Report des législatives : « nous nous préparons à engager une poursuite judiciaire »

Me Pépé Koulémou, président de l'ARN
Me Pépé Koulémou, président de l’ARN

Le report de la date de la tenue des élections législatives en Guinée passe mal chez certains leaders politiques engagés dans cette compétition. Maître Pépé Koulémou, président du parti Alliance pour le Renouveau National (ARN), très déçu du décret présidentiel qui reporte les législatives au 1er mars 2020, n’exclut pas d’attaquer l’Etat en justice pour le payement de dommages et intérêts. Il l’a dit ce mardi, 04 février, au lendemain de la publication du décret reportant cette élection boycottée par les grands partis de l’opposition.

Maître Pépé Koulémou ne cache pas son opposition à ce deuxième report des élections législatives en Guinée. Selon lui, cet autre report est la preuve de la cacophonie qui règne au sommet de l’Etat guinéen. « Du point de vue du report, nous sommes, sur le principe, opposé car l’Etat doit agir lorsqu’il sait que les choses vont réellement se passer. L’Etat, en fixant la date d’une élection quelconque, doit s’entourer de toutes les garanties possibles. Il doit faire en sorte que toutes les fois que la date d’une élection est fixée, que cette date soit tenable. La situation actuelle de la Guinée, nous la connaissons tous, c’est parce qu’il y a une mauvaise organisation, il y a une cacophonie au sommet de l’Etat, parce que les dirigeants ne respectent pas la loi. Avant de convoquer le corps électoral, tout bon dirigeant compétent doit d’abord s’assurer que toutes les conditions sont réunies pour qu’une telle élection ait lieu. Nous nous rendons compte que monsieur Alpha Condé a convoqué le corps électoral dans l’enthousiasme, dans la précipitation… Sinon, il n’y aucune raison que la date des élections ait été fixée pour la première fois et reportée, pour la deuxième fois fixée au 16 février prochain et entre-temps encore, il prend un autre décret pour proroger à une autre date. Ça, c’est le fruit d’une mauvaise organisation de l’Etat », dénonce Pépé Koulémou.

Par ailleurs, monsieur Koulémou a laissé entendre que ce report n’est que l’expression de l’incompétence du pourvoir en place. « Je n’accuse pas la CENI, parce que c’est une institution chargée d’organiser les élections, mais il faudrait que la CENI ait les moyens pour y procéder. Si la CENI n’a pas les moyens pouvant lui permettre d’organiser les élections… Le gouvernement du président Alpha Condé doit tout mettre en ordre, faire en sorte qu’une date fixée pour une telle élection soit respectée. Ne l’ayant pas fait, à mon avis, il ne m’appartient pas d’accuser la CENI, mais plutôt le gouvernement incompétent du président Alpha Condé. Le gouvernement a démontré et prouvé son incompétence. Parce que ce que nous sommes en train de voir, on ne voit pas ça dans un Etat organisé. Parce que les élections législatives ne sont pas une petite élection, ça provoque des dépenses », a fait savoir le président de l’ARN.

Devant les nombreuses dépenses effectuées, maitre Koulémou annonce que son parti va saisir la justice pour demander un dédommagement. « Au-delà de la caution que nous avons payée, nous avons envoyé des gens à l’intérieur du pays pour battre campagne dans l’espoir que les élections auraient lieu le 16 février prochain. L’initiative qui a été prise de reporter devrait être le fruit d’une concertation entre les acteurs politiques qui sont actuellement dans la course… Le pouvoir n’a pas de considération pour les citoyens Guinéens. Nous nous préparons à engager une poursuite judiciaire, pour le payement de dommages et intérêts, contre le pouvoir en place qui a abusivement entrepris un décret, sans aviser préalablement les candidats que nous sommes. Nous sommes contre cette manière de faire qui reste contraire à la loi. Nous allons mettre en place une commission aujourd’hui même (mardi, 04 février 2020), pour engager une procédure judiciaire au sens civil du terme. Nous allons assigner le gouvernement du président Alpha Condé pour payement de dommages et intérêts, issu du report abusif », a martelé le président de l’ARN.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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