Report des législatives au 1er mars 2020 : ce qu’en pensent certains citoyens à Conakry

Comme annoncé précédemment, un décret du président Alpha Condé, diffusé dans la soirée d’hier lundi, 03 février 2020, a reporté la date de la tenue des élections législatives au 1er mars prochain. Cette annonce a polarisé les débats ce mardi dans la capitale guinéenne. Beaucoup de citoyens, interrogés par un reporter de Guineematin.com, ont des avis divergents sur la question. Si d’aucuns estiment que ce report est lié aux difficultés que traverse la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), d’autres pensent que ça ne va rient changer à a crise que notre pays traverse.Décryptage !

Touré Joseph Pierre, citoyen rencontré à Kipé : « je crois que le report a été fait sur proposition de la CENI qui trouve qu’il y a des dispositifs qu’il faut mettre en place et qu’il y a encore des petits problèmes qu’il faut régler. Quand tout cela va être mis au point, qu’on peut véritablement organiser des élections libres et transparentes. Si la CENI, qui est chargée d’organiser les élections, trouve encore qu’il y a des irrégularités ou des dispositions à prendre et que la date qui a été fixée au préalable ne peut pas tenir, il leur revient de proposer au chef de l’Etat le report pour que les élections se passent dans les bonnes conditions. Parce ce que l’essentiel n’est pas d’organiser des élections, mais c’est de les organiser dans les règles de l’art. Et il n’y a pas d’élection parfaite mais, que les résultats soient plus ou moins acceptés par les uns et des autres. Je pense que ce report est dû à ces problèmes techniques de dernière minute qu’il va falloir régler. La CENI a proposé une première date. Si entre temps, elle constate que par rapport aux réalités du terrain, il va falloir reporter pour que les choses se passent dans de très bonnes conditions, il n’y a pas de raison qu’on contredise cela. Moi, je pense que le report est vraiment dû au fait que le timing est insuffisant pour cerner toutes les réalités sur le terrain ».

Ibrahima Kadé Kann, rencontré au Centre Émetteur de Kipé, diplômé en Comptabilité : « je pense c’est une chimère, ce n’est pas quelque chose de fiable. Parce qu’il ne fallait pas reporter à une date précise. Il fallait suspendre complètement ce processus électoral et repenser au fichier électoral. Parce que quand vous prenez le fichier électoral, avec 68% de la population qui est dans ce fichier, ça n’augure pas de bonnes élections. Ils ont juste reporté, parce que la CENI est en incapacité d’organiser les élections. Ils n’ont même pas commencé la distribution des cartes d’électeurs, ils n’ont pas déroulé leur chronogramme. C’était impossible d’organiser les élections le 16 février. Ce n’est pas parce qu’ils ont reporté les élections pour soulager le peuple ou pour arranger le problème. Ils veulent combiner l’élection législative au référendum. Donc, je pense que le Président a pris ce décret dans ce sens-là. Ça n’a rien d’important pour les gens qui sont en train se battre pour que le pays avance, pour qu’il y ait de bonnes élections… Comment la région de Kankan peut être supérieure à celle Mamou et de Labé ? Tout ça là, c’est des problèmes. Je pense qu’il fallait suspendre l’élection en général et de repenser à revenir sur un nouveau fichier électoral qui soit consensuel et capable de nous amener dans des élections libres et transparentes. C’est pour juste pouvoir coupler les législatives et le référendum ».

Amadou Diané, rencontré à Bambéto : « je dirai que c’est une bonne chose dans la mesure où ça peut ramener la paix dans la cité. La mesure est appréciable. On ne sait pas s’ils ont reporté pour que l’opposition revienne ou si c’est parce que les religieux sont intervenus. Mais, je souhaiterais que le report soit pour nous une décision de paix, pour que tout le monde participe aux élections. Déchirer les fichiers au niveau des différentes communes, cela n’a rien à voir avec les élections, puisque si les cartes doivent venir, c’est ça qui est essentiel. En tout cas, tout ce que je demande, c’est pour qu’ils se comprennent. Je ne cherche pas à savoir qui a tort ou qui a raison. Ils n’ont qu’à se comprendre… ».

Thierno Mamoudou I Diallo, politologue de formation, rencontré à Kaloum : « Moi, je pense qu’il y a déjà la question du fichier électoral, qui je ne pense pas qu’elle sera résolue d’ici la prochaine date fixée… Je crois qu’il y aura un autre report et que la CENI n’est pas prête et le peuple n’est pas encore prêt. Le pouvoir s’entête et l’opposition est là et qui manque un peu de stratégie. Sinon, je pense que le peuple de Guinée a besoin d’autre chose que des élections législatives. Des questions de paix, de sécurité et de développement qui doivent primer sur le quotidien des guinéens que la politique qui ne sert presqu’à rien. Les dernières législatives, nous avions enregistré plusieurs morts. Mais ces députés, au final, ils n’ont rien fait pour la population. Même à l’assemblée, ils ne font que se battre pour eux-mêmes. Moi je pense que de nos jours, nous voyons beaucoup de candidats qui ne connaissent pas réellement l’environnement politique du pays. Moi personnellement qui n’ai pas encore reçu ma carte d’électeur, je me demande comment je pourrais voter par après s’il y a élection. Donc, l’Etat est en train de faire un forcing… L’Etat n’est pas encore prêt et la CENI non plus ».

Mamadou Alimou Diallo, rencontré à Dixinn Terrasse : « par rapport à cette sortie, moi je félicite le président de la République. C’est un pas pour la démocratie. Parce qu’il a pu céder vu les réticences de l’opposition, les tueries et les accords. S’il a pu céder, moi je crois que c’est quelque chose à apprécier. Parce qu’il pouvait rester sans rien faire. Mais s’il a cédé, c’est une manière d’appeler l’opposition à aller au dialogue. La manifestation n’arrange pas les gens surtout pour les guinéens qui vivent au jour le jour. Nous tous nous avons intérêt que la paix revienne. Je remercie le président de la République, au-delà de la politique. Parce qu’il a accepté certaines revendications de l’opposition. Moi je pense que tout dépend de la volonté politique. L’opposition doit revoir un peu son calendrier politique pour l’intérêt du peuple. »

Propos recueillis par Mohamed DORE pour Guineematin.com

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