Conakry : les contraintes et défis de la magistrature, au menu d’une conférence

A l’occasion de leur cérémonie de fin d’études, les magistrats membres de la 5ème promotion du centre de formation judiciaire ont organisé une conférence-débat le jeudi, 30 janvier 2020, à Conakry. Cette conférence a eu pour thème « Magistrature : contraintes et défis ». Elle a été animée par Aly Touré, procureur de la République près le tribunal première instance de Kankan, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

Récemment admis à leur examen de sortie, les 60 jeunes magistrats membres de cette 5ème promotion vont prêter serment dans les jours. Mais, avant de commencer leur service, ils ont décidé d’organiser cette conférence-débat pour échanger avec un ancien du monde judiciaire sur les contraintes et défis qui les attendent. Ce qui devrait leur permettre de surmonter certaines difficultés auxquelles ils pourraient être confrontés une fois en activité.

Dans son exposé, le conférencier a commencé par rappeler la vision de la magistrature guinéenne. « La vision de la magistrature guinéenne, elle a été dégagée lors des états généraux de la justice tenus au palais du peuple, en 2011. Il s’agit d’une justice indépendante, équitable, professionnelle, accessible à tous, intègre et humaine. Une justice qui contribue efficacement au développement économique, en encourageant par ses actions, les investissements en République de Guinée », a-t-il dit.

Poursuivant, le conférencier est revenu longuement sur les valeurs de la magistrature guinéenne. « Les valeurs que nous défendons au sein de la magistrature guinéenne, ce sont les valeurs d’intégrité, de rigueur, d’équité et de confiance. L’intégrité, chacun de nous le connait. Il s’agit du fait que le magistrat doit se comporter en dehors de toute velléité de corruption, se montrer intègre, refuser toute velléité de corruption. Quand vous êtes magistrat, vous devez apprendre à vous forger votre propre personnalité, parce que vous venez dans une famille au sein de laquelle vous allez faire carrière. Beaucoup de choses vont vous rattraper et là l’inexpérience ne sera pas une excuse.

Ces valeurs doivent être cultivées dès la prestation de serment. En ce qui concerne la rigueur dans le travail, il faut souligner que la magistrature est l’un des corps dans lesquels aucune notion et aucun collaborateur ne sont à négliger. Parce que vous êtes appelés à travailler avec les greffiers, les secrétaires, les parquets. Ces personnes qui ne sont pas négliger, c’est des gens qui peuvent vous aider dans votre travail. Mais si vous êtes magistrat, ayez un œil sur leur façon de travailler parce qu’en dernier ressort, c’est votre responsabilité qui va être engagée. Ne négligez aucun aspect, soyez rigoureux avec votre propre personne », a exhorté Aly Touré.

Le procureur de la République près le tribunal première instance de Kankan a attiré aussi l’attention des jeunes magistrats sur l’équité dans le travail, qui consiste à traiter toutes les personnes comme des justiciables.

Après les débats, Hady Diallo, membre de la 5ème promotion du centre de formation judiciaire, est revenu sur ce qu’il a retenu. « Les contraintes sont d’ordre structurel, social et aussi politique. Structurel, parce que les conditions de vie dans lesquelles les tribunaux se trouvent, ce n’est pas évident de travailler. Social, parce qu’il y a des parents, des imams qui viennent parfois vous demander de ne pas appliquer la loi. Mais il y a politique aussi, parce qu’il y a certains agents de l’Etat qui interviennent dans les dossiers judiciaires, et ça c’est vraiment une contrainte aussi à laquelle le magistrat fait face.

Quant aux défis, surtout d’un jeune magistrat, c’est l’esprit d’indépendance. L’indépendance, elle ne se donne pas, ce n’est une question de personnalité, c’est lié à votre personnalité (…) Ensuite, il y a la spécialisation. Aujourd’hui, nous constatons qu’il n’y a pas mal d’affaires de différentes natures. Il y a des affaires commerciales, économiques et financières. Le magistrat est confronté à tout cela. Donc le défi c’est de faire face à cela en ayant une compétence lié à ces différentes matières », a dit le jeune magistrat.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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