Des cadres du ministère de la Santé, en service dans les différents hôpitaux du pays, ont été mis à la retraite il y a plus d’une année. Mais jusque-là, plusieurs d’entre eux refusent de libérer la place pour donner la chance à d’autres compatriotes, à l’heure où on parle de rajeunissement et de féminisation de l’administration. Pire, certains d’entre eux continuent d’occuper de hautes fonctions au détriment des jeunes qui ne manquent pas pourtant de compétence.
Cette révolte Dr Mohamed Condé, médecin en service à la Pédiatrie de l’hôpital Ignace Deen et Coordinateur National adjoint de la Coalition Nationale des Professionnels de Santé (CONAPROS). Il a exprimé sa colère sur la question dans une interview accordée à un reporter de Guineematin.com dans la journée de lundi 10 février 2020.
Dr Mohamed Condé, qui s’exprime au nom de la CONAPROS (une plateforme de la société civile), a dénoncé l’attitude de certains de ses pairs qu’il accuse de refuser de quitter alors qu’un arrêté avait été pris dans ce sens il y a plus d’un an. « Notre plateforme a été interpellée par bon nombre de personnes nous faisant comprendre qu’il y a des cadres au niveau du ministère de la Santé qui doivent faire valoir leur droit à la retraite et certains occupent même des postes très importants et ils sont toujours-là. Vous n’êtes pas sans savoir qu’en Guinée, il y a aussi des jeunes cadres médecins, bien formés, qui ont cette compétence aussi pour pouvoir occuper certains postes de responsabilité au niveau du secteur de la santé. Donc, nous dénonçons cela et nous leur demandons de partir de la façon la plus humble à la retraite au lieu qu’il y ait des mouvements par-ci par-là pour demander leur départ. Ce n’est pas une chasse à la sorcière, mais vu que c’est la loi qui demande, lorsque vous faites valoir votre droit à la retraite, vous devez pouvoir aller ».
Par ailleurs, Dr Condé assure que la CONAPROS est en train de mener une lutte, mais qui ne vise pas forcement à « chasser » ces cadres pour occuper leurs postes, mais c’est de les amener à céder la place à d’autres jeunes qui ont aussi la capacité à gérer. « Nous avons la liste de ces personnes qui doivent faire valoir leur droit à la retraite. Depuis 2019, la direction nationale de la Fonction Publique a établi une liste de 320 personnes dans différents secteurs dont le ministère de la Santé. Dans notre département, il y a au moins 100 personnes qui doivent aller à la retraite. J’espère qu’à travers mon intervention, ces personnes se reconnaîtront. Nous ne voulons chasser personne, nous ne voulons la place de personne, mais nous voulons seulement que les règles soient respectées, que la loi soit respectée, que ceux qui doivent aller à la retraite partent à la retraite en toute humilité. Aujourd’hui, nous avons assez de cadres à l’extérieur du pays comme à l’intérieur qui veulent prouver leurs compétences, qui ont fait de bonnes études mais qui ne peuvent pas parce que les places sont occupées par des personnes qui ne veulent pas aller à la retraite ».
Au cours de cet entretien, Dr Mohamed Condé s’en est également pris au bureau actuel de l’Ordre National des Médecins de Guinée dont le mandat a exprimé depuis 10 ans. Selon lui, le mandat de ce bureau a expiré depuis plus de 10 ans, mais jusque-là, il n’a pu être renouvelé. « Le professeur Hassan Bah, actuel président de l’Ordre National des Médecins de Guinée lui-même sait que son mandat a expiré et qu’il est temps d’organiser un nouveau congrès pour renouveler le bureau. Mais, jusqu’à présent, on ne sait pas pourquoi ça traine au niveau du ministère de la Santé. Parce qu’aujourd’hui, s’il y a des documents à signer, nous nous demandons à qui s’adresser vu que l’autre son mandat a expiré depuis 10 ans. Aujourd’hui, qu’est-ce que la loi dit ? Nous ne savons pas parce que les textes doivent être revus par rapport à la nouvelle donne de la situation sanitaire de la Guinée », a-t-il fait remarquer.
Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com
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