L’imam Kaba Koïn Barry détenu à la CMIS N°20 de Matoto : « nous étions 43 dans le violon »

Thierno Mamadou Kaba Koïn Barry, imam à la mosquée Nasroul Islam de Démoudoula
Thierno Mamadou Kaba Koïn Barry, imam à la mosquée Nasroul Islam de Démoudoula

Thierno Mamadou Kaba Koïn Barry, imam à la mosquée Nasroul Islam de Démoudoula, relevant de Kipé, dans la commune de Ratoma, a passé la nuit du lundi 13 au mardi 14 janvier 2020, en détention dans les locaux de la compagnie Mobile d’Intervention Spéciale N°20 de Matoto, située au carrefour Tannerie.

Le chef religieux a été arrêté à Bomboli, sur la route le prince, alors qu’il cherchait à extraire un certain Mamadou Bobo Barry des griffes des agents de cette unité. « J’ai vu les policiers rouer Mamadou Bobo Barry de coups. Je suis venu pour tenter d’intervenir pour lui, parce que les agents étaient en train de le maltraiter. Entre-temps, le chef de la troupe est venu apporter à manger aux agents. Il a demandé à ce qu’on nous embarque tous pour la CMIS N°20 de Matoto. Lorsque nous sommes arrivés à destination, les agents sont tombés sur nous en nous donnant des coups de pieds. Ils nous ont dépouillés de l’argent avant de nous mettre dans le violon. Nous étions 43 personnes à passer la nuit dans ce violon dont la superficie peut être estimée à 3,5 m X 3,5m. Personne ne pouvait s’asseoir. Nous avons passé toute la nuit à nous bousculer et nous bagarrer. Au poste de police, Mamadou Bobo Barry a été accusé d’avoir participé à la manifestation du FNDC. Qu’on l’aurait vu en train de jeter des cailloux. Ce qui ne semble pas être vrai, parce qu’il habite la cité Enco 5, il était venu rendre visite à une de ses connaissances à Bomboli » explique Mamadou Kaba Koïn Barry.

L’imam et son compagnon de fortune ont été libérés dans l’après-midi d’hier, mardi 14 janvier 2020, grâce à l’intervention d’une de ses relations très haut placée.

« Avec cette mésaventure, j’ai découvert que nos hommes en uniforme n’ont aucun respect de la personne humaine. Ils s’en foutent pas mal des droits de l’homme et du citoyen. Plus grave ! Ils parviennent à coller un délit à chacune des personnes arrêtées à tour de bras. Aux yeux des agents, aucune victime de cette arrestation arbitraire n’est innocente. Même les personnes très âgées ont été accusées d’être manifestantes et d’avoir lancé des pierres » déplore le chef religieux.

Comme on le sait, à quelques mois de la fin de son deuxième et dernier mandat, le président Alpha Condé tient coûte que coûte à changer la Constitution qui lui a permis d’être chef d’Etat en 2010. Ce qui lui permettrait de continuer à rester à la présidence de la République. Opposés à ce projet, plusieurs leaders politiques et de la société civile, réunis au sein du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), appellent les Guinéens à des manifestations illimitées pour contraindre le chef de l’Etat à renoncer à ce projet et à organiser des élections libres et transparentes à la fin de son mandat comme l’exige la Constitution guinéenne. Et, ce mercredi est donc la troisième journée de ces manifestations intitulées « résistance active et permanente » par le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC).

Idrissa Sampiring DIALLO pour Guineematin.com

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