Dalaba : le ministre Boureima Condé et ses collègues prônent le vivre ensemble

Comme annoncé précédemment, une délégation gouvernementale a entamé ce mardi, 04 février 2020, une tournée en Moyenne Guinée. Une région qui a été le théâtre de violences parfois meurtrières, de destructions d’édifices publics, sans compter les blessés et les exactions des forces de l’ordre à l’occasion des manifestations du FNDC contre le 3ème mandat pour Alpha Condé. Après Mamou, les émissaires du chef de l’Etat sont arrivés à Dalaba dans l’après-midi de ce mardi pour prôner la paix et la quiétude sociale, rapporte l’envoyé spécial de Guineematin.com à Dalaba.

La délégation ministérielle est conduite par le Général Boureima Condé, ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation. Elle a été reçue par les sages, les autorités préfectorales, régionales, et communales au domicile d’Elhadj Cherif Bantignel Barry, imam râtib et secrétaire préfectoral de la ligue islamique de Dalaba.

Général Boureima Condé, ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation

Dans son intervention, le Général Boureima Condé a dit l’objectif de sa visite à Dalaba. « Je sais que ce qui est arrivé à Dalaba n’est pas du vouloir des sages de Dalaba. Pour preuve, chaque fois qu’il y a des mouvements ici, Elhadj Chérif me dit moi, je ne suis pas politique, je ne milite pour aucun parti politique, je veux juste la quiétude et la paix sociale dans ma préfecture. Et même au plus profond de la crise que Dalaba vit, nous avons échangé et il m’a dit, faisons en sorte que de part et d’autre, c’est-à-dire l’Etat et la population, faisons en sorte que le calme puisse revenir ; et, pour cela, chacun doit faire des efforts. La situation, je dirai plus que malheureuse que nous avons vécue à Dalaba, je me presse de vous le dire avec le cœur et le courage qu’il faut, elle ne se devait pas. Nous sommes au cœur du Fouta ; le Fouta, c’est la religion, et la religion, c’est la paix. La religion, c’est le pardon, c’est l’amour du prochain. Cela, c’est le Fouta et depuis tout le temps. Il est donc difficile de comprendre ce que nous sommes en train de vivre à Dalaba. Cette délégation vous auriez dû la recevoir ici depuis le début de la crise parce que pour le moment le président de la République est en train de jouir de son mandat de président de la République. Donc, quoiqu’il arrive, c’est de lui qu’il s’agit. Si un poussin est pris par un épervier, sur n’importe quel mettre carré du territoire national, ce poussin est pris dans les mains du président de la République. Donc, au nom du président de la République, nous vous présentons nos excuses pour tout ce qui s’est passé à Dalaba les semaines passées, car c’est à nous aussi cela est arrivé », a-t-il laissé entendre.

Par ailleurs le ministre Boureima Condé a indiqué que la Guinée est une et indivisible et que la politique ne doit pas altérer les bonnes relations et le vivre ensemble des guinéens. « La politique et les politiciens sont dans un jeu normal. La politique n’a jamais imposé l’unanimité, c’est une option. C’est la pluralité justement des options, des idéologies… Mais, que cela ne dédaigne pas sur les relations humaines entretenues depuis des siècles et des siècles ».

Elhadj Mamadou Chérif Bantignel Barry, premier imam de Dalaba

De son côté, Elhadj Cherif Bantignel Barry a dit sa joie de recevoir la délégation ministérielle. L’imam râtib de Dalaba a dit son inquiétude face à l’escalade de la violence des semaines écoulées. « Ce qui s’est passé ici à Dalaba, vous nous avez dédouané. Mais, moi, je dis que nous avons une part de responsabilité puisque ce sont nos enfants qui se sont rendus coupables de ces violences, pourrait-on dire. Nous, dès qu’on a entendu parler des manifestations que les membres du FNDC projetaient, nous les avons convoqués à la mosquée. Nous leur avons dit que nous, nous ne connaissons pas bien les textes ; mais, à notre connaissance, il n’y a aucun article qui dit de casser les biens parce qu’on n’est pas d’accord avec un acte du gouvernement ou de l’Etat. Finalement, on s’est compris et ils ont pris l’engagement de manifester pacifiquement. Aux forces de maintien d’ordre aussi, nous avons dit de ne pas exercer la violence sur les citoyens. Malheureusement, le même jour, les manifestations ont commencé et elles ont pris une ampleur inattendue », a rappelé l’imam.

En outre, Elhadj Cherif Bantignel Barry a dit avoir tout fait pour éviter à sa ville ce qui est arrivé, mais en vain. « En pleine manifestation, j’ai été le seul à avoir pris l’initiative d’aller m’interposer entre jeunes manifestants, munis de pierres et forces de l’ordre, munis d’armes. J’ai été capable de dire aux enfants de déposer les pierres, de cesser de lancer les pierres. Aux forces de l’ordre, j’ai dit de ne pas lancer les gaz lacrymogènes. Oui, je l’ai dit aux agents qui étaient venus en renfort et qui ne me connaissent pas. Mais, j’ai essayé de calmer les deux camps, en vain. Difficilement j’ai pu quitter les lieux car j’avais eu ma dose de gaz lacrymogènes. Nous fustigeons ce qui s’est passé à Dalaba », a insisté le leader religieux.

Après ces échanges avec les autorités, la délégation gouvernementale s’est rendue au siège de la préfecture, la résidence du préfet et à l’Institut Supérieur des Sciences et de Médecine Vétérinaire de Dalaba (ISMV) au quartier Tangama, pour faire le constat les traces des actes de pillages perpétrés pendant les manifestations.

Après Dalaba, la délégation ministérielle a mis le cap sur Pita, la dernière étape de cette campagne de sensibilisation au compte de cette journée. Demain, mercredi, la délégation se rendra à Labé et à Lélouma dans le même cadre.

A suivre !

De Dalaba, Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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