Importation de véhicules : une douanière jugée à Conakry pour abus de confiance

Poursuivie pour abus de confiance dans une affaire de vente de voitures d’occasion au préjudice d’Ibrahima Sory Komara, la douanière Fanta Sanoh a comparu hier, mercredi 15 janvier 2020, au tribunal de première instance de Dixinn, délocalisé à la mairie de Ratoma. Appelée à la barre, la prévenue a reconnu les faits mis à sa charge, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

L’importation et la commercialisation de véhicules d’occasion sont devenues courantes en Guinée et dans la sous-région. Ce business ne va pas pour autant sans risques.

Madame Fanta Sanoh, une douanière de 41 ans, est poursuivie par Ibrahima Sory Komara pour abus de confiance dans la vente de deux voitures : une Mazda X7 et une Toyota Matrix. Les faits se seraient produits il y a neuf mois, quand monsieur Komara a rencontré dame Sanoh par l’intermédiaire d’un ami commun, Mohamed Dioubaté.

Dès l’ouverture du procès et en présence de son avocat, la prévenue a reconnu les faits qui lui sont reprochés. « Moi, je fais souvent des affaires avec monsieur Dioubaté. Je prends des véhicules avec lui que je revends et je lui donne l’argent. C’est ainsi qu’il m’a montré son ami qui détenait aussi des voitures. J’ai alors rencontré monsieur Komara. Il m’a donné une première voiture, une Toyota Matrix, que j’ai revendue pour lui donner l’argent. Ensuite, j’ai pris deux autres voitures, toujours par l’intermédiaire de monsieur Dioubaté, dans le but de les revendre. Une Toyota Matrix et une Mazda X7, respectivement à 35 et 80 millions de francs guinéens », reconnait-elle à la barre.

Sur les raisons du non paiement des montants dûs, madame Sanoh soutient que c’est indépendant de sa volonté. « Je n’ai pas refusé de payer cet argent. Je travaille avec des partenaires à qui je donne des voitures pour les revendre en Sierra Leone. D’habitude, quand ils revendent, aussitôt ils me donnent l’argent et je règle les propriétaires. Cette fois-ci, ils sont partis avec les voitures et je n’ai pas eu de retour de leur part. Je les ai appelés, ils m’ont dit que les voitures ne sont pas encore écoulées et finalement, je ne parvenais plus à les joindre. J’y suis allée faire trois (3) mois dans l’optique de les retrouver, mais en vain. Je suis revenue et j’ai expliqué la situation à messieurs Dioubaté et Komara », argumente la prévenue.

Madame Sanoh dit avoir tout mis en œuvre pour assurer le paiement de ses créanciers, mais elle soutient avoir eu des difficultés. « J’ai mené assez de démarches pour le paiement de cet argent. J’ai voulu vendre ma maison, mais je ne me suis pas comprise avec l’acheteur sur le prix. J’étais à la recherche d’un autre acheteur, cela a pris du temps. J’ai essayé d’expliquer à monsieur Komara. Mais, il ne m’a pas compris. Finalement, il m’a arrêtée pour me conduire à la gendarmerie où j’ai pris des engagements. Mais, la situation était toujours compliquée et je n’ai pas pu respecter ces engagements. Néanmoins, je lui ai déjà restitué une voiture et payé une somme de 44 millions 500 mille francs guinéens à son ami », poursuit-elle.

Des explications contestées par Ibrahima Sory Komara qui soutient avoir perdu de vue la douanière le jour de la remise des documents du dernier véhicule. « J’ai un frère et une sœur qui sont aux États-Unis et qui m’envoient des véhicules pour que je les écoule pour eux ici. En ma qualité de fonctionnaire, je n’ai pas suffisamment le temps. J’ai donc contacté un ami qui travaille dans ce domaine. Il m’a aussi mis en contact avec cette dame. Nous avons fait une première affaire qui a bien tourné. Maintenant, comme il y avait une certaine confiance entre nous, elle est venue prendre trois (3) de mes voitures dont une Nissan X Trail qui me servait de voiture personnelle. Depuis, je ne l’ai plus revue. Quand je l’appelle, elle me dit qu’elle a tantôt donné à quelqu’un qui ne l’a pas encore payé, tantôt, elle me dit que les voitures sont en Sierra Leone. J’ai tout fait, je n’ai pas réussi à la retrouver ni à récupérer mes voitures. C’est ainsi que je suis allé à la gendarmerie qui m’a aidé à la retrouver et à l’arrêter. A la gendarmerie, elle a tout reconnu et m’a restitué la Nissan », a-t-il expliqué.

Les parties sont aussi divisées sur une autre question, le montant dû. Alors que le plaignant réclame 140 millions de francs guinéens pour les deux voitures, la prévenue ne reconnait que 69, 5 millions et dit avoir payé à monsieur Dioubaté, qui est l’intermédiaire dans cette affaire, une somme de 44 millions de nos francs.

En outre, Dame Fanta Sanoh est également poursuivie par d’autres plaignants qui l’accusent de leur avoir joué le même coup d’abus de confiance et dans des circonstances similaires.

La demande de mise en liberté formulée par son avocat n’a pas trouvé un écho favorable chez le juge. L’affaire a été renvoyée au 22 janvier 2020 pour la comparution de Mohamed Dioubaté, l’intermédiaire dans cette transaction qui n’a pas livré tous ses secrets.

A suivre !

Alsény KABA pour Guineematin.com

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