Manifs contre le 3ème mandat pour Alpha Condé : 4 jeunes libérés à Dixinn

Les manifestations du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) contre le 3ème mandat pour Alpha Condé ont entrainé des dizaines de morts par balles et des dégâts matériels énormes. A cela s’ajoutent de très nombreuses arrestations de jeunes gens, mis en prison et jugés dans les tribunaux du pays.

C’est dans cette dynamique que quatre jeunes ont été jugés au tribunal de Dixinn hier mercredi, 29 janvier 2020, pour participation délictueuse à un attroupement illégal sur la voie publique. Au terme des débats, Sadio Barry, Ousmane Bah, Mamadou Dian Diallo et Mamadou Bachir Diallo ont été libérés, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les appels à « la résistance citoyenne active » contre le 3ème mandat pour Alpha Condé ont été émaillés de violences, d’arrestations parfois arbitraires, et de nombreux dégâts matériels. C’est dans la dynamique des procès contre les protestataires du 3ème mandat que ces 4 prévenus ont été jugés à Dixinn.  Il s’agit de Sadio Barry, âgé de 19 ans ; Ousmane Bah, âgé de 22 ans ; Mamadou Dian Diallo, âgé de 29 ans ; et de Mamadou Bachir Diallo, âgé de 45 ans, marié et père de 5 enfants.

A la barre, ils ont tous nié les faits de « participation délictueuse à un attroupement illégal sur la voie publique » mis à leur charge.

Selon Ousmane Bah, c’est devant sa boutique qu’il a été arrêté par les policiers. « C’était un jour de manifestation et j’étais assis devant ma boutique. Les enfants jouaient à côté et les gens passaient aussi dans la rue. Les agents des forces de l’ordre sont venus me trouver assis et m’ont dit de monter dans leur véhicule. Je leur ai demandé de me laisser fermer ma boutique. Ils m’ont dit qu’ils allaient le faire eux-mêmes. Ils ont fermé la boutique et ils ont pris mon téléphone, qu’ils ont finalement remis à mon frère », a-t-il expliqué.

Pour sa part, Sadio Barry dit avoir été giflé et dépouillé de ses biens par les forces de l’ordre. « Ce jour là, je venais du garage. Arrivé à un certain niveau, j’ai aperçu des agents qui m’ont appelé. Quand je suis venu, ils m’ont giflé et j’ai saigné. Ils m’ont fouillé et ont retiré l’argent que j’avais et mon téléphone. Ils m’ont ensuite remis le téléphone et m’ont dit de rentrer. Lorsque j’ai avancé, j’ai vu un autre groupe dans un véhicule pick-up. Ceux-ci m’ont arrêté et m’ont aussi retiré mon téléphone avant de me le rendre plus tard ».

De son côté, Mamadou Dian Diallo dit avoir été arrêté chez lui alors qu’il était devant la cour de sa concession.

Quant à Mamadou Bachir Diallo, il soutient n’avoir aucun lien avec les manifestations. Selon lui, c’est en rentrant à son domicile qu’il est tombé sur des agents qui l’ont mis aux arrêts.

Dans ses réquisitions, le représentant du Ministère Public, le procureur Daouda Diomandé, a demandé l’application de la loi en requérant une peine de 3 mois de prison et une amende 500 mille GNF pour chacun des prévenus. « Nous ne sommes contre personne. Nous sommes pour l’application de la loi. Quand il y a manifestation, c’est la peur qui s’installe dans les zones de manifestation. Il y a certes la liberté de manifester, mais quand vous empiétez sur la liberté des autres, ça devient autre chose. Nous requérons que vous reteniez ces gens dans les liens de la culpabilité et que vous les condamniez à trois (3) mois de prison et au payement d’une amende de 500 mille GNF chacun », a-t-il requis.

Les avocats de la défense ont exprimé leur désolation de voir des « innocents jugés pour des faits qui ne sont pas avérés ». Maître Mohamed Traoré et maître Alsény Aissata Diallo, du collectif des avocats du FNDC, ont plaidé la libération pure et simple de leurs clients. « Nous sommes désolés de voir s’ouvrir devant votre tribunal un tel procès. Nous avons suivi les réquisitions du procureur. Il n’y a aucune preuve qui puisse asseoir votre conviction. Le tribunal ne doit pas être emporté par des déclarations sans preuves. Le seul malheur de ces gens est de vivre dans la zone de Ratoma. La manifestation est un droit et on ne peut pas nier ce que la constitution nous reconnait. Ces jeunes n’étaient même pas liés à une quelconque manifestation. Et puis qu’il n’y a pas de preuves de leur participation ou d’attroupement qu’on pourrait les reprocher, ces gens sont donc innocents. Nous demandons leur mise en liberté pure et simple pour délit non constitué ».

Dans sa décision, le tribunal a déclaré Mamadou Dian Diallo, Ousmane Bah et Sadio Barry non coupables et les a renvoyés pour des fins de la poursuite pour délit non constitué. Quant à Mamadou Bachir Diallo, il a été reconnu coupable des faits et condamné à trois mois de prison assortis de sursis, conformément aux dispositions des articles 627 et 629 du Code Pénal.

Alseny Kaba pour Guineematin.com

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