Exactions des forces de sécurité à Ratoma : la grosse colère de Kaly Diallo de « la Baïonnette intelligente »

Mamadou Kaly Diallo, activiste des Droits de l’Homme et chargé de relations du programme Démocratie sans violence de la "Baïonnette intelligence"
Mamadou Kaly Diallo, activiste des Droits de l’Homme et chargé de relations du programme Démocratie sans violence de la « Baïonnette intelligence »

Les nombreuses exactions et autres bavures commises par les forces de l’ordre en Guinée, dans la commune de Ratoma en particulier, continuent d’alimenter les débats et de susciter l’indignation. C’est pour fustiger cette attitude des agents que Mamadou Kaly Diallo, activiste des Droits de l’Homme et chargé des relations du programme Démocratie Sans Violence « la Baïonnette intelligente », est monté au créneau hier, vendredi 31 janvier 2020. Dans une interview accordée à Guineematin.com, monsieur Diallo exhorte le président Alpha Condé à trouver une solution à la crise actuelle en acceptant de sortir par la grande porte.

Les exactions commises par les forces de l’ordre se multiplient contre les citoyens depuis le début des manifestations contre le 3ème mandat pour Alpha Condé. Mamadou Kaly Diallo est très en colère contre ces agissements. Selon lui, ce qui se passe en Guinée est inadmissible. « En Guinée, les Droits de l’Homme sont systématiquement et gravement violés, à partir du moment où on parle tous les jours de tueries dans les manifestations sociopolitiques, d’atteinte à la vie humaine, la dignité humaine bafouée. Vous avez vu le cas d’Elhadj Abdourahmane (Elhadj Doura) qui partait à la mosquée et qui a été kidnappé puis tué. Tout récemment, vous avez vu la dame qui a été non seulement prise en otage par les policiers à Wanindara, mais elle a été utilisée par ceux-ci comme bouclier humain. Ce qui viole même les conventions de Genève. Donc, tirer sur une ambulance et tué l’ambulancier, aller sur lieux de culte en faisant des exactions policières, tirer sur un cortège funèbre, ce sont des crimes contre l’humanité », a-t-il énuméré.

Pour Kaly Diallo, ces atrocités impunies sont entrain d’encourager la récidive. « Compte tenu de l’impunité érigée en mode de gouvernance par ce régime, il y a une violation massive et systématique des Droits de l’Homme. Et les conséquences aujourd’hui, c’est l’escalade de la violences sur le terrain en s’attaquant à des édifices publics, des édifices privés et surtout des morts d’hommes, si bien que la constitution guinéenne en son article 5 stipule que la personne humaine et sa dignité sont sacrées et que l’Etat a le devoir de les respecter et de les protéger ».

Mamadou Kaly Diallo, activiste des Droits de l’Homme et chargé de relations du programme Démocratie sans violence de la « Baïonnette intelligence »

Poursuivant, cet activiste des Droits de l’Homme dénonce le fait que la commune de Ratoma soit ciblée. « Ce qui se passe aujourd’hui sur l’Axe, c’est qu’il y a une volonté politique réelle. On ne peut pas comprendre dans un Etat, je défie quiconque de nous montrer un magasin de vente d’armes de guerre, qu’il y ait plus de 134 morts et qu’on nous dise que l’Etat a toujours du mal à identifier les auteurs. Non, ce n’est pas vrai. C’est que c’est voulu, c’est garanti. J’aime le dire, si le cas de Zakariaou (la première victime du régime Alpha Condé en avril 2011, ndlr) avait été judiciairement, impartialement et sévèrement puni, on n’allait pas continuer à compter les morts et des citoyens battus. Aujourd’hui, on est au seuil d’un génocide. Il suffit juste qu’on puisse prouver que c’est planifier pour qu’on dise qu’on est au seuil d’un génocide. Je pense que le gouvernement guinéen doit se ressaisir. Aujourd’hui c’est clair, les auteurs présumés et les commanditaires bénéficient d’une protection de l’Etat, d’une garantie de l’Etat. Mais attention, cela ne restera pas impuni, ce sont des crimes imprescriptibles qui sont en train d’être commis », prévient-t-il.

En outre, notre interlocuteur invite le président Alpha Condé à faire arrêter ces exactions. « C’est clair que le sujet de 3ème mandat est un sujet conflictuel. Tirant les leçons du passé douloureux de la Guinée, le législateur a indiqué dans la loi fondamentale que le mandat présidentiel est de 5 ans, renouvelable une fois. Donc, cette constitution dit que nul ne peut exercer deux mandats consécutifs ou non. Pour cimenter tout cela, on a envoyé au niveau des intangibilités constitutionnelles : c’est l’article 154. Donc, nous exigeons qu’il y ait le respect de ce texte », a-t-il laissé entendre.

Pour finir, ce chargé des relations du programme Démocratie Sans Violence « la Baïonnette intelligente » demande au président Condé de favoriser l’alternance en Guinée. « Jusque-là, le président a une grande porte de sortie. A chaque fois qu’il prend la parole, il revendique avec plaisir ce combat qu’il a mené pour le respect de la démocratie et le respect des Droits de l’Homme. Et puisque la quintessence, le socle, voire le fer de lance de tout régime démocratique, c’est l’alternance, moi je pense que jusqu’à présent, il peut renoncer à ce projet. Quitte à coupler les élections législatives et présidentielles en abandonnant bien entendu le référendum. Parce qu’il faut le dire, le référendum n’obéit à aucune règle juridique ».

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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