cette région. Son cortège a été bloqué à Tokounou, une sous-préfecture située à plus de 90 kilomètres de la ville de Kankan, et obligé de rebrousser chemin.

Et puis après, ce sont les partisans ou supposés proches du principal parti d’opposition qui sont pris pour cibles. Plusieurs d’entre eux ont été attaqués, le 10 octobre et les jours suivants, dans la commune urbaine de Kankan. Ces violences ont fait 34 blessés selon le service des urgences de l’hôpital régional, 45 boutiques vandalisées et pillées, 5 voitures et 4 motos incendiées, 10 maisons saccagées et incendiées. Cette situation avait poussé plusieurs ressortissants de la Moyenne Guinée, d’où est originaire Cellou Dalein Diallo, à fuir pour rentrer chez eux.

Comme par le passé, les apprentis chauffeurs agissant sous les ordres de Moussadjan Condé, secrétaire général du syndicat des transporteurs de Kankan et directeur adjoint de la campagne électorale du RPG Arc-en-ciel à Kankan, ont été accusés d’avoir commis ces violences. Mais cette fois encore, aucune personne n’a été arrêtée pour répondre de ces faits devant la justice. Le nommé Moussadjan n’a jamais répondu aux multiples convocations qui lui ont été adressées.

De Kankan, Abdoulaye N’koya Sylla pour Guineematin.com

Facebook Comments Box