Entamée depuis bientôt un mois, la grève du Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (SLECG) se poursuit à travers le pays. Le mouvement est plus ou moins suivi selon les préfectures et communes du pays. Certains établissements publics de Conakry accueillent de plus en plus d’élèves et d’enseignants. C’est le cas à l’école primaire de Josip Broz Tito de Belle Vue et du Collège-lycée Donka où les enseignants reviennent progressivement dans les salles de classes. Des jets de pierres ont brièvement perturbé les cours au lycée Donka ce lundi, 10 février 2020, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
De nombreuses enseignantes ont rejoint les salles de classe à l’école primaire Josip Broz Tito de Belle Vue, dans la commune de Dixinn, ce lundi matin. Mabinty Sylla, institutrice en charge de la 3ème année, dit soutenir Aboubacar Soumah, secrétaire général du SLECG, mais ne peut s’empêcher de venir à l’école à cause de son affection pour les enfants. « La grève continue. Je suis derrière notre leader, Aboubacar Soumah. Mais, mes élèves sont allés jusqu’à chez moi pour me chercher. Quand ils sont arrivés, j’ai eu même honte. C’est pourquoi j’ai accepté de venir. Si non, je suis derrière Aboubacar Soumah », a-t-elle lancé.
Même son de cloche pour sa collègue Fatoumata Binta Diallo qui éprouve les mêmes sentiments pour ses élèves. « Cette grève des enseignants, je la regrette à cause des enfants, pas à cause de ma situation parce que je suis une maman. Si c’était à cause de ma situation, j’allais continuer à grever. Mais, les enfants que j’enseigne sont des enfants d’autrui, ce sont mes enfants. Si je pense beaucoup à leur situation, je dois revenir enseigner ces enfants-là. C’est à cause de ça seulement que je me présente dans ma classe. Si non, j’allais rester à la maison parce que ce qu’Aboubacar Soumah est en train de faire, il ne le fait pas pour lui seul, c’est pour tous les enseignants et toutes les enseignantes de la Guinée, de Yomou à Kassa. Je suis parfaitement d’accord avec lui, mais c’est à cause de ces enfants-là que je viens en classe », a-t-elle laissé entendre.
Interrogée sur l’impact de cette grève sur son école, madame Sangaré Mamadia Camara, proviseure du lycée Donka, a expliqué que la fréquentation est normale chez les enseignants. « Le lycée Donka n’obéit pas au mot d’ordre de grève des enseignants qui fait l’actualité aujourd’hui parce que nous faisons cours. Je ne dis pas qu’il n’y a pas d’enseignants de Donka qui sont grève, mais j’ai plus de 15 enseignants titulaires qui n’observent pas cette grève là. Le taux de fréquentation est satisfaisant. Par exemple aujourd’hui, sur 562 inscrits, nous avons enregistré 408 élèves présents. Au niveau du personnel, quand la crise est intervenue, nous nous sommes vus dans l’obligation de reprendre l’emploi de temps et de compacter les groupes pédagogiques. Donc, c’est qui fait que chaque jour, nous avons plus d’enseignants présents que programmés. Nous avons 9 groupes pédagogiques, 9 enseignants programmés, mais aujourd’hui on a enregistré 13 enseignants. Et, il y a certains grévistes qui sont revenus ».
En outre, madame Sangaré Mamadia Camara a fait savoir que son école a fait l’objet d’une attaque de la part d’inconnus ce lundi matin. « Aujourd’hui, aux environs de 9 heures, il y a eu perturbations ici à Donka. Moi j’étais en classe, je sensibilisais comme par hasard. A peine que je suis descendue pour m’assoupir, on a entendu des jets de pierres et nos élèves ont répondu vaillamment. Ils ont eux aussi pris des cailloux pour pourchasser ceux qui étaient venus perturber. C’étaient des élèves qui étaient venus je ne sais de quelle école pour nous agresser. »
Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com
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