Bangouya (Kindia) : le cri de cœur des citoyens de Téléyah qui manquent de tout !

Les secteurs et districts relevant des communes rurales de la Guinée sont toujours confrontés à de très nombreuses difficultés. Du manque d’eau à l’insuffisance des infrastructures socio-éducatives en passant par le mauvais état des routes et la couverture téléphonique, le problème reste entier. Le cas le plus illustratif de ces difficultés quotidiennes est le secteur de Téléyah, dans la commune rurale de Bangouya, située à 75 kilomètres de Kindia, rapporte l’envoyé spécial de Guineematin.com dans cette localité.

A cause du rythme accéléré de croissance enregistré sur les lieux, la localité de Téléyah a été érigée en secteur depuis l’année 2017, dans le district de Kansa Siguima, relevant de la commune rurale de Bangouya. Aujourd’hui, cette zone montagneuse accidentée, est en manque de routes, de réseaux téléphoniques, et d’autres infrastructures. Soucieux de leur devenir et pris au dépourvu, les citoyens de Téléyah tirent la sonnette d’alarme.

Boubacar Bah, enseignant et natif de Téléyah

Boubacar Bah, enseignant et natif de Téléyah, interrogé par l’envoyé spécial de Guineematin.com, a tout d’abord fait un rappel sur l’historique de la fondation du village avant de dire ce qui est entrepris par les locaux pour sortir de la pauvreté. « Téléyah est un village situé à 75 km du centre urbain de la préfecture de Kindia en passant par Ségueya, Sira Foré et Gomba Dalounfary, dans la sous préfecture de Kolenté. Cette localité a été fondée au 19ème siècle avec la chute du royaume Théocratique du Fouta Djallon par des nomades qui sont venus de Pita et Dalaba. Aujourd’hui, avec ses grandes agglomérations, Téléyah est devenu plus peuplé et plus large que tous les villages du district Kansa. C’est un village qui se développe petit-à-petit, parce que depuis sa création, on ne voit des traces de l’existence de l’Etat. Tout ce qui est fait, c’est réalisé grâce aux cotisations, aux collectes qui sont faites par les ressortissants qui ont construit une école de trois salles de classe, qui héberge aujourd’hui de la 1ère à la 6ème année ; un poste de santé qui s’active du jour au lendemain. Notre poste de santé n’a qu’un seul agent qui fait tous les services », a expliqué monsieur Bah.

Poursuivant, l’enseignant a fait savoir que les difficultés ne manquent pas à Téléyah, notamment sur le plan scolaire. « C’est un village qui manque un peu du tout, parce que c’est un lieu où l’accès en eau potable est un problème. L’éducation n’est pas totalement acquise parce qu’on est avec une école de trois salles de classe pour un effectif de plus de 200 élèves. Pour cette année scolaire 2019/2020 par exemple, nous avons plus de 80 élèves qui devraient être à l’école, mais qui n’ont pas eu de la place par manque d’infrastructures. Après l’obtention de l’examen d’entrée en 7ème année, les élèves qui n’ont pas de parents ou des proches pour les héberger dans les villes sont obligés d’abandonner les cours ».

Notre interlocuteur déplore le fait que la délinquance juvénile soit entrain de guetter le secteur. « Le village n’a également pas de centre de mémorisation du coran. On ne parle même pas du Coran. Vous trouverez les enfants tous les jours dans les coins, matin, midi et soir. Certains s’adonnent même aux vices et à la drogue grâce aux soirées dansantes organisées à partir des villages environnants. Il n’y a pas de maison des jeunes où on peut se retrouver pour parler du développement local », a dit l’enseignant.

En ce qui concerne l’état de la route, ce natif de Téléyah a fait savoir que rien n’a également été fait dans le domaine par l’Eta. « Depuis sa création, Téléyah n’a jamais connu un travail effectué par la machine ou l’Etat. A chaque fois, les citoyens résidents font appel aux habitants de Kansa, Kounsa, Kolakhouré pour venir boucher les trous. Mais, cela ne suffit pas. Aujourd’hui, on a besoin d’une machine pour tailler, creuser les pierres, c’est à dire les parties difficiles pour faciliter la circulation. Cette route est impraticable en toute saison. Pourtant, c’est une route stratégique. Vous empruntez Téléyah, vous ne ferez qu’une heure pour arriver à Pita en passant par Garafiri, si l’Etat travaille ce tronçon ».

L’autre casse-tête chinois qui pénalise les habitants de Téléyah est le manque de réseau téléphonique. Pourtant, de nombreux efforts ont été fournis dans ce sens. « En ce qui concerne le réseau téléphonique, nous avons écrit depuis 2018 une lettre à la direction d’Orange Guinée. Nous avons été au siège de Dixinn, au siège de Belle vue. Nous avons été reçus par les responsables. Ils nous ont conduits vers leur représentant à Kindia. Nous avons le contact du responsable en charge d’implanter le poteau qui nous avait promis que l’année 2019 n’allait pas finir sans que Teleyah ait au moins un poteau d’Orange Guinée pour faciliter la communication entre les villageois et leurs fils qui sont ailleurs. Chose qui n’est pas faite jusqu’à présent. Nous avons essayé de les interpeller encore. Ils nous ont promis qu’ils vont tout faire pour qu’en 2020 on ait le réseau », a fait savoir Boubacar Bah.

Abdoul Razak Bah, marchand à Missidé Téléyah

Le mauvais état de la route joue négativement sur les activités commerciales. C’est ce qu’a laissé entendre Abdoul Razak Bah, marchand à Missidé Téléyah. « Je me débrouille ici en faisant le commerce. Mais, on a des problèmes de manque de route pour avoir des marchandises. Les véhicules viennent chaque deux à trois semaines. Il y a manque de marchandises. Vous voyez, il n’y a rien dans la boutique. Il n’y a pas eu de véhicule depuis deux semaines. Le village est très peuplé, mais il n’y a rien à acheter. Je demande au gouvernement, aux ONG et aux institutions de nous aider », a-t-il lancé.

Amadou Baïlo Batouala Diallo pour Guineematin.com

Tél : (00224)628516796

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