Conakry : Hassane II Diallo, avocat de Diallo Cravate, se souvient de l’homme d’affaires

Amadou Sadio Diallo, dit Diallo Cravate
Amadou Sadio Diallo, dit Diallo Cravate, paix à son âme !

A l’instar de nombreux cadres et ressortissants de la préfecture de Gaoual vivant à Conakry, Hassane II Diallo, « Le Roi », Conseiller principal du ministre de la justice, a rendu un hommage appuyé à Amadou Sadio Diallo, dit Diallo Cravate. C’était en marge d’une cérémonie de présentation des condoléances organisée le dimanche, 09 février 2020, au domicile d’Elhadj Oumar Dombi Diallo, président des ressortissants de Gaoual à Conakry. A micro de Guineematin.com, l’avocat de Diallo Cravate a expliqué dans quelles circonstances ils se sont connus et le parcours de l’homme d’affaires.

Monsieur Amadou Sadio Diallo, plus connu sous le nom de Diallo Cravate, est décédé le vendredi dernier, 07 février 2020, à l’âge de 72 ans à Conakry. Un vibrant hommage lui a été rendu par les ressortissants de Gaoual à Conakry.

Parmi les personnalités présentes à la cérémonie du dimanche, figue Hassane II Diallo, qui a expliqué comment il s’est connu avec Diallo Cravate. « C’était en janvier 1996. A l’époque, j’étais le conseiller juridique à la primature où j’ai exercé pendant 11 ans, de 2000 à 2011. Sincèrement, j’ai découvert en lui un opérateur économique très sérieux. Pendant tout le temps qu’on est resté ensemble, je n’ai pas découvert en lui une inconduite ou un esprit de chicane. Chaque fois qu’il y a quelque chose en vue, on l’informait … ».

De son arrivée en RD Congo, ex-Zaïre

« Diallo cravate est arrivé au Zaïre, très jeune, à l’âge de 17 ans. Il est allé loger dans un hôtel, appartenant à la société PLZ. Il a occupé un appartement non aménagé de 1 200 dollars le mois à côté des appartements aménagés de 2 000 dollars mensuels. Chaque mois, PLZ le facturait pour son appartement 4 000 dollars par mois. Soit 2 000 au compte de sa société Afrique Container et 2 000 pour le compte d’Africom Zaïre. Cela a duré pendant 17 ans. Il ne s’en est jamais rendu compte sauf lorsque PLZ a licencié un des ses employés qui est venu lui vendre la mèche… ».

De ses affaires proprement dites, Africom Zaïre et Afrique Container

Hassane II Dialogue, avocat de Diallo Cravate

« Quand il est arrivé, il a crée la société Africom Zaïre, qui était chargé de faire le commerce général. C’est ainsi qu’il livrait du papier à toute l’administration du Zaïre pour un montant mensuel de 5 millions de dollars. Et sur sa propre initiative, il a mis en place Afrique Container, chargé de transporter le minerai de cuivre du Shaba au port de Kinshasa sur plusieurs milliers de kilomètres. L’Etat lui a demandé de chercher 600 containers. A l’allée, un container était loué à 1 200 dollars pour le transport des lubrifiants et au retour, il transporte le minerai de cuivre, également à 1 200 dollars américains. Ce qui fait 2 400 dollars américains par container et par voyage… ».

L’origine des ses ennuis

« Un jour, quand il a voulu réclamer ses créances, il a demandé qu’on commence à le payer. C’est là où son malheur a commencé. Les sociétés, sachant bien qu’en payant ses créances, beaucoup parmi elles allaient fermer, elles sont passées par le Premier ministre d’alors, Léon Kengo Wadondo, qu’elles ont financé pour se débarrasser de lui. Par la suite, Kengo Wadondo a pris la responsabilité sur lui de l’expulser comme s’il venait d’arriver au motif de refoulement. Diallo Cravate qui est très intelligent, avait réuni toute la documentation dans deux valises. Tout ce qu’il dit il y a la preuve écrite. Tout ce qu’il dit, c’est à base de preuves écrites. Et toutes ces pièces sont sur le site de la Cour Internationale de Justice. Je peux le dire, en qualité de témoin ».

De la saisine de la Cour internationale de justice

« Cette Cour de Justice, créée en 1948, s’occupe essentiellement des questions liées aux violations de droits de l’Homme. Mais, la personnalité de Diallo Cravate a pesé. Finalement, elle lui a accordé un montant de 100 000 dollars $. C’était une première. Sinon, avant, le montant le plus élevé qu’elle accordait à un plaideur, c’est 10 000 $. Donc, sa personnalité a compté dans le quantum de la peine. Elle s’est déclarée incompétente de juger le contentieux commercial. Elle ne pouvait examiner que les torts causés à M. Diallo… Ce qui était sans équivoque. Les créances de ces sociétés restent à recouvrer aujourd’hui, mais la matérialité de ces créances est sans équivoque ».

De sa fortune

« Ce qui est établi à travers les pièces avoisine le milliard de dollars américain. Et, ces créances s’élèvent à plus de 800 millions de dollars. Pour cause du patriotisme, il a refusé de marchander et de se faire indemniser par de petits montants qui auraient pu lui suffire. Mais, il a préféré confier l’affaire à son pays pour que si un jour ce montant est recouvré qu’il participe à son développement. Egalement, il a une parcelle de 8 mille m2 à côté de la place de l’indépendance à Kinshasa. C’est une parcelle qui lui appartient et qu’il a légalement payée à 5 millions de dollars. Les pièces justificatives en font foi. C’est là qu’il a érigé un mur en béton armé de 4 mètres de hauteur et de 2 mères de profondeur. C’est là où il y avait le siège de sa société Afrique Container. Il avait aussi une parcelle de 400 000 m2 dans la banlieue de Kinshasa ».

Diallo Cravate, la légende

« Diallo Cravate a reçu dans ses bureaux, le secrétaire général des Nations Unies, U-tang et le Président français, Giscard d’Einstein, le secrétaire général de l’OUA (actuelle UA), Diallo Telly… Bref, tous les grands noms de ce monde qui arrivaient au Zaïre passaient à ses bureaux ».

Comment récupérer les créances ?

« Pour récupérer ces montants, il faut l’une des deux choses : un recouvrement à l’interne ou poursuivre les sociétés devant la cour de justice arbitrale. Moi, je suis un magistrat qui a trente ans de carrière. Mais, c’est rare, voire très rare pour moi de rencontrer un investisseur comme Diallo cravate qui ne souhaite pas faire du tord à quelqu’un ».

Sa vie au grand hôtel de l’indépendance, GHI

Madame Doukouré Asmaou Bah, employée et ancienne Directrice Générale du Novotel, a expliqué avoir côtoyé le défunt pendant deux décennies. Elle garde de lui un homme intelligent et visionnaire. « J’ai connu M. Diallo en 1996. C’est un homme intelligent et digne. Il n’est pas seulement un fils de Gaoual. Il était un fils de toute la Guinée. Ceux qui l’ont connu au Zaïre peuvent l’attester. C’était un homme qui avait de la vision pour sa préfecture, Gaoual. Je voudrais vous présenter mes condoléances les plus attristées. On était très proche. Il avait une confiance pour le cireur « Prési » et moi. Sa femme peut témoigner. Permettez-moi de présenter mes condoléances à sa femme Mariam, et sa à fille Diouhayra. Que Dieu l’accueille dans son Paradis », amine !

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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