Incendie à Matoto : en larmes, les victimes se plaignent de « pertes énormes »

Comme annoncé précédemment, un grave incendie est survenu hier, lundi 17 février 2020, à l’usine de matelas située au marché de Matoto. Le feu, dont l’origine fait encore objet de débat, a atteint de nombreuses boutiques se trouvant dans ce marché. Avec fureur, les flammes ont ravagé des marchandises, des engins roulant et plusieurs autres objets et matériels de travail des tailleurs et des informaticiens qui étaient sur place, a constaté un reporter de Guineematin.com qui s’est rendu ce mardi sur les lieux de l’incendie.

Des murs noirs de fumée, des tôles à même le sol, des boutiques et magasins décoiffés, des restes de tissus carbonisés, des murs effondrés, des visages crispés, des femmes qui pleurent et qui se lamentent, des curieux qui se bousculent à la porte de l’usine de matelas… voilà l’ambiance qui prévalait ce mardi matin au marché de Matoto, après l’incendie ravageur qui est survenu hier sur les lieux. Cet incendie, d’une puissance infernale, s’est produit à l’usine de matelas avant de s’étendre à des boutiques et magasins de ce marché très convoité par les citoyens de la haute banlieue de Conakry. Les flammes ont causé d’énormes dégâts sur leur passage. Même certains murs se sont écroulés sous la fureur de ce feu d’une rare intensité. Un feu qui, selon les témoignages, a pris de court les occupants des boutiques et magasins qui sont contigus à l’usine de matelas.

Dépassé par l’intensité des flammes, Tenin Chérif s’est évanouie. Cette vendeuse d’Atiéké a tout perdu dans cet incendie. Et aujourd’hui, elle demande l’aide des autorités pour recommencer une « autre vie » de vendeuse.

« On a tout perdu. Hier, moi j’ai acheté dix sacs de ‘’farigna (Atiéké)’’, 20 bidons d’huile, 10 sacs d’oignons, et des cartons de Maggi. Mais, tout ce que nous avions ici est parti en fumée… Quand l’incendie a commencé, on était de l’autre côté de la rue en train de revendre. C’était aux environs de 16 heures. C’est la fumée que nous avons vue en premier lieu ; et puis, d’un coup, nous avons vu les flammes. On était tous paniqués. J’ai immédiatement pris mes objets pour me rendre sur les lieux de l’incendie. Mais, en cours de route, je me suis évanouie. Ce sont mes amies vendeuses qui sont venues me prendre et m’envoyer à la maison. Tout ce que nous demandons aux autorités, c’est de nous aider. Nous sommes des pauvres, nos maris n’ont pas de travail, c’est nous qui soutenons les enfants. L’argent que nous utilisons pour ce commerce ne nous appartient pas. Que les autorités nous aident, à cause de Dieu. Nous sommes endettés partout comme ça », s’est lamentée Tenin Chérif, tout en sanglotant, par moment.

Tout comme cette pauvre dame, Moussa Camara a perdu des biens dans cet incendie. Mais, au-delà des pertes qu’il a subies, ce tailleur (à l’image de plusieurs victimes de cet incendie) a souffert de voir des gens, qui prétendaient les aider, emporter leurs biens sans jamais les restituer.

« Aux environs de 16 heures, on a vu de la fumée… Quand j’ai jeté un coup d’œil derrière, j’ai vu une flamme qui venait sur nous. Ensuite, une énorme fumée a recouvert les lieux. Les gens ont commencé à s’affoler et courir dans tous les sens. Ils se bousculaient, certains tombaient… d’autres tentaient de sauver quelques objets qu’ils avaient dans leurs boutiques. Mais, le feu a causé des dégâts énormes. Chez moi ici, j’avais trois machines à coudre, beaucoup d’habits et des chaises. Dans le grand magasin qui est à côté de mon atelier, il y avait des motos. Mais, tout a été brûlé. Aussi, il y a eu beaucoup de cas de vols. Il y a des gens qui sont venus faire semblant de nous aider. Quand on sort les objets pour les mettre à l’abri, ils les prennent et disparaissent avec. C’est une perte énorme… il y a au moins seize (16) magasins qui ont été touchés sur l’alignement où se trouve mon atelier… La commune a envoyé des gens pour le recensement ; mais, on ne sait pas ce qui en sera la suite », a expliqué Moussa Camara.

Face la fureur des flammes, certains individus ont tout simplement préféré sauver leurs têtes. C’est le cas de Fatou Camara qui a dû abandonner son atelier de couture pour avoir la vie sauve. Cette couturière dit n’avoir même pas eu le temps de prendre une aiguille dans son atelier.

« On s’apprêtait pour la prière lorsqu’on a vu le feu sortir derrière notre atelier. On a couru pour nous sauver… Le feu était très puissant. Et, quand on est revenus, tout était brûlé. Des machines à coudre, des habits, des chaises et beaucoup d’autres articles ont été consumés. Il y avait six machines à coudre chez moi ici ; et, tout a été brûlé », a confié Fatou Camara, qui contemplait les restes de tissus calcinés qui tapissaient dans son atelier.

Trouvé au milieu des décombres de son centre informatique où il est en train de contempler des matériels informatiques calcinés, Arafan Condé a déclaré avoir tout perdu. Et, comme les autres victimes, ce jeune informaticien ignore encore la valeur exacte de la perte qu’il a subie.

« Là où je suis comme ça, je ne peux pas tout citer ; mais, dans mon centre, il y avait des ordinateurs bureautiques et des portatifs, des écrans d’ordinateurs, des chargeurs, des lasers en couleurs noire et blanche, des papiers rame, des appareils en réparation, une photocopieuse… tout a été brûlé. Donc, les pertes sont énormes. Parce que même si on réussi à acheter de nouveaux matériels aujourd’hui, on ne peut pas récupérer les données que nous avions dans nos machines qui ont été calcinées », Arafan Condé.

Selon les informations, en plus de l’usine de matelas, ce sont les boutiques et magasins du secteur « Daye Kaba et fils » qui ont été touchées par cet incendie qui a causé tant de souffrance, de larmes et qui a coûté la vie à une fillette de 5 ans. Et, les gestionnaires de ce secteur disent encore ignorer le nombre de boutiques et de magasins qui ont été touchés par cet incendie.

« Je revenais de l’hôpital quand j’ai aperçu le feu dans l’usine matelas qui se trouve à côté. On est venus aider les gens à faire sortir leurs marchandises. Mais, les flammes étaient énormes. Il y a eu assez de dégâts ; et, il y a même eu un décès. Une fillette a rendu l’âme dans l’usine matelas… Pour l’instant, je ne peux pas vous dire le nombre exact de boutiques qui ont été calcinées ; mais, à part l’usine matelas, il y a au moins vingt (20) boutiques qui ont été touchées par le feu. Moi, je gère 58 boutiques. Et, la majeure partie de ces boutiques ont été calcinées. On est en train de faire encore le recensement… Mais, je demande aux autorités de nous chercher la source de cet incendie afin de situer les responsabilités », a indiqué Daye Traoré, un des gestionnaires de ce secteur du marché de Matoto.

A noter que des équipes de policiers et de gendarmes ont été déployées ce mardi sur les lieux pour assurer la sécurité. Des rubans de la « police technique et scientifique » étaient aussi visibles par endroits.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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