Décès d’Elhadj Alkhaly Keïta : émouvants témoignages de ses amis et collaborateurs

Elhadj Alkhaly Mohamed Keïta, ancien maire de la commune de Matoto, humoriste et fondateur de la troupe de Pessè, a rendu l’âme à l’âge de 80 ans à l’hôpital Ignace Deen la nuit dernière. Père d’une vingtaine d’enfants, ce célère compagnon de feu Yaghouba Pessè meurt ainsi, laissant derrière lui quatre veuves. Selon certains de ces collaborateurs, il souffrait d’un problème respiratoire.

Dans la famille mortuaire, à Sangoyah Pharmacie, dans la commune de Matoto, l’émotion était vive ce mardi 7 janvier 2020. Parents et collaborateurs du défunt n’ont pas tari d’éloges à son endroit.

Fodé Tasse Sylla, Directeur de la télévision nationale

Fodé Tasse Sylla, Directeur de la télévision nationale : « Je retiens d’Elhadj Alkhaly Mohamed Keïta un homme joviale que je n’ai jamais vu fâcher, plus de 30 ans que je l’ai côtoyé. Toujours avec le sourire, toujours avec ce côté bon enfant. D’abord, c’est un artiste dans le sang, ça c’est clair. Parce que de son Koubia natal jusqu’à la RTG, jusqu’à la mairie de la commune de Matoto, on a toujours vu un artiste qui évoluait, qui menait la vie avec la joie de vivre et l’ambiance. On l’appelait d’ailleurs Bon fils. Quand il a commencé à enseigner, on l’appelait pasteur. A la RTG, il a créé la première troupe artistique qui s’appelait Pèssè. C’est lui qui était l’initiateur de ces troupes. Quand il s’est éloigné un peu, on n’a pas pu supporter. Toutes les troupes sont parties. C’est un animateur et un footballeur. C’est aussi un artiste d’orchestre parce qu’il a dirigé l’orchestre de Dubréka. Sa carrière a eu son apothéose à la RTG avec Kibaro. Il a été créateur d’une émission mythe qui s’appelle Talata faré, où il donnait des conseils avec ses collègues, paix à leurs âmes, Vous avez Saidouba Sylla, Faouly Soumah, les Mohamed Tondon Camara, les Almamy Sékou Sankhon, les Bemba Deen Yansané, c’étaient eux la puissance de la RTG au temps de la révolution. Nous avons perdu un Baobab, une référence pour la presse guinéenne mais aussi une référence pour la jeunesse guinéenne ».

Antoine Kamano, Directeur de la troupe Benda et membre de l’Union des troupes de la télévision nationale

Antoine Kamano, Directeur de la troupe Benda et membre de l’Union des troupes de la télévision nationale : « Elhadj Alkhaly Mohamed Keïta, pour moi, était un grand rassembleur culturel. C’est lui qui a fondé les troupes de la Télévision nationale. Le Pèssè, Sodia, Léoulydjèrèh, Benda, Nilpalowou avec les forestiers etc… Il a été l’initiateur. Quand par manque de financement les troupes ont cessé de travailler, il a demandé à les réhabiliter en créant cette fois-ci l’union des troupes de la Télévision nationale. Donc, les 6 troupes réunies jouaient ensemble. Par son initiative, nous avons joué « La Guinée est une et indivisible », ensuite, « Sous l’arbre à palabre ». Ce que je sais de lui, c’est un Grand homme. Un Grand homme qui nous a quittés. Malgré son âge, il acceptait de s’amuser avec ses jeunes frères, ses petits-enfants que nous étions. La dernière phrase qu’il m’a prononcé sur son lit d’hôpital quand j’étais à son chevet, il me dit Antoine, il ne faut pas lâcher la culture. Il dit quelqu’un nous a dit, qu’il n’y pas de future sans culture. Alors, quand il a dit ces mots, j’ai pleuré et il a pleuré aussi. Le lendemain, quand je suis venu, il ne parlait plus. C’est ce que je peux retenir brièvement de lui ».

Hadja Fatoumata Hawa Camara, Cheffe service langue nationale à la RTG Koloma

Hadja Fatoumata Hawa Camara, Cheffe service langue nationale à la RTG Koloma : « En 1984, quand je suis arrivé à la RTG, j’ai trouvé Elhadj Alkhaly Mohamed Keïta au service langue nationale. Il a été l’un de nos maitres. C’est eux qui nous ont formés dans les studios. Tout ce qui était langues nationales ou français, on faisait toujours au studio. Il a été l’un de nos formateurs. Chaque fois quand vous commenciez « Balade Musicale », il te demande de dire son nom. Je dis, Elhadj Alkhaly Mohamed Keïta dit Bon fils. A parti de là, nous commençons l’émission. J’avoue qu’il a été très bien pour moi. Il nous a encadrés et il a fait de son mieux. Si vous voyez aujourd’hui, nous aussi nous faisons tout ça, c’est grâce à lui. Socialement, il était très bien, il n’avait pas de problèmes. C’est quelqu’un qui était très social. C’est grâce à eux qu’on nous appelle doyenne aujourd’hui. Je prie Dieu qu’il ait pitié de son âme et qu’il repose en paix ».

Rouguiatou Camara, artiste comédienne et nièce du défunt

Rouguiatou Camara, artiste comédienne et nièce du défunt : « Pour moi, c’est une douleur énorme. Parce que quand j’ai perdu ma mère et qu’il était là, il était à quelques pas de ma maman. Lui et ma mère bien qu’ils soient frère et sœur mais, c’étaient des amis inséparables. Alors, quand notre maman est partie, on a fait tout notre enfance avec lui. C’est lui que nous on voyait. Si aujourd’hui je suis une comédienne, c’est parce que c’est lui mon inspiration. C’était mon mentor au fait. Hier et avant-hier, j’étais avec lui à l’hôpital. Il avait un problème respiratoire. Qu’il repose en paix et sa sœur, ses frères et ses collaborateurs qui sont allés avant lui, qu’ils reposent tous en paix ».

Propos recueillis par Mohamed DORE pour Guineematin.com

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