Violences sur des civils : Bobo Barry, âgé de 12 ans, passé à tabac par des gendarmes à Wanindara

Mamadou Bobo Barry, élève de 12 ans a été passé à tabac par les forces de l’ordre au quartier Wanindara-rails
Mamadou Bobo Barry, élève de 12 ans a été passé à tabac par les forces de l’ordre au quartier Wanindara-rails

Les accusations d’actes de torture perpétrés par les forces de l’ordre à l’occasion des manifestations contre le 3ème mandat pour Alpha Condé se multiplient en Guinée. Mamadou Bobo Barry, un collégien âgé de 12 ans, dit avoir été sérieusement roué de coups par les forces de l’ordre au quartier Wanindara Rails, dans la commune de Ratoma. Les faits se sont produits avant-hier, mardi 21 janvier 2020, pendant les manifestations du FNDC.

Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com, Mamadou Bobo Barry, qui porte encore les stigmates de sa mésaventure, dit avoir été arrêté, molesté et enfermé à l’escadron mobile numéro 5 de Wanindara.

« Le mardi matin, ma maman m’a chargé d’aller lui acheter du pain pour son petit déjeuner. Mais, j’ai été encerclé par un groupe de gendarmes dans le marché. Puisque je ne sais pas pourquoi ils venaient vers moi, je me suis arrêté. Ils m’ont arrêté avant de me bastonner : des coups de matraque, des coups de pieds, ça venait de partout. Lorsque j’ai demandé pourquoi ils me bastonnaient, ils ont accentué la cadence. Je me suis tu. Ils m’ont embarqué à bord d’un de leur pick-up. Certains d’entre eux m’ont dit de me déshabiller et de me mettre nu. J’ai obtempéré. Quelques temps après, un autre gendarme m’a dit de me rhabiller. Puis, un autre gendarme est venu dire à son collègue que lui n’avait pas eu l’occasion de me frapper et qu’il fallait qu’il me frappe comme l’ont fait les autres agents. Il m’a fait descendre du pick-up et s’est mis à me frapper. Ensuite, ils m’ont conduit à la gendarmerie de Wanindara pour m’enfermer, malgré l’insistance de ma mère et des voisins», a dit le garçon.

Egalement interrogée par Guineematin.com, madame Barry Oumou Sow, mère du garçon, a dit sa douleur devant les mauvais traitements infligés à son enfant. « Après son arrestation, j’ai été alerté par les voisins. Quand je suis allée aux nouvelles, j’ai trouvé qu’ils sont en train de le frapper. Je leur ai dit de le libérer parce qu’il n’avait rien commis pour mériter ce traitement. Ils m’ont dit qu’ils n’en avaient rien à faire. Ils m’ont insulté et m’ont dit de retourner. Je leur ai dit que je ne pouvais retourner car mon fils est entre leur main. C’est alors qu’ils ont commencé à me jeter du gaz et des pierres puisqu’ils avaient des lance-pierres. Avec tout cela, ils ont vu que je les suivais toujours. Ils ont que si je continuais à les suivre, ils vont me tirer dessus à balles réelles. J’ai répondu en disant que s’ils me tuaient aujourd’hui, demain ce n’est pas moi qu’ils vont tuer à nouveau. Ils m’ont dit toi, tu es maudite, pourquoi tu ne retournes pas. J’ai encore répondu que seule la mort peut séparer un fils de sa mère et que je ne pouvais me retourner. Ils ont continué à frapper mon enfant et l’ont conduit au siège de la brigade de gendarmerie de Wanindara où il a été enfermé », a-t-elle expliqué.

Madame Barry a ajouté que les agents lui auraient demandé de payer la somme de 100 mille francs guinéens à la gendarmerie juste pour voir son enfant. « Quand j’ai su que mon fils a été amené à la gendarmerie de Wanindara, je suis allée informer les voisins. Nous sommes venus aux environs de 15 heures. Mais, pour le voir d’abord, les agents m’ont dit de payer 100 mille GNF. J’ai dit que je n’avais rien et que je suis une pauvre mère qui a même du mal à vivre. Finalement, je n’avais pas pu obtenir sa libération. Il a passé la nuit en prison ».

Mme Barry Oumou Sow, mère de Mamadou Bobo Barry

En outre, madame Barry Oumou Sow dit que son enfant était tellement soufrant qu’il n’a pas pu boire la bouillie qu’elle lui a apportée le lendemain. « Le mercredi, je suis venue avec de la bouillie. Mon fils n’a pas pu boire car tout son visage était enflé, il avait des blessures un peu partout. J’ai dit que s’il n’est pas libéré, il risque de mourir, car la veille il n’avait pas pris son petit déjeuner avant de sortir et jusque-là, il n’a rien pu mettre dans le ventre. Ils m’ont dit qu’ils ne peuvent pas libérer un rebelle. J’ai répondu que mon fils n’était pas rebelle et qu’il était un élève qui a une bonne éducation ».

L’intervention des voisins et des bonnes volontés a permis de libérer le jeune garçon. « J’ai pu obtenir la libération de mon enfant grâce à l’intervention des voisins et des personnes de bonne volonté. Je ne sais pas s’ils ont payé de l’argent puisque je n’ai été informée de rien des conditions de sa libération. Je fustige ce comportement des forces de l’ordre. Je ne peux rien faire aujourd’hui contre eux, mais je crois en la justice divine », a-t-elle dit.

A noter que ce n’est pas la première fois que de telles exactions sont commises sur les citoyens à Conakry, notamment dans la commune de Ratoma, par les forces de l’ordre. Le cas du vieil homme frappé et humilié par des policiers à Kobaya alors qu’il se rendait à la prière en est une parfaite illustration.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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