Faire du charbon à base de papiers, une idée géniale d’un jeune guinéen

Ibrahima Mangué Camara, président de l'association des jeunes environnementalistes, Youth To Youth mouvement
Ibrahima Mangué Camara, président de l’association des jeunes environnementalistes, Youth To Youth mouvement

Les Guinéens ont du talent, ce n’est pas une simple affirmation. Parfois, c’est bien une réalité. Illustration parfaite avec Ibrahima Mangué Camara, président du « Youth to youth movement », une association de jeunes qui œuvre dans la protection de l’environnement. Le jeune homme a eu l’idée de produire du charbon biodégradable à base de papiers. Un reporter de Guineematin.com est allé à sa rencontre pour en savoir plus sur cette initiative.

Le jeune entrepreneur travaille à domicile, dans le quartier Bellevue (Conakry), avec des moyens rudimentaires. Il se fait aider par d’autres jeunes, qui se chargent de collecter les papiers et les lui faire parvenir. « Nous avons découvert qu’à partir de gestes simples, nous pouvons transformer des papiers et des cartons en charbons biodégradables. Les papiers, on les ramasse à travers la ville, on vient les mettre dans un sceau et on y ajoute de l’eau.

On attend que les papiers soient bien mouillés, puis on malaxe jusqu’à ce que ça devienne une patte. On prend cette patte pour la mettre dans des tuyaux que nous avons nous-mêmes fabriqués à cet effet. On presse pour évacuer l’eau et puis on fait sortir la briquette pour la mettre au soleil. Quand elle est sèche, elle devient un charbon », a-t-il expliqué.

Cette initiative inédite est le fruit d’une longue réflexion menée par Ibrahima Mangué Camara. Pendant des années, le jeune homme cherchait à trouver une solution à deux préoccupations qu’il avait. D’abord, aider sa mère à avoir du charbon sans souffrir et puis contribuer à lutter contre la déforestation. « Mon papa (que son âme repose en paix), rentrait tard quelques fois, et il demandait à ce qu’on réchauffe son riz. Mais, il se trouvait parfois qu’il n’y a plus de charbons à la maison.

Et vous savez que dans nos coutumes, on ne vend pas du charbon la nuit, donc ma mère était obligée d’aller demander du charbon à ses voisines. Cela me touchait énormément parce que je voyais ma maman souffrir sans pouvoir l’aider. C’est à partir de là que j’ai décidé de produire un jour du charbon qui pourra être vendu 24/24h. L’objectif, c’est non seulement de réduire la souffrance de nos mamans mais aussi lutter contre la déforestation », explique l’activiste de la protection de l’environnement.

Après sa première production, le leader du « Youth to youth movement » a fait un essai dans sa famille. Il a constaté des insuffisances qu’il a cherché à corriger avant de mettre ses charbons en vente. « Notre charbon est moins cher que le charbon de bois. Le tas de 50 briquettes coûte 1500 francs. Et quand vous achetez deux tas à 3000 francs, vous pouvez préparer le riz et la sauce pour une famille de 6 à 7 personnes. En plus, le charbon biodégradable que nous produisons ne dégage pas de cendre. Vous pouvez déposer le fourneau à la terrasse et préparer sans craindre des saletés », soutient notre interlocuteur.

Pendant que ses charbons commençaient à attirer de plus en plus de convoitises, Ibrahima Mangué Camara a été stoppé par des difficultés. La faible rentabilité et le manque d’équipements l’ont obligé à mettre une pause dans la production. « Nous avons besoin de construire une machine de production. J’ai déjà l’idée de la machine en tête mais je n’ai pas d’abord les moyens pour le faire. On a besoin d’un tricycle et de gants pour ceux qui sortent pour ramasser les papiers. Et puis, il y a d’autres éléments qui rentrent dans la production de ces charbons comme l’argile ou la sciure. C’est à cause de ces difficultés qu’on a dû arrêter d’abord la production ».

Le porteur de ce projet sollicite un appui de l’Etat ou d’autres acteurs pour pouvoir bien démarrer ses activités.

Fatoumata Diouldé pour Guineematin.com

Tél. : 622 89 56 79

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